Besançon : l'anesthésiste, mis en examen de 17 nouveaux cas d'empoisonnements, reste libre

Frédéric Péchier, l'anesthésiste de Besançon est mis en examen pour "empoisonnement sur personne vulnérable" sur 17 nouveaux patients, dont 7 personnes qui ont perdu la vie. Il est laissé libre sous contrôle judiciaire.

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Lors de sa conférence de presse, le procureur Etienne Manteaux a précisé que 17 nouveaux cas d'empoisonnements avaient été retenus et remis ce jeudi matin aux magistrats instructeurs. Parmi ces 17 dossiers, 7 patients sont décédés. Les magistrats devraient procédér à la jonction des deux procédures.

Au total, Frédéric Péchier est soupçonné d'avoir empoisonné au total 24 personnes et parmi elles, neuf personnes ont perdu la vie. Ces faits sont passibles de la réclusion criminelle à perpétuité. 

Après cette nouvelle mise en examen pour "empoisonnement sur personne vulnérable" annoncée vers 21 heuresLe juge des libertés et de la détention devait décider du placement en détention provisoire demandé par le procureur de la République. Et Finalement, Frédéric Péchier ressortira libre du tribunal. Son contrôle judiciaire est maintenu. Une décision prise au milieu de la nuit par le Juge des libertés et de la détention. Comme lors de sa mise en examen de 2017, il lui est interdit d'exercer sa profession.

Nos confrères de France  Bleu besançon précisent que ce contrôle judiciaire est assortie cette fois de l'interdiction de paraître à Besançon et dans la commune voisine de Montfaucon où il réside. 

Le docteur Frédéric Péchier avait déjà été mis en examen en 2017 pour sept cas d'empoisonnements présumés, des "événements indésirables graves".  Cinq patients avaient pu être ranimés, deux étaient morts.

Après 48 heures de garde à vue, l'anesthésiste Frédéric Péchier avait été conduit ce jeudi au tribunal de Besançon pour "être déféré au tribunal de grande instance" précisé le procureur de la République Etienne Manteaux. Le médecin a été de nouveau mis en examen pour empoisonnements sur personne vulnérable. 

Retour sur une journée décisive pour cette enquête commencée il y a deux ans.

8 heures 30 : fin de la garde à vue

Tout a commencé ce matin sur les chapeaux de roues. Vers 08H30, une voiture a quitté en trombe le commissariat de Besançon. Difficile d'identitfier formellement Frédéric Péchier. La garde à vue de 48 heures de l'anesthésiste venait de s'achever dans les locaux de la gare d'eau. 
Le médecin de 47 ans était interrogé depuis mardi matin par les enquêteurs de la police judiciaire. 


   

10 heures : arrivée des trois avocats de Frédéric Péchier

Le défenseur de Carlos Ghosn,  Me Jean-Yves Le Borgne est arrivé ce jeudi à Besançon. Il travaille désormais aux côtés des avocats bisontins Me Schwerdorffer et Me Spatafora. Les trois conseils du médecin sont arrivés ensemble au palais de Justice peu après 10 heures. Une dizaine de journalistes les attendaient.

Les avocats sont restés prudents mais fermes sur leur ligne de défense : "La position de Frédéric Péchier est inchangée, il conteste sa culpabilité". Interrogé sur son état après 48 heures de garde à vue, Me Schwerdorffer précise qu'"il est très fatigué mais qu'il a participé aux interrogatoires au mieux de ses possibilités. Il a essayé de donner des explications les plus loyales aux enquêteurs".
 


Quant à Me Le Borgne, il a déclaré prendre connaissance du dossier tout en remarquant que "curieusement, ces réitérations après deux ans, nous amènent à nous poser des questions". Interrogé sur les nouveaux cas possibles d'empoisonnements, Me Schwerdorffer réplique à la question d'un journaliste : "Cinquante cas ? c'est vous qui le dites". 
 
 

13 heures : le silence de la défense

Vers 13H00, quittant le tribunal, Me Jean-Yves Le Borgne, avocat du docteur Péchier, a simplement lâché: "Nous étudions le dossier".
Les avocats de l'anesthésiste bisontin ont prévu de s'exprimer "à l'issue de la procédure", a précisé Me Schwerdorffer.


16 heures : Déclaration de Me Frédéric Douchez,  l'avocat du Groupe Capio (Clinique Saint-Vincent de Besançon) 

L'avocat rappelle que la Clinique Saint-Vincent estime avoir subi un préjudice. "Nous nous sommes constitués partie civile". Sans vouloir trahir le secret de l'instruction, l'avocat estime que l"on commence à deviner les mobiles". "On ne pouvait pas imaginer qu'un professionnel de santé pouvait réaliser de tels actes, poursuit Me Douchez. Il etait important que nous le rappelions compte-tenu des attaques faites contre nous de manière infondées. Aujourd'hui, nous sommes là pour que la vérité éclate. Les victimes, le parquet, les magistrats instructeurs, nous sommes tous sur une même ligne : que l'on dise si oui ou non ces faits aient été commis par cette personne et pour quelle raison". Enfin, le conseil du groupe Capio rappelle que la clinique Saint-Vincent n'a pas fermé un seul jour. "Les mesures de sécurité dans cette clinique, sont les mêmes qu'ailleurs". Impossible selon l'avocat, "d'anticiper de tels actes". Aujourd'hui, conclut-il "les mesures ont été renforcées". 


