Incendie du foyer Adoma : "Je me sens responsable mais pas coupable" déclare l'accusé

Ce jeudi 25 juin 2015 s’ouvrait le procès en appel de Rémi Kukulinski devant la cour d’assises de Haute-Marne. En 2013, il avait été condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour l’incendie du foyer Adoma à Dijon, faisant sept victimes. Une peine qu'il juge trop sévère.

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Rémi Kukulinski a fait appel de sa condamnation à 15 ans de réclusion criminelle, estimant qu’il a "pris trop cher", selon les propos de la présidente de la cour d’assises de Haute-Marne, Catherine Lathelier-Lombard. Rémi se "sent coupable mais pas responsable".

Je me sens responsable de l'incendie et des morts mais ce n'est pas moi qui ai mis le feu, Rémi Kukulinski.


Son avocat, Maitre Samuel Esteve, insiste sur le fait qu’il ne souhaite pas plaider l’acquittement revenant sur la déclaration maladroite de son client. Dans le box des accusés, Rémi Kukulinski confirme d'un signe de tête.

Rémi Kukulinski a peu changé depuis son procès en première instance il y a un an et demi. Il accuse un important surpoids. Interrogé par la présidente, il explique prendre "des antidépresseurs et des calmants contre le stress et l'angoisse". Sa dernière tentative de suicide remonte à 15 jours. Il est néanmoins très attentif aux débats.

La lecture des faits par la présidente

Ce matin, la présidente de la cour d’assises a rappelé les faits. Le 14 novembre, 2010, vers 1h30 du matin, le foyer pour travailleurs migrants est incendié. Un feu de poubelle entraîne l’embrasement du mur pignon du bâtiment. Les fumées toxiques pénètrent rapidement les couloirs. Six personnes sont asphyxiées et une autre se défenestre.

Peu de temps après le drame, Rémi Kukulinski et son cousin Nicolas Dos Reis sont arrêtés et placés en garde à vue. Ce sont eux les premiers qui ont appelé les secours avec leurs téléphones portables. Tous deux présents sur place le soir du drame avouent être à l’origine du feu de poubelle. Mais, à la question de savoir qui tenait le briquet, ils se rejettent mutuellement la faute.

Que s'est-il passé le 14 novembre 2010 dans la tête de l'accusé ?

En novembre 2010, Rémi Kukulinski est SDF. Nicolas Dos Reis l'héberge à Adoma depuis trois jours lorsque que le foyer est incendié. Encouragé par la présidente, l’accusé revient sur les faits de la soirée du 14 novembre 2010.

"On regardait la télé. J’étais sur MSN en même temps, je parlais à ma copine. Tout d’un coup mon cousin s’est mis en colère. J’ai pas compris pourquoi. Il a dit ‘je vais tous les crever ces arabes’ et il a brûlé le Coran. Après on est descendu en bas et on a foutu le feu à des poubelles de ville. En rentrant et en passant par l'arrière du bâtiment, mon cousin a mis le feu aux poubelles dans le local. Moi j'ai dit 'viens on se casse'. Quand j’ai entendu la première explosion j’ai appelé les pompiers."

- Expliquez-moi cette manie de mettre le feu ?, interroge la présidente revenant sur les antécédents de l'accusé.
- Tout simplement pour faire les cons..., lance-t-il.


Le feu de poubelle se propage rapidement au mur pignon en raison notamment de la proximité et de la configuration de l'appentis; de l'architecture de la façade; de l'isolant inflammable qui la recouvrait et du vent qui rabattait les flammes. Un ensemble de facteurs que l'accusé n'avait pas imaginé : "je n'avais jamais pensé que ça pouvait faire ça".

Qui est Rémi Kukulinski ?

La personnalité de Rémi Kukulinski a été rapidement abordée. Un avocat des parties civiles pointe le lien qui l'unit à Nicolas Dos Reis. "Il semble agir de façon complémentaire ayant l'aval de l'autre dans leurs actes de délinquance", s'interroge Me Chaumard. De l'aveu même des familles, dès qu'ils étaient ensemble, ils commettaient des infractions. Ce feu de poubelle n'est d'ailleurs pas une première pour les deux cousins : ils s'étaient déjà fait remarquer en 2009 puis trois jours avant le drame pour le même genre d'actes, à Précy-sous-Thil et à Semur-en-Auxois.

En 2010, lors de la garde à vue de Rémi Kukulinski, le commandant de la police judiciaire de Dijon, Emmanuel Potiquet, a relevé une "fragilité psychologique" chez l'accusé. Me Samuel Esteve, avocat de la défense, fait appel alors au ressenti de l'enquêteur : "selon vous, qui est le plus crédible, Dos Reis ou Kuku ?". "La version de monsieur Kukulinski correspond plus aux éléments du dossier" confie le directeur d'enquête. Dans le box, Kukulinski a un très léger rictus : est-ce le surnom "Kuku" ou l'opinion du policier qui le fait sourire ?

Le procès va courir sur trois semaines. Le verdict est attendu, au plus tôt, le lundi 6 juillet 2015.

Un reportage de Maryline Barate et Jean-François Guilmard avec :

  • Samuel Estève, avocat de Rémi Kukulinski
  • Mountaga Samb, fils d'un résidant décédé
  • Bruno Nicolle, avocat de victimes

 

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