La famille Sali est d'origine Goran, une ethnie persécutée au Kosovo aussi bien par les Albanais que par les Serbes. Considérés comme venant d'un "pays sûr", ils n'ont pas obtenu le droit d'asile en France et sont désormais assignés à résidence à Chalon, avant une possible expulsion du territoire.
Il y a trois ans, Memur Sali, sa femme et leurs deux enfants sont arrivés en France. Ils ont d'abord été hébergés au CADA de Digoin et vivent désormais à Chalon. Cette famille appartient à l'ethnie Gorani, concentrée à la pointe sud du Kosovo, et cible de persécutions répétées.
Ces persécutions ne sont pas une légende. Elles sont documentées par des enquêtes et font parfois l'objet de questions au Parlement français. Les Goran, dotés d'une riche culture populaire, sont donc souvent contraints de fuir le Kosovo. Mais de plus en plus leur demande d'asile sont rejetées. Le Kosovo, qui frappe à la porte de l'Union européenne, tente, avec succès, de soigner son image et a été classé par l'Etat français dans la liste des pays sûrs.
En trois ans Alec et Alem, son frère, ont appris le français et sont devenus des collégiens parfaitement intégrés et appréciés. Leurs bulletins scolaires sont même impressionnants. En troisième, Alek, l'aîné, a été le premier élève étranger à recevoir les féliciatations du conseil de classe pour les trois trimestres. Il est cette année scolarisé au lycée Hilaire de Chardonnet.
Pour autant, cette famille vit dans une grande précarité. Pas le droit de travailler, pas d'allocations, pas de RSA, juste le panier alimentaire des restos du coeur. En outre, la Préfecture de Saône-et-Loire vient de prendre à leur encontre une interdiction de deux ans du territoire français, assortie d'une assignation à résidence avec obligation de pointer chaque matin au commissariat de police de Chalon, y compris les deux adolescents. Des mesures évidemment synonymes d'un projet d'expulsion à plus ou moins brève échéance de la part des autorités, et qui plongent les quatre membres de la famille Sali dans une angoisse permanente quant à leur avenir, avec le spectre des persécutions subies au Kosovo.
Récemment l'ASTI (Association de soutien aux travailleurs immigrés) Chalon a tenté, en vain, de faire annuler par la justice les décisions de la Préfecture. Le sort de cette famille reste donc totalement incertain.
Contactée, la Préfecture de Saône-et-Loire annonce qu'elle ne s'exprime pas sur les cas particuliers. Des cas particuliers qui, s'agissant des kosovars, commencent à être pariculièrement nombreux dans ce département.