Les trains de nuit pourront-ils circuler à nouveau en Bretagne ? Le gouvernement a annoncé sa volonté de relancer une dizaine de lignes de trains de nuit d’ici 2030. De quoi susciter l’espoir d’un collectif breton de revoir des trains de nuit relier la Bretagne au reste de la France et de l’Europe. Des espoirs infondés ? Pas si sûr.
"Je souhaite que nous ayons une dizaine de lignes nationales de train de nuit à l’horizon 2030", a avancé le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, le 12 décembre dernier. Si le ministre pense principalement à des extensions des liaisons nocturnes entre la capitale et le sud de la France, avant l’international, un collectif breton Oui au train de nuit, y voit un bel espoir pour le retour du train de nuit dans la région.
La dynamique globale est positive. Le problème c'est que ça reste surtout sur Paris !
Iwan le Clec'h, Collectif Oui au train de nuit
La capitale est en effet largement au centre du futur dispositif ferroviaire à l'heure de l'ouverture de nouvelles lignes Paris-Lourdes et Paris-Vienne. Le gouvernement parle d'une dizaine de lignes de trains de nuit comme Paris-Marseille, Paris-Bayonne ou encore Bordeaux-Nice.
"Ce centrage sur Paris ne correspond pas au besoin des régions, regrette donc Iwan le Clec'h. Il faut réfléchir à la question de l'aménagement global du territoire, à la connexion entre les différentes régions. Le train de nuit pourrait répondre aux attentes des habitants de la Bretagne. Toutes les villes moyennes et celles qui sont le plus à l'Ouest ont tout à y gagner."
Le militant y croit. Dans les premières pistes étudiées par le gouvernement qui avaient fuité dans la presse en début d'année, il y avait une possible ligne Brest-Rennes-Tours-Lyon. Si celle-ci n'est plus évoquée, le collectif espère qu'elle verra le jour d'ici 2035 avec bien d'autres lignes. Notamment grâce à cette dynamique entamée par le ministre délégué aux Transports.
"Cela peut paraitre utopique mais on est en deçà de la réalité"
Le collectif a travaillé sur de nombreuses données "fiables et sérieuses" en se basant sur un report raisonnable de l'avion vers le train. Il en tire de nombreuses projections pour des lignes futures de trains de nuit reliant la Bretagne au reste de la France et de l'Europe. Des lignes Brest-Barcelone ou Brest Bayonne qui passeraient par Saint Brieuc, Rennes, Tours ou encore Bordeaux. Des lignes Quimper-Amsterdam ou Nantes-Nice. "Cela peut paraître utopique mais on est en deçà de ce qui pourrait arriver." Notamment au regard des annonces des différents gouvernements européens et de l'argent que la France a décidé de mettre sur la table pour rénover les trains et développer de nouvelles lignes.
Carte de Oui au train de nuit ! pour de nouvelles lignes dans le Grand Ouest :
C'est l'avenir ! Quand on vous parlait du tramway, il y a quelques années, on vous disait : C'est le transport du passé ! et aujourd'hui il fleurit partout à Brest et ailleurs. C'est pareil pour le train de nuit.
Iwan le Clec'h
Ce transport lent, écologique ne s'adressera pas au même "voyageur contraint". Il sera pour des voyageurs, travailleurs ou autres cherchant de nouveaux modes de transport décarbonés. "Les nouveaux trains seront confortables. On insiste là-dessus." Rendez-vous en 2035.
De nouvelles lignes classiques pour la Bretagne
En attendant l'hypothétique réouverture d'une ligne de train Auray-Saint-Brieuc, de nouvelles lignes sont à l'étude pour aider au désenclavement de certaines villes bretonnes exclues des lignes à grande vitesse. La coopérative lyonnaise Railcoop, dit du "ferroviaire citoyen", projette d'ouvrir quatre nouvelles lignes de train concernant la Bretagne d'ici 2024 :
- Toulouse - Rennes - Saint Brieuc - Caen
- Brest - Massy-Palaiseau
- Bordeau-Brest
- Nantes-Lille
Elle a notifié en juin dernier à l’autorité de régulation des transports, une demande d’ouverture de ces lignes. Si elle obtient le feu vert de l’autorité de régulation, elle sera libre de les mettre en place, "à condition d’obtenir les créneaux de circulation, le matériel nécessaire, etc." nous explique Olivia Wolanin de Railcoop. Un projet viable au regard d'études prenant en compte des critères démographiques, économiques ou encore autour du vélo (de nombreuses vélo-routes traversent la Bretagne).
Il reste encore du chemin à parcourir mais cela réjouit le collectif, Oui au train de nuit ! "Cela répond à des besoins de désenclavement des villes moyennes. Une offre complémentaire à celle du TGV. Même si les trains sont lents, cela fera toujours gagner du temps aux ruraux les plus isolés."