L'Unesco décerne, ce mercredi 27 mars 2024, le label Géoparc au Parc naturel régional d'Armorique. Le site est riche d'une histoire géologique de 500 millions d'années, d'un travail entre les acteurs du territoire et d'une démarche tournée vers le développement durable.
"C'est un territoire qui a une géologie très impressionnante, qui couvre 500 millions d'années. Au Géoparc, ils savent le démontrer, ils savent le protéger et ils peuvent l'expliquer", constate Kristof Vandenberghe, chef de section des Sciences de la Terre et des Géoparcs à l'Unesco.
Pour toutes ces raisons, l'institution internationale a décerné, ce mercredi 27 mars 2024, le label Géoparc mondial au Parc naturel régional d'Armorique (PNRA). Un aboutissement pour ce site exceptionnel, après un long processus de candidature entamé en 2017.
"On raconte l'identité locale"
"On est très fiers d'avoir obtenu ce label, c'est un long parcours, avec une vraie ébullition autour de ce projet. C'est une récompense collective, déclare Amélie Caro, présidente du PNRA. Cela vient souligner la qualité des paysages, la richesse de notre patrimoine et nous allons continuer d'avoir le même niveau d'exigence."
"On avait déjà choisi de s'appeler 'Geopark Armorique', pour s'inscrire dans la démarche portée par ce label, affirme Jérémy Bourdoulous, directeur du patrimoine naturel du parc. Il nous restait à atteindre le Graal, maintenant on l'a. On s'est mobilisé, et aujourd'hui, l'Unesco ne nous impose rien mais reconnaît la qualité de notre travail."
C'est un dossier très fort, très bien préparé et on a toute confiance en la gestion future
Kristof VandenbergheChef de section des Sciences de la Terre et des Géoparcs à l'Unesco
Le parc naturel régional d'Armorique couvre une superficie de 160 000 hectares. La réserve de biosphère îles et mer d'Iroise avait déjà été labellisée par l'Unesco en 1988. "Mais avec le label de Géoparc Unesco, ils ont pu connecter en fait ces trois différents aspects, la géologie, la biodiversité et la culture, ajoute Kristof Vandenberghe. La tradition très riche de cette région. Donc je crois que tous les experts étaient d'accord pour dire que c'est un dossier très fort, très bien préparé et on a toute confiance en la gestion future."
Le label Géoparc mondial marque en effet une nouvelle étape dans la démarche du PNRA. "On raconte l'identité locale, la petite histoire dans la grande histoire. De nombreux sites sont témoins de la construction et de l'érosion de la chaîne hercynienne, appuie Jérémy Bourdoulous. On a des sites témoins : les falaises de grès de Crozon, les crêtes rocheuses des Monts-d'Arrée et le chaos granitique de la forêt d'Huelgoat."
Le patrimoine naturel fait évidemment partie des atouts du PNRA. "L'homme a transformé les paysages et évolué avec eux. À Plougastel, il y a des récifs coralliens fossiles qui datent de l'époque où le territoire était sous les tropiques. On a aussi une richesse des sols, où on est passé de la culture du lin à celles des fraises" détaille Jérémy Bourdoulous.
C'est donc aussi vers le patrimoine bâti que les équipes du PNRA veulent attirer l'attention : "Ce patrimoine naturel permet aux habitants de savoir d'où ils viennent, de connaître l'identité bretonne, pointe directeur du patrimoine naturel du parc. Pour ces maisons en pierre, d'où viennent les roches ? C'est passionnant de l'apprendre."
Aller en direction du grand public
"Le PNRA n'est pas un musée figé, comme le montre l'érosion du trait de côte. C'est du concret, de l'enthousiasme et pas une affaire seulement d'experts" appuie Jérémy Bourdoulous. Pour cela, le PNRA peut s'appuyer sur les trois maisons du Géoparc : le Domaine de Menez Meur à Hanvec, la Maison des minéraux à Crozon), et le Musée de la Fraise et du Patrimoine à Plougastel-Daoulas.
"C'est vraiment un exemple aussi pour réconcilier ces différents aspects : la géologie, la protection de la nature" complète Kristof Vandenberghe. Pour l'expert en géologie de l'Unesco, c'est le travail mené vers les populations qui a fait la différence. "Ils ont dû démontrer la façon dont ils travaillent avec les communautés locales, des partenaires existants : des musées, des universités, des écoles et des municipalités qui doivent être intégrées dans l’équipe de gestion." Le parc est aujourd'hui réparti sur 47 communes. Deux experts de l'Unesco ont visité le site pendant une semaine en 2021.
Nous, on traduit ce que les scientifiques ont publié, jusqu'à ce qu'un élève d'école puisse en bénéficier
Jérémy BourdoulousDirecteur du patrimoine naturel du PNRA
Des projets ont été lancés en septembre 2023 pour un public scolaire. "Nous, on traduit ce que les scientifiques ont publié, jusqu'à ce qu'un élève d'école puisse en bénéficier, résume Jérémy Bourdoulous. On a touché la fierté des habitants et des élus du territoire, qui n'allaient pas lâcher."
Développer le géotourisme
Le PNRA rejoint la liste très restreinte des Géoparcs français Unesco : elle compte neuf sites, dont le PNRA et le PNR Normandie-Maine acceptés cette année. "C'est vrai qu'il manquait une valorisation de notre côté du territoire français, assure Amélie Caro. Aujourd'hui, avec la labellisation également du PNR Normandie-Maine, c'est une belle mise en lumière. Dans certaines communes, la moitié des habitants est présente sur le territoire depuis moins de dix ans. On veut leur permettre d'approfondir la relation avec le territoire et les éléments présents dans leur quotidien, comme les églises ou les enclos paroissiaux."
Le Parc naturel régional d'Armorique rejoint les 213 Géoparcs au niveau mondial, répartis dans 48 pays. "C'est quelque part une action très locale, avec la communauté bretonne, mais en même temps, on fait tout pour promouvoir nos Géoparcs comme une autre destination. Le label est assez récent, ce n'est qu'en 2015 qu'il a été adopté par l'Unesco, rappelle Kristof Vandenberghe. C'est un réseau qui connaît une très forte croissance et qu'on essaie de promouvoir."
Les équipes du PNRA se préparent donc à accueillir un tout nouveau public et à continuer à mettre en avant "la randonnée, une mobilité douce qui ne dégrade pas l'environnement. On est aussi vigilants aux espaces littoraux, donc on propose des balades dans les Monts-d'Arrée ou la Vallée de l'Aulne."
L'attention portée au développement durable fait d'ailleurs partie des critères qui ont dû être respectés pour obtenir le label. "C'est vraiment un exemple pour réconcilier ces différents aspects, la géologie et la protection de la nature. Et en même temps comment est-ce qu'on peut offrir quelque chose à la communauté et comment est-ce qu'ils peuvent tirer un bénéfice de ce patrimoine ?" se projette déjà l'expert de l'Unesco.
Être identifié à l'international
Le label Géoparc mondial a été attribué pour quatre ans par l'Unesco. Celle-ci accompagnera le PNRA grâce à un "réseau qui fonctionne très très très étroitement, qui se soutient très très fortement, affirme Kristof Vandenberghe. Il y a plusieurs réunions régionales par an, des réunions au niveau mondial. Et ça permet de travailler dans des groupes de travail sur différents thèmes : la transition énergétique, le tourisme durable."
Des projets menés avec l'Union européenne sont également prévus et des logiques de partenariats sont déjà en cours avec l'Espagne, la Grande-Bretagne, ou le Portugal, "où il y a des sites miroirs avec la presqu'île de Crozon, une ouverture sur l'océan Atlantique. Ça nous donne aussi de la crédibilité, précise Jérémy Bourdoulous. Les investissements seront plus simples et ce label est gage de qualité. Il nous permet d'offrir une nouvelle qualité de service public."
De nombreuses animations sont déjà programmées pour célébrer ce nouveau label. Treize panneaux d'interprétation vont être installés ainsi que de la signalétique à l'entrée des communes du territoire.
Les visiteurs peuvent déjà découvrir l'exposition permanente "Il était une fois en Armorique" au domaine de Menez Meur. Un rendez-vous festif pour célébrer le Geopark Armorique sera organisé les 18 et 19 mai, à Crozon, à l’occasion du Festival du centre de la Terre.