De la cordillère des Andes, aux coteaux de Querrien, Laura Le Goïc-Chauqué est en passe de réaliser son rêve : produire du vin dans le Finistère. Œnologue, expérimentée, la jeune femme originaire d'Argentine vient de planter 20 000 pieds à Querrien et espère déguster sa première bouteille en 2028.
"J'ai grandi dans le nord argentin dans un petit village viticole. Ma famille avait des vignes, mon arrière-grand-père les avait plantées il y a 70 ans. Cela m'a toujours passionné."
Originaire de Cafayate, un petit village au pied des Andes argentines, Laura décide de se lancer dans des études d'œnologie à l'université de Mendoza. C'est là qu'elle fait la rencontre de Gauthier, étudiant breton. La naissance d'un grand amour et d'un pari un peu fou : "Je savais que j'allais venir m'installer en Bretagne, mais je voulais continuer ce métier et surtout transmettre ma passion à mes enfants."
Neuf vignerons seulement dans le Finistère
Car la Bretagne l'a très vite séduite : "Il y a bien un grand écart météo, mais par rapport à la culture et aux gens, le Finistère ressemble beaucoup à là où j'ai grandi, c'est authentique."
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Alors que la région ne compte qu'une quarantaine de vignerons dont neuf dans le Finistère, Laura est convaincue qu'elle pourra y développer des vins de qualité.
Elle va mettre trois ans à trouver le terrain idéal, sur la commune de Querrien, un terrain exploité en agriculture biologique depuis plusieurs années.
"On prend beaucoup de risque, on n'a pas beaucoup de recul", concède la jeune femme qui a choisi avec soin les quatre cépages qu'elle souhaite développer : "Là, on a du Souvigné gris, c'est un cépage résistant qui demande très peu de produits phytosanitaires, en bio, c'est idéal, et là plus petit, c'est de l'Albariño, c'est un cépage blanc qui vient de Galice en Espagne qui pousse sur des terres granitiques comme ce qu'on trouve en Bretagne. C'est un cépage très fruité qui accompagne très bien les fruits de mer."
Un investissement de 500 000 € pour 20 000 pieds de vigne
Des cépages surtout précoces qui arriveront à maturité avant l'automne. Coût de l'investissement : 500 000 €. Cet été, avec l'aide de nombreux bénévoles, elle a planté 20 000 pieds