Guerre en Ukraine. "On savait que les Russes nous captureraient". De Marioupol à Plougonvelin, l'exil forcé de Natalia et Spartak

Natalia et Spartak ont longtemps hésité avant de fuir Marioupol, leur ville d'Ukraine. Ils ont fini par prendre la route de l'exil et sont arrivés à la pointe du Finistère le 27 mars. Très actifs dans la résistance civile, ils se savaient en danger. Le couple ukrainien a trouvé refuge chez une compatriote et amie.

De la terrasse de leur mobil-home, à Plougonvelin, dans le Finistère, Natalia et Spartak cherchent la mer du regard. Elle n'est pas loin. Juste en contrebas du camping où ils sont arrivés il y a un peu plus d'une semaine. Le couple ukrainien a fui Marioupol. "Là-bas aussi, on vivait au bord de la mer, souffle Natalia. C'est pour cela qu'on a un tout petit peu l'impression d'être à la maison".

"Nous avons perdu beaucoup d'amis"

Avant que la guerre n'éclate en Ukraine et ne les pousse tous les deux sur la route de l'exil, ils menaient une vie tranquille. Spartak est professeur d'aviron. Il fut aussi le porte-drapeau de l'équipe nationale ukrainienne aux Jeux paralympiques de Sydney en 2000. Natalia est infirmière. Une vie entourée de leur famille et de leurs amis qui a volé en éclats quand la Russie a envahi leur pays. 

Marioupol, cité portuaire située au sud de l'Ukraine, est assiégée et bombardée sans relâche depuis les premières heures de la guerre. Le couple entre dans la résistance civile "pour venir en aide aux blessés". "Nous avons perdu beaucoup d'amis, raconte Natalia. Certains ont disparu, après avoir été capturés par les Russes. Nous ne savons pas s'ils sont toujours en vie ni où ils sont". La listes des disparus est "très longue" ajoute-t-elle.

Un long périple de Marioupol à Plougonvelin

Quand les bombardements se conjuguent aux "combats dans les rues", Spartak et Natalia décident de tout quitter. Ils se sentent en danger. "Je savais que les Russes viendraient nous chercher, vu notre implication, explique Spartak. Et puis tout est détruit. On s'est longtemps demandé si c'était encore utile de rester dans une ville désertée".

Ils contactent Valentina, leur compatriote et amie installée à Plougonvelin depuis maintenant 20  ans. Elle y gère un camping. "Ils ont mis des jours et des jours pour venir jusqu'ici, relate-t-elle. Il fallait qu'ils viennent. La situation devenait trop dangereuse. J'étais très inquiète pour eux".

Après un long périple à travers l'Europe, dans une voiture aux vitres cassées qu'il faut faire réparer en chemin, Spartak et Natalia débarquent à la pointe finistérienne.  "Partout où on est passés, commentent-ils, on a été très bien accueillis. On a senti que les gens étaient solidaires. Et nous, on s'est sentis encore plus Européens et fiers de l'être que d'habitude".

"Au nom de quoi ?"

Ils ont tout laissé derrière eux. Le coeur est lourd quand Natalia évoque sa mère et sa soeur restées à Marioupol. "Je pense à elles tout le temps, dit la jeune femme. C'est très compliqué d'avoir des nouvelles. Même si, maintenant, je peux être au calme et me reposer, mon esprit est là-bas".

Dans la petite cuisine du mobil-home qu'il occupe, le couple scrute les chaînes infos ukrainiennes sur internet. Le massacre de civils à Boutcha pèse sur la quiétude retrouvée. Valentina essuie une larmes. "Je ne comprends pas comment au XXIe siècle, on peut massacrer des gens gratuitement et pour rien, s'énerve-t-elle. C'est comme s'ils étaient du bétail. Ça me révolte".

Les émotions sont à fleur de peau. La colère le dispute à l'espoir. "L'espoir que ce cauchemar cesse rapidement, souligne la gérante du camping. Des vies sont gâchées. Mon pays est en ruines. Les gens se couchent le soir sans savoir s'ils seront en vie le lendemain matin. Je pose la question : au nom de quoi ?".

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