Le bulbe de l'avant de l'Amoco Cadiz a été découvert par des plongeurs de Portsall. Les images sous-marines permettent de laisser penser que le doute n'est pas permis. Cette pièce métallique arrondie, de 20 mètres de haut, ne peut venir que du pétrolier coupable de la pire marée noire de Bretagne.
C’est peut-être la découverte de l’année en Bretagne. Des plongeurs finistériens pensent avoir retrouvé le bulbe de l’Amoco Cadiz, le navire responsable d’une des pires marées noires de Bretagne en 1978.
Le bulbe est la partie avant de la coque du bateau, en dessous de l’étrave. Cette pièce est arrondie pour briser la mer sur les gros cargos, comme l’était le pétrolier américain coulé au large de Portsall.
Sur les images de Yann-Ildut Galliou, vidéaste sous-marin, la masse métallique présente par 30 mètres de fond se dresse sur une hauteur de 20 mètres à près de 800 mètres des vestiges du pétrolier qui contenait 230.000 tonnes de mazout. “Ce bulbe de navire est gigantesque et laisse imaginer la taille du navire. Vu la situation géographique de la découverte, il est quasi certain qu’il s’agisse du bulbe de l’Amoco Cadiz”.
La vidéo de la découverte du bulbe de l'Amoco Cadiz
Sur les images Philippe Leroux, plongeur de Portsall, explore ce vestige appartenant au responsable de la plus grande catastrophe écologique de Bretagne. Philippe Leroux est le plongeur qui le premier a découvert ce gigantesque monolithe de métal.
Des casiers de pêche emmêlés dans le bulbe
Il y a déjà deux ans, ce plongeur expérimenté avait été appelé par un pécheur de Ploudalmezeau dont les casiers semblaient coincés dans une roche. “Quand Philippe a libéré les casiers de ce caseyeur, il s’est aperçu qu'il ne s'agissait pas d'une roche mais d'un objet métallique” affirme Yann-Ildut Galliou.
Le club de plongée Madéo avec Martin Guillerot et Yann-Ildut Galliou a organisé cette plongée filmée pour confirmer la découverte de Philippe Leroux. Ensemble les plongeurs ont sondé le bulbe. “On pense qu’une chaîne est venue couper le bulbe de l’avant du bateau” confie Martin Guillerot, spécialiste de plongées d'exploration sur la pointe finistérienne.
Une plongée entre stress et excitation
"Une masse sombre, impressionnante qui se dessine petit à petit devant nous, un moment de stress et d'excitation" souffle Martin Guillerot, co-responsable du club de plongée Madéo. “C’est une plongée spéciale, de découvrir un tel morceau des heures tragiques de la Bretagne” soulignent Yann-Ildut Galliou et Thibaut Dieudonné, second co-responsable du club Madoé, présent sur les plongées.
Le morceau très massif est proche des côtes. "Il se voit très bien au sondeur" confie Martin Guilerot, "mais vu sa forme, il se confond avec les zones rocheuses".
“C’est incroyable que nous ne l’ayons pas trouvé plus tôt” sourit Martin Guillerot. Les plongées vont s’enchaîner. Après la saison, Martin Guillerot et Yann-Ildut Galliou ont déjà prévu de retourner explorer la zone à la recherche de pièces supplémentaire afin de mieux comprendre comment le bulbe a pu dériver sur cette zone. L’épave de l’Amoco Cadiz est mythique pour les plongeurs de la pointe Finistère et l’ancre du pétrolier est encore à trouver.
90% chance que cela soit ça
"C'est ma quête, ils ont eu une chance incroyable" s'émerveille Ludovic Granier considéré comme le plus grand spécialiste de l'épave de l'Amoco Cadiz. Le responsable du club de plongée de l'Aber Wrac'h a effectué déjà de multiples plongées pour trouver ce bulbe. "J'ai plongé plus de 300 fois à la recherche de cette pièce et vu les images, c'est certain que c'est bien le bulbe de l'Amoco Cadiz. Je veux y aller au plus vite" réagit avec émotion ce passionné.
Cet expert avait déjà tout vu l'épave qui sommeille à plus de 30 mètres de fond depuis près de 45 ans, ne lui manquait que la découverte des amis du club de Portsall, Yann-Ildut Galliou, Martin Guillerot, Thibaut Dieudonné et Philippe Leroux.
Revoir. L'Amoco-Cadiz, la catastrophe du siècle
Le reportage vidéo en langue bretonne avec Arthur Conanec et Valérian Morzadec