 

   

17 heures 30 : conférence de presse du procureur de la République Etienne Manteaux

Au cours de cette déclaration, le procureur de la République a précisé les détails de cette lourde enquête. Au moment de l'ouverture d'information, le parquet ouvrait également une enquête préliminaire distincte à la suite de plaintes et de signalements,  venant en particulier de la clinique Saint-Vincent. Au total, 66 événements indésirables graves étaient transmis à la justice. Essentiellement des arrêts cardiaques ou plus rarement des hémorragies. 

"Dans la mesure où la cause de ces événements était inconnue, le parquet a fait le choix de ne pas verser ces dossiers à l'information judiciaire en cours dans laquelle était mis en examen Monsieur Péchier, a expliqué le procureur.(...) Il n'était pas question pour le parquet, poursuit-il, de laisser imaginer dans un dossier aussi médiatique que le mis en examen puisse se voir reprocher 66 autres évenements indésirables graves." 

Et c'est au terme de deux années d'une enquête d'envergure que le parquet a retenu 17 nouveaux cas d'empoisonnements entre octobre 2008 et novembre 2016. Les victimes sont âgées de 4 ans à 80 ans. Sept d'entre elles sont décédées. 

Au cours de cette conférence de presse, il a été précisé que 1300 procès verbaux ont été établis pendant ces deux années d'enquête. Les charges "reposent sur des éléments concordants". 
-Quand Frédéric Péchier ne travaille pas à la clinique Saint-Vincent, il n'y a pas d'événement indésirable grave. 
-Son omniprésence et sa proximité lors des épisodes de réamination cardiaque
-Sa capacité à établir un diagnostic précose alors que l'événément venait de survenir
-Il est le seul anesthésiste à avoir été présent tous les jours où un événement grave indésirable survient.
-Il est le seul anesthésiste à ne pas avoir été concerné par ces événements graves indésirables entre 2008 et 2016. 
Pour le procureur, l'anesthésiste est le seul « dénominateur commun » de ces événements indésirables graves 

Des expertises et des enquêtes minutieuses ont permis de retenir ces 17 nouveaux cas. Dans deux cas, des quantités létales de potassium et d'un anesthésiant local ont été retrouvés. 

Au cours de cette récente garde à vue de 48 heures, 60 auditions ont pu être réalisées par la police Judiciaire de Dijon, Besançon avec le soutien de confères spécialisés de la région parisienne. 

Le docteur Péchier, selon le Procureur, plaide toujours son innoncence tout en admettant l'existence de cas d'empoisonnements à la clinique Saint-Vincent.

Reste à comprendre le mobile de tels actes. Tout en rappelant la présomption d'innocence de Frédéric Péchier, le procureur a précisé que le médecin était en "conflit aigu" avec ses confrères et que les événements indésirables graves survenaient au moment où ces conflits avaient lieu. 

 

Rappel des faits 

Anesthésiste reconnu localement et exerçant dans plusieurs cliniques de Besançon, Frédéric Péchier a été mis en examen en 2017 pour sept empoisonnements. Deux de ces cas ce se sont soldés par le décès des patients, les cinq autres ayant pu être réanimés.Il avait été laissé en liberté sous contrôle judiciaire, avec l'interdiction d'exercer sa profession.
   
 
    
Le cas d'un enfant de quatre ans, opéré des amygdales en 2016 et qui a survécu à deux arrêts cardiaques, figure sur la liste, a indiqué Me Jean-Michel Vernier, l'avocat des parents qui ont porté plainte.
 
  
 "Aujourd'hui il y a une phase de colère, une attente de reconnaissance de leur parole, une volonté de trouver une vérité judiciaire", a souligné jeudi Me Vernier, qui compte se porter partie civile si le docteur Péchier était de nouveau mis en examen.
  
 Parallèlement à l'interrogatoire du médecin, la direction de la clinique Saint-Vincent, des personnels médicaux, ainsi que des victimes potentielles et des proches ont été entendus mercredi par les enquêteurs.

La thèse du "pompier pyromane"

A propos de la première mise en examen il y a maintenant deux ans, les sept patients, âgés de 37 à 53 ans, étaient hospitalisés pour des interventions chirurgicales ne représentant pas de difficultés particulières. Ils avaient pourtant été victimes d'arrêts cardiaques dont l'enquête a établi qu'ils avaient été provoqués par l'administration de doses potentiellement létales de potassium et d'anesthésiques.
Le docteur Péchier avait été appelé pour en secourir certains. 
    
Privilégiant la thèse du "pompier pyromane", les enquêteurs le soupçonnent d'avoir sciemment modifié les poches d'injection de confrères afin de provoquer des incidents opératoires pour exercer ensuite ses talents de réanimateur.
 
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