Les entreprises du bâtiment de Bretagne peuvent désormais payer les repas de leurs employés où qu'ils se situent, sans être soumises à la règle des 10 kilomètres, qui pénalisait les restaurants locaux et les employeurs.
Manger à plus de 10 kilomètres de son lieu de travail tous les jours, cela peut sembler absurde, mais pourtant, cela faisait partie du quotidien de nombreux ouvriers bretons.
Depuis 2015, l'Urssaf Bretagne imposait que le restaurant ou les employés d'une entreprise mangent à plus de 10 kilomètres du siège social de cette même entreprise, ou alors l'employeur payait des cotisations sociales.
Une situation difficile à comprendre pour certains : "Notre entreprise nous demandait toujours de manger à plus de 10 kilomètres alors que nous, on veut manger là où on est en déplacement tout simplement", explique Fabrice Moreau, ouvrier.
"'C'est plus facile d'aller manger à côté"
Quelques tables plus loin, dans ce restaurant ouvrier à Brest, Marc Moulin fait le même constat : "On a seulement une heure pour manger, donc c'est plus facile d'aller manger à côté."
Depuis 2015 donc, l'Urssaf a infligé des redressements de plusieurs milliers d'euros aux sociétés, particulièrement dans le secteur du bâtiment, qui n'avaient pas connaissance de cette règle. Cela a incité de nombreuses entreprises à changer de restaurant pour le repas de ses employés.
Une règle vécue comme un drame par Philippe Fraboulet, gérant du restaurant ouvrier L'Alcyone, à Brest : "On a perdu de 30 à 40 % de la clientèle, des gens qui venaient manger là depuis 20 ans", déplore-t-il.
Un fléau pour les restaurateurs et pour les entreprises
Cette règle des 10 kilomètres pénalisait donc tout autant les restaurants ouvriers que les entreprises, contraintes de choisir de payer soit des cotisations sociales, soit de l'essence pour que ses employés dépassent la distance imposée.
Depuis plusieurs années, l'Union des métiers de l'hôtellerie et de la restauration (UMIH) et la Fédération du bâtiment se sont unis pour combattre cette règle et obtenir sa suppression.
Ils ont donc contacté Didier Le Gac, député (Renaissance) de la 3e circonscription du Finistère, qui a porté le problème au siège de la Sécurité Sociale, qui a finalement décidé de supprimer cette obligation régionale.
"J'espère qu'on va voir des gens revenir"
Une bonne nouvelle pour les restaurants ouvriers, même si Stéphane Lars, propriétaire du Poélan, n'arrive pas à savoir si cela sera suffisant : "J'espère qu'on va voir des gens revenir. Le problème c'est que les habitudes et le système de fonctionnement des entreprises a changé à cause de cela. On verra bien."
Si le doute persiste, les salariés, quant à eux, vont désormais pouvoir choisir le restaurant où ils mangent en fonction de sa carte et de ses tarifs, sans se soucier de sa localisation.
(Avec Catherine Aubaile)