Ce 24 juillet, Annie Le Guen, adjointe à Cléden-Poher, était convoquée au Commissariat de Quimper. jeudi 25, ce sera le tour d’Hélène Guillemot, adjointe aux affaires sociales à Carhaix et vendredi de trois autres élus. Tous sont entendus sous le régime de la garde à vue. Le 14 septembre 2023, lors d’une manifestation pour la défense de l’hôpital, ils avaient envahi et occupé les bureaux de l’ARS. Ils dénoncent une action en justice disproportionnée.
Annie Le Guen, adjointe à Cléden-Poher était donc la première à être entendue ce 24 juillet 2024. Enfin, entendue, si l’on veut. Elle a refusé de répondre aux questions des policiers.
"En tant qu’élus, nous défendons notre hôpital qui est un bijou précieux pour tout le Centre Bretagne, expliquait-elle à sa sortie du Commissariat de Quimper. Nous qui sommes des élus, des soignants, des habitants, on nous place en garde à vue. Si c’est de l’intimidation, cela ne marchera pas. On continuera à sa battre. On a besoin d’urgences ouvertes 24h/24. Point barre !"
150 personnes pour la soutenir
Le 14 septembre 2023, Annie Le Guen, comme les autres élus convoqués cette semaine, était entrée dans les locaux de l’Agence régionale de Santé de Quimper et s’y était installée pendant plusieurs heures. De là à parler de séquestration et de violences et à convoquer des élus de la République ? L’élue réfute les accusations. "C’est un acte injuste et disproportionné" s’agace-t-elle.
Elle a tenu à se présenter au Commissariat avec son écharpe bleu-blanc-rouge.
En mai dernier, des délégués syndicaux avaient déjà été convoqués sur les mêmes chefs d'accusation.
Le maire de Carhaix convoqué vendredi 26 juillet
Christian Troadec, le maire de Carhaix est lui convié à s’expliquer vendredi. Il ne décolère pas. "C’est inadmissible, des hauts fonctionnaires parisiens en mission comme des proconsuls qui viennent mettre en cause des élus qui ne font que défendre le droit à la santé pour tous."
"Peu importe l’endroit où vivent les citoyens dans le Finistère, ils ont tous droit à un égal accès aux soins", plaide aussi la députée Mélanie Thomin.
2 femmes ♀️
— Mélanie THOMIN (@Mel_Thomin) July 24, 2024
2 élues de la République ?
En charge des affaires sociales de leur commune sont en garde à vue à #Quimper ce matin : quel symbole d'indignité !
?Parce qu'elles défendent l'hôpital public en Centre Bretagne, pleine solidarité avec ces élues courageuses ✊️ #Carhaix pic.twitter.com/3978Z2FTRj
Des urgences régulées
Depuis septembre 2023, les urgences de Carhaix fonctionnent en mode régulé : entre 18h30 et 8h30, les patients doivent désormais appeler le 15 pour être pris en charge à Carhaix ou être redirigés vers un autre service d'urgences, alors qu'il faut compter au moins 45 minutes en voiture, vers les centres hospitaliers de Brest, Guingamp ou Morlaix.
"On est traités comme une sous-population, comme des sous-citoyens et nous, en tant qu’élus, on ne peut pas accepter lance Christian Troadec. On est là pour réclamer à l’Etat ce que de droit, à savoir un service de santé et un hôpital ouvert 24h/24."
Depuis plus d'un an, soignants, élus et habitants de Carhaix luttent pour le maintient des urgences et d’un service de soins complet.Injustement convoqués en garde à vue, nous demandons l'abandon des poursuites, la réouverture des urgences et l'application du protocole déjà signé pic.twitter.com/UmRzYUSzEh
— Annie LE HOUEROU (@LeHouerouA) July 24, 2024
Le comité de défense de l’hôpital dénonce depuis des mois la situation des patients qui ne peuvent pas aller se soigner, des gens qui renoncent aux soins et rappelle que dans le Centre Bretagne, l’espérance de vie est inférieure de 6 ans au reste de la région.
Une terre de révoltes
"Si les élus ne défendent pas le bien commun, personne ne le défendra" répète aussi Hélène Guillemot, adjointe à l’action sociale à la mairie de Carhaix. "Le Centre-Bretagne est une terre de révoltes, une terre où les gens ne baissent pas les bras. On n’est pas des bandits, on est là pour défendre le bien public."
La catapulte, symbole depuis 2008 des luttes pour la défense de l’hôpital a fait une nouvelle fois le voyage jusqu’à Quimper.
"La Bretagne solidaire où on avait tous les services publics à quelques pas est en train de disparaître constate Christian Troadec et en plus, les grandes métropoles vampirisent le territoire. On voit bien que l’Etat français n’est plus capable d’organiser les soins sur son territoire et la Bretagne devrait revendiquer très rapidement son autonomie sur la question de la santé."
Et l’élu conclut : "L’Etat veut faire plier le Centre-Bretagne une bonne fois pour toutes et nous, une bonne fois pour toutes, on veut faire plier l’Etat ! Mais sachez que l’on ne cédera pas !"
(avec Claire Louet)