Pourquoi faire vacciner ses enfants ? Les vaccins sont-ils tous utiles ? Face aux doutes de nombreux Français, l’Etat va organiser un grand débat public qui pourrait déboucher sur une réforme de la politique vaccinale, et notamment sur les vaccins obligatoires.
Pourquoi de plus en plus de Français sont-ils réticents face aux vaccins ?
Un couple de l’Yonne, qui avait refusé de vacciner ses enfants contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), est devenu le symbole de la défiance d'une partie croissante de la population vis-à-vis de la vaccination.Marc et Samia Larère ont été condamnés à deux mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel d'Auxerre mercredi 7 janvier 2016.
Les parents ont justifié leur refus par le fait que les seuls vaccins aujourd'hui disponibles combinent le DTP à d'autres comme la coqueluche, l'hépatite B ou la méningite, qui eux, ne sont pas obligatoires.
Pourquoi le gouvernement se dit-il préoccupé ?
Marisol Touraine, ministre de la Santé, a présenté un plan d'action "pour une rénovation de la politique vaccinale" mardi 12 janvier 2016.Ce plan d’action a pour principal but de "renforcer la confiance", de "répondre à toutes les inquiétudes, à toutes les préoccupations".
La ministre a évoqué quelques phénomènes "préoccupants". Elle a notamment cité :
- la baisse du taux de couverture vaccinale contre la grippe qui a chuté de 13 points depuis 2008
- une "résurgence régulière" de cas de rougeole en raison d'une baisse de la vaccination chez les nourrissons. "Il n'est pas normal qu'on meure de la rougeole en France" a-t-elle dit.
- une "désinformation" autour du vaccin anti-papillomavirus, qui a abouti au dépôt de plusieurs plaintes, pour la plupart classées sans suite par la justice. Ce vaccin vise à prévenir des infections responsables des cancers du col de l'utérus. Il est recommandé chez les jeunes filles entre 9 et 14 ans, avant leur première relation sexuelle, mais le taux de vaccination n'atteint que 17% de cette population en France, selon Marisol Touraine, contre plus de 80% dans d'autres pays.
.@MarisolTouraine "La #vaccination a permis de faire reculer, voire d’éradiquer, des maladies dramatiques." pic.twitter.com/nqm5HziDQK
— MinSocialSanté (@MinSocialSante) 12 Janvier 2016
Quelles sont les étapes prévues pour le plan du gouvernement ?
Le plan d'action prévoit notamment une "grande concertation citoyenne" sur la vaccination menée sous la houlette du Pr Alain Fischer, professeur d'immunologie pédiatrique. Elle débutera en mars avec la mise en place d'une plateforme web qui recueillera les contributions du public, des professionnels, associations et institutions.Les contributions recueillies seront analysées par des jurys. Puis, elles seront soumises à un comité d'orientation qui devrait formuler, dès décembre 2016, des propositions d'évolution de la politique vaccinale, notamment en ce qui concerne le maintien ou non des vaccins obligatoires.
Un carnet de vaccination électronique sera également testé à partir du mois de mars dans cinq régions, et un site internet sur la vaccination sera mis en place pour informer le public et les professionnels de santé.
Faut-il maintenir des vaccins obligatoires ?
La France reste l'un des rares pays européens où coexistent des vaccins obligatoires (diphtérie, tétanos et poliomyélite ou DTP) à côté des vaccins recommandés, alors que la plupart des pays se contentent de recommandations.Marisol Touraine a reconnu que cette coexistence était "source de confusion". Mais, il s'agit d'un "sujet trop sensible socialement" pour faire l'objet d'une décision hâtive qui risquerait de "diminuer significativement le taux de couverture vaccinale dans le contexte actuel de doutes et d'inquiétudes", a-t-elle prévenu. "Pour l'instant, la France n'est pas dans une situation critique", a-t-elle ajouté, relevant qu'elle se situait au 1er rang des pays de l'OCDE pour les vaccins DTP et au 5 ou 6e pour les vaccins recommandés.
Plan pour la rénovation de la politique #vaccinale : informer, coordonner, sécuriser l’approvisionnement & débattre pic.twitter.com/ajgT1SVnVR
— MinSocialSanté (@MinSocialSante) 12 Janvier 2016
Comment en finir avec les pénuries de vaccins ?
Concernant les pénuries de vaccins observées depuis plus d'un an (BCG, coqueluche), elle a invité les laboratoires qui les produisent à mettre en place des plans de gestion des pénuries, notamment en constituant des stocks réservés à la France, sous peine de sanctions financières. "Nous sommes aujourd'hui dans une situation préoccupante s'agissant de l'approvisionnement de certains vaccins essentiels", a-t-elle dit. La ministre de la Santé estime que "cette situation n'est pas acceptable parce qu'elle suscite des inquiétudes, qu'elle entraîne des suspicions".La ministre va réunir les industriels avant la fin du mois "pour qu'ils fassent des propositions concrètes pour qu'il y ait assez de vaccins disponibles dans les pharmacies tout au long de l'année".
Les détracteurs de la vaccination, dont le cancérologue Henri Joyeux, à l'origine d'une pétition controversée sur ses dangers, avaient notamment dénoncé la pénurie de vaccins DTP l'été dernier, qui a obligé les parents à faire vacciner leurs enfants avec le seul produit disponible, contenant six vaccins au total.
Rapport sur la politique vaccinale en France (Janvier 2016) by France3Dijon