Le Front National, s'il a réalisé le meilleur score de son histoire, a échoué dimanche à emporter des régions et confirme l'"impasse" qu'il rencontre lors des seconds tours. Dans la grande région, il passe de 10 à 24 élus.
Il monte, il monte le score du Front National en Bourgogne. Le parti frontiste triple quasiment son score de 2010 pour atteindre 32.44% ce qui représente 376 902 voix. Dans l'hémicyle régional, il passe de 10 sièges en Bourgogne (6 en 2010) et en Franche-Comté (4 en 2010), à 24 sièges à quasi égalité avec la droite et ses 25 sièges...
L’extrême-droite s’installe incontestablement dans notre territoire, elle atteint même un niveau historique avec 40.000 voix de plus qu’au 1er tour de la dernière présidentielle où Marine Le Pen avait réalisé le score le plus haut du FN dans une élection.
Le premier tour n’était donc pas qu’un avertissement, le FN ne perd pas d’électeurs entre les deux tour, il en gagne plus de 70.000. Mais si 3 départements bourguignons avaient placé la liste de Sophie Montel en tête au soir du premier tour, seul l'Yonne la maintient au 2e tour.
L'Yonne, un bastion
Un département icaunais en train de devenir un bastion frontiste. aux régionales de 2010, Edouard Ferrand, qui conduisait alors la liste FN, n'avait recueilli que 13,82 % des voix. Le FN arrive en tête hier soir dans 13 des 21 cantons icaunais, contre 20 sur 21 au soir du 1er tour. On observe son meilleur score dans le canton de Brienon alors que Sens qui avait placé en tête Montel au 1er tour, la rétrograde en 3e ce dimanche.
Dans la Nièvre, malgré un sursaut républicain, le FN réalise une nouvelle poussée avec 29 774 voix, il réalise un score historique. Il arrive en tête ainsi à Cosne-sur-Loire. En Saône-et-Loire, même constat, avec 68 684 voix, le record de la présidentielle est battu mais contrairement au premier tour, le FN n'arrive en tête dans aucun canton.
Enfin en Côte-d’Or, le Front national obtient son score le plus faible, terminant à la troisième place, avec 28,47 % des voix. Au premier tour, déjà, c’était le seul département de la région qui n’avait pas placé le FN en première position.
Le Front National aura aussi renforcé son aura d'opposant au "système +UMPS+": la campagne a été totalement focalisée sur sa présence dans l'ensemble des seconds tour en France métropolitaine. Autre motif de satisfaction: une implantation locale renforcée avec l'élection de plusieurs centaines de conseillers régionaux en France.
Un vote FN qui s'enkyste, sans débouché ?
Mais ces résultats sont lourds de questionnements sur la stratégie de second tour du FN : il y échoue constamment, comme aux départementales de mars, où, présent dans 1.107 seconds tour, le parti de Marine Le Pen ne s'était finalement imposé que dans 31 d'entre eux. (ce fut le cas dans l'Yonne avec deux élus).
Contrairement à ces élections, pourtant, le parti d'extrême droite avait cette fois fait campagne à droite toute, insistant sur les questions migratoires, dans le contexte de l'arrivée massive de migrants en zone Schengen depuis l'été et des attentats du 13 novembre. "Le FN ne parvient pas, faute d'alliés et de réserves à l'emporter, au second tour, où il se heurte toujours à un plafond de verre", a commenté dimanche soir pour l'AFP le politologue Yves-Marie Cann (Elabe).
"La marque +Le Pen+ est utile au premier tour mais rédhibitoire au second", remarque aussi le directeur de l'Observatoire des radicalités politiques, Jean-Yves Camus. "Ca tendrait à accréditer l'idée que même si Marine Le Pen est au second tour, elle ne sera jamais présidente de la République... Mais ça, c'est jusqu'au prochain scrutin. S'enkyste de manière assez définitive un vote FN à 25-30% qui n'a pas de débouché. Où il disparaît, où il se transforme...", observe ce politologue.