Le gérant de la société bretonne de ramassage de volailles Prestavic, qui employait des Africains sans papiers, a été condamné ce jeudi 6 juillet 2023 à deux ans de prison ferme pour traite d'êtres humains par le tribunal correctionnel de Brest.
La procureure avait requis, en mai dernier, quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt contre le gérant de la société bretonne Prestavic, spécialisée dans le ramassage de volailles.
Le tribunal correctionnel de Brest a rendu son délibéré ce jeudi 6 juillet et l'a condamné à deux ans de prison ferme pour traite d'êtres humains. Une peine assortie d'une amende de 15.000 euros et d'une interdiction définitive d'administrer ou de gérer une société.
167.000 euros à verser aux anciens salariés
Le tribunal a également condamné le volailler de 64 ans à verser 167.000 euros de dommages et intérêts à 16 de ses anciens employés, pour la majorité des Ivoiriens, les indemnités allant de 6.500 à 30.000 euros selon les cas.
La compagne du gérant de Prestavic, ancienne ramasseuse de volailles arrivée de Côte-d'Ivoire en 2017, était également jugée pour complicité et poursuivie pour avoir participé au recrutement de plusieurs de ses compatriotes, à qui le couple promettait une régularisation. "Elle a pu appeler les uns ou les autres mais, de là à dire qu'elle a pu participer à embaucher des gens, ça nous semble contestable" a déclaré à l'AFP l'avocat du couple, Me Pierre Tracol, lequel avait plaidé la relaxe pour sa cliente. Cette dernière a été condamnée à un an de prison dont six mois avec sursis.
Lors de l'audience, le gérant avait, pour sa part, réfuté avoir promis des papiers à ses employés, tout en admettant avoir "été un peu léger dans la gestion" des nouvelles recrues, auxquelles il ne demandait pas des papiers en règle, par manque de personnel.
Salaires faibles, insultes et contrats "de façade"
Les salariés étaient venus raconter à la barre "l’enfer" dans lequel ils avaient travaillé pendant des années pour un salaire de 500 à 800 euros par mois. Embauchés sans papiers et sans contrat de travail, ils ont, pendant des mois, été exploités par la société de ramassage de volailles basée dans le Nord-Finistère.
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Salaires faibles, contrats "de façade", amplitudes horaires importantes, repos journalier pas respecté, insultes et froid... Les travailleurs, qui ramassaient des volailles chez des éleveurs bretons pour les charger dans des camions vers l'abattoir, étaient logés dans des hébergements insalubres ou impropres à l'habitation. "Des fois, quand on allait travailler de nuit chez un éleveur, on n'avait même pas de quoi se changer, relatait l'un des salariés. Il fait froid puis on tombe malade et on reste à la maison. Lui il nous gueule dessus car on devait être présents chaque jour".
Le travail, nocturne, s'étendait de 17h à 6h ou 7h le lendemain matin, parfois plus tard lors des périodes de fêtes, selon leurs témoignages. Les heures de transport et d'attente entre deux chargements n'étaient pas ou peu rémunérées. "Si tu réclamais, on te disait: on va te rapatrier à Paris" avait expliqué l'un d'entre eux.