Santé Publique France a publié les résultats de son étude sur l'exposition aux pesticides. L'imprégnation globale de la population est en baisse mais certaines substances sont encore trop présentes dans les organismes. Eau & Rivières de Bretagne et les agriculteurs bios demandent des interdictions.
Glyphosate, S-métolachlore et Prosulfocarbe, des noms barbares pour des molécules d'herbicides vendues en masse en Bretagne. Ces trois là représentent la moitié des 1241 tonnes de substances actives herbicides vendues en Bretagne.
Si le Glyphosate, malheureusement bien connu ces dernières années, est censé être interdit à partir de décembre 2022 en Europe, les deux autres subtances ne semblent pas attirer outre mesure l'attention des pouvoirs publics, au grand dam de l'association Eau et Rivières de Bretagne et du réseau GAB-FRAB, la Fédération Régionale des Agriculteurs Biologiques de Bretagne.
Fin d’année, le moment est venu de dresser un bilan de l'évolution de l'utilisation des #pesticides en Bretagne. Et ce bilan reste mauvais. Nous dénonçons avec @Eauetrivieres la contamination généralisée de notre environnement, de notre eau et du contenu de nos assiettes. pic.twitter.com/NU6RxsQTYT
— GAB29 & MAB29 (@29gab29) December 17, 2021
700 000 Bretons boivent une eau polluée
Pourtant selon une étude de l'Agence Régionale de Santé (ARS) Bretagne d'avril 2021 : 21% des Bretons - soit plus de 700 000 personnes - sont alimentés par une eau "non conforme" en ESA métolachlore. "Non conforme" mais dont la teneur en métolachlore ne dépasse pas les valeurs maximales sanitaires, ce qui explique l'absence de restrictions d'usage de l'eau.
En Bretagne, les départements les plus concernés par l'intrusion de cette molécule dans l'eau sont le Finistère (329 000 personnes alimentées par une eau "non conforme) et les Côtes d'Armor (140 000 personnes).
Des cultures bio voisines contaminées
Du métolachlore dans l'eau et du prosulfocarbe sur les parcelles voisines non ciblées par le traitement herbicide. Car le prosulfocarbe, utilisé pour éliminer les herbes sauvages sur les cultures de céréales, de légumes ou encore de maïs, est une substance particulièrement volatile. Elle peut donc contaminer les parcelles proches, et notamment des bios, risquant de les déclasser.
En 2018 déjà, l'ANSES (l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) prévoyait que dans un rayon de 500 mètres autour des parcelles traitées, l'herbicide ne soit pas utilisé avant la récolte des fruits non cibles. Eau et Rivières de Bretagne et le réseau GAB-FRAB demandent donc "l'interdiction immédiate de ces deux pesticides et [...] un véritable soutien au développement de l'agriculture biologique certifiée". Un voeu pieu ? Alors que l'autorisation de l'utilisation d'une autre substance décriée risque d'être prolongée.
L'utilisation des néonicotinoïdes potentiellement prolongée
Le ministère de l'Agriculture a annoncé étudier le prolongement de la dérogation de l'utilisation des néonicotinoïdes comme insecticide sur les cultures de betteraves sucrières.
Malgré les effets néfastes de cette substances sur les abeilles, le ministère précise que la filière française de la betterave "demeure économiquement fragile". Le projet d'arrêté a tout de même été soumis à une consultation publique.
Communiqué ? | Consultation publique : projet d’arrêté autorisant provisoirement l'emploi de semences de betteraves sucrières traitées avec des produits phytopharmaceutiques contenant les substances actives imidaclopride ou thiamethoxam ⤵️https://t.co/og9liHmS7A
— Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation (@Agri_Gouv) December 27, 2021
Néonicotinoïdes, glyphosate, prosulfocarbe, S-métolachlore... 2022 sera une année où l'utilisation des pesticides devrait encore déchaîner le débat.