ENVIRONNEMENT. Investisseurs, particuliers, entreprises... qui sont les propriétaires de nouvelles forêts

Acheter un arbre ou bien encore investir dans des parts de forêts est devenu une nouvelle mode. Des particuliers mais aussi des entreprises de toutes tailles investissent ce marché florissant.

Pour les uns, il s'agit d'une action en faveur de la biodiversité pour entretenir et replanter des massifs forestiers. Pour les autres, c'est un dispositif financier qui permet de compenser en partie des rejets de gaz à effet de serre liés à une activité industrielle. Le marché de l'achat d'arbres ou encore de part de forêts ne cesse de croître en France. Placement plaisir, valeur refuge et outil de diversification, la forêt suscite un intérêt croissant de la part des investisseurs. 

Mais qui sont ces propriétaires de forêts et comment placent-ils leur argent dans ce secteur ? Voici les visages, parfois nouveaux, de ceux qui ont choisi d'investir dans les arbres.

Une majorité de propriétaires forestiers privés

C'est une particularité bretonne. 93 % des forêts de la région sont privées. En tout, ils sont 116 000 propriétaires à posséder en moyenne de petites surfaces, soit environ 3 à 4 hectares. Des forêts qui, majoritairement, appartiennent aux familles depuis plusieurs générations.
Pour Alain de Kernier, Président de Transylva, l'association des propriétaires forestiers de Bretagne, "ces petites surfaces ne constituent pas l'activité principale d'un point de vue économique." Et il ajoute "Seuls ceux qui possèdent plusieurs dizaines d'hectares constituent des acteurs économiques du secteur." 
La réglementation leur impose des obligations en termes de production et de gestion durable de bois ou encore de protection de l'environnement. Si la surface forestière dépasse les 25 hectares, la loi les oblige à tenir un document de gestion indiquant précisément les travaux comme les plantations ou les coupes avec un contrôle. Des forêts privées dont la gestion coûte souvent cher à leurs propriétaires.

Les start-up

Il s'agit majoritairement de start-up qui achètent des terres agricoles pour planter des arbres ou encore pour acquérir des forêts mal entretenues et qui ne remplissent pas ou pas assez leur rôle de capteur de CO2.

Un secteur dans lequel s'est lancée la start-up Ecotree en 2016 basée notamment à Brest. Selon Baudouin Verken, l'un de ses fondateurs, "la création d'Ecotree correspond en fait à trois constats : la carence dans la gestion de nombreuses forêts par les propriétaires, les actions en faveur de l'environnement mal récompensées et enfin, la société civile avec des entreprises mais aussi des particuliers qui ont une attente forte d'investissements dans cette filière."
Après une phase expérimentale dans le Finistère, Ecotree gère désormais plus d'1,6 million d'arbres. Dont 90 % se trouvent en France.
Le principe est simple. Via son site internet, la start-up propose l'achat d'arbres ou de parts de forêts qu'elle a acquis. Budget moyen des particuliers : environ 150 euros. Un investissement avec une rentabilité de 2% l'an. 60 000 particuliers et 1 500 entreprises ont passé le pas. Selon Baudouin Verken "les particuliers peuvent acquérir en quelques clics des arbres et disposent ainsi d'un outil qui permet de restaurer des écosystèmes ou d'en créer."

Les entreprises et leurs salariés

Les achats de forêts intéressent également les entreprises. Notamment celles engagées dans la réduction de leur impact environnemental en termes de rejets de gaz à effet de serre.
En février dernier, l'entreprise Enedis-Bretagne a financé avec le concours de la start-up "Reforest'Action" une opération de replantation d'arbres dans les Monts d'Arrée. "Sur 3,7 hectares, Enedis-Bretagne a planté 3 650 arbres. Avec trois essences d'arbres qui ont été choisies car elles sont adaptées au climat océanique breton." précise Sandra Cougard, responsable RSE chez Enedis-Bretagne. Elle précise : "en intervenant pour réparer nos lignes lors des incendies de l'été dernier dans les Monts d'Arrée, nos agents et l'entreprise elle-même nous avions été les premiers à constater l'entendue des dégâts et a vouloir agir en tant d'acteur du territoire."
Pour la responsable d'Enedis, "ce projet de régénération de puits de carbone ne permet de capter que 726 tonnes de carbone". Pour l'entreprise, il s'agit d'une action marginale pour lutter contre le réchauffement climatique. L'enjeu est ailleurs pour Enedis-Bretagne. "C'est dans nos process industriels qu'il faut trouver les solutions pour réduire nos rejets de CO2 de 25 % d'ici 2025 et d'arriver à la neutralité carbone en 2050."

Le crédit carbone

Mais depuis plusieurs années, un marché européen du carbone a vu le jour. Un dispositif financier qui permet aux entreprises les plus polluantes d'acheter des "crédits carbone", c’est-à-dire des compensations pour diminuer artificiellement leur impact environnemental.
Par exemple, des entreprises dans la chimie, la plasturgie, la pétrochimie ou encore la cimenterie...Là encore, des start-up se sont lancées dans cette filière. C'est aujourd'hui une part majoritaire de l'activité d'Ecotree.
"Ces systèmes de crédits carbone sont très contrôlés afin de calculer précisément la séquestration de CO2. Cela dépend de données forestières. On doit savoir par exemple l'âge des arbres, les types d'arbres car chaque arbre séquestre plus ou moins de carbone." précise Baudouin Verken. Mais le co-fondateur d'Ecotree tient à préciser les choses. "Nous alertons systématiquement nos entreprises clientes que la compensation carbone n'est pas une solution miracle. Car les puits de carbone forestiers n'assureront jamais la totalité des réductions de gaz à effet de serre nécessaire à une vraie transition."

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