La Bretagne a vécu en 2022 une année de sécheresse record. Il a fallu trouver des solutions et être raisonnable dans sa consommation d'eau, tout en tirant des leçons pour l'avenir. Retour sur un été de sécheresse et ses conséquences.
Le 18 juillet aura été la journée la plus chaude de l'année avec des températures dépassant les 40 degrés. Toute la Bretagne sue et n'y est pas habituée. Dès lors, une seule idée : chercher de l'ombre. Aux Vieilles Charrues, on n'a jamais vu autant de packs d'eau circuler sur la pelouse jaunie de Kerampuil, où les pulvérisateurs détrônent la pompe à bières.
Plus de douche sur la plage à Dinard
À Brasparts, la pénurie d'eau frappe à la mi-juillet. Plus rien ne coule au robinet. Les réserves sont au plus bas. Plus de douche non plus sur la plage à Dinard. Dans toute la Bretagne classée en alerte rouge sécheresse, les mesures de restrictions sont renforcées. Les stations de lavage autos se retrouvent ainsi en arrêt forcé.
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Unité de dessalement à Groix
Face à la crise, le système D se met en marche. À Berrien, dans le Finistère, l'eau accumulée dans une ancienne carrière de kaolin est pompée. Sur l'île de Groix, une unité de dessalement est mise en service pour pallier le déficit du barrage quasiment à sec.
Déficit pluviométrique de 30% dès le printemps
Il est vrai que depuis le printemps, les signes étaient déjà là, avec en moyenne un déficit pluviométrique de 30%. Dans leurs champs, dès les mois d'avril, les agriculteurs craignent le pire. Un sol vraiment asséché, dur à travailler et au coeur de l'été, les dégâts sont là.
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Peu de nappes phréatiques
"Le problème, c’est qu’en Bretagne, nous avons peu de nappes phréatiques, souterraines comme dans d’autres régions, notre eau vient des ruisseaux, des cours d’eau et sans le traditionnel petit crachin breton qui les approvisionne, nous sommes en situation critique, explique Estelle Le Guern, chargée de mission à Eau et Rivières de Bretagne. Les trois quarts de notre alimentation en eau proviennent principalement de ces cours d’eau et certains sont au plus bas, cela nous rend fragiles."
Recréer des zones humides
"Avec le changement climatique, la situation va se compliquer, j’espère que l’on n’oubliera pas ce moment que nous sommes en train de vivre lorsque les premières pluies d’automne vont tomber s’inquiète Estelle Le Guern d’Eau et Rivières de Bretagne. Car il faut que l’on mène une réflexion sur ce qu’il convient de faire. On ne peut plus continuer à artificialiser ainsi les terres : l’eau y ruisselle sans pénétrer dans le sol, elle est aussitôt perdue. "
Restaurer le bocage
La chargée de mission ne manque pas de propositions :" Il faut que l’on recrée des zones humides. Elles fonctionnent comme des éponges, l’hiver, elles absorbent le trop-plein d’eau et elles peuvent le restituer en été. Il faut aussi que l’on restaure le bocage, les haies, les talus, les arbres conservent eux aussi l’humidité. "
L'eau est précieuse et vitale, une évidence qu'il faudra désormais garder à l'esprit.