Les 340 salariés de l'abattoir de volailles Tilly-Sabco, ne travailleront pas cette semaine, moins de deux jours la semaine prochaine et après... après plus rien. Ils en appellent à l'Etat, car son principal fournisseur a cessé l'approvisionnement en poussins, faute de garanties de paiement.
"Depuis le 28 juin, il n'y a plus de poussins chez les éleveurs par Nutréa", une filiale de la coopérative bretonne Triskalia, a expliqué Corinne Nicole, déléguée CGT de cet abattoir dont le principal marché est le Moyen-Orient où il fait face à la féroce concurrence du Brésil. Les poulaillers sont vides et l'abattoir tourne au ralenti, maximum deux jours par semaine, depuis des mois. Or il faut environ 45 jours pour élever une volaille et l'envoyer à l'abattoir. Donc entre le 11 août et le septembre, il n'y aura aucune livraison à l'abattoir, se désole Corinne Nicole. Au-delà, "il faudrait que Nutréa remette des poulets" à l'élevage, poursuit-elle.
Pas d'argent, pas de poulet
"A partir du moment où on n'a pas de vision de paiement des poulets, on préfère ne pas les mettre en place chez les éleveurs", justifie la direction de Nutréa, seul fournisseur de Tilly-Sabco. SelonCorinne Nicole, Nutréa serait "prêt à s'engager s'ils ont des garanties de l'Etat sur le paiement". Les salariés de Tilly-Sabco -- qui n'en sont pas à leur première manifestation -- mais aussi des éleveurs, qui partagent la même inquiétude, se sont mobilisés jeudi et ont notamment bloqué les voies de chemin de fer à Guingamp. C'était suite à une réunion entre les pouvoirs publics, les éleveurs et les salariés de Tilly Sabco. Les uns réclament un soutien financier de l'Etat, les autres ne souhaitent pas à nouveau donner de l'argent public faute de repreneur.Les difficultés de Tilly-Sabco, dont 80% de la production est destinée au Moyen-Orient, principalement dans la péninsule arabique, remontent à la suppression au milieu de l'année 2013 des aides européennes à l'exportation pour les poulets congelés -- les restitutions -- qui soutenaient la filière à hauteur de 55 millions d'euros par an.
Mobilisation mardi 15 juillet
Les salariés de Tilly Sabco restent déterminés, ils mèneront une nouvelle action ce mardi. Ils se sont donnés rendez-vous à 14h sur le parking de l'abattoir à Guerlesquin... Pur une destination secrète... avant une réunion en préfecture de Région, à Rennes, programmée mercredi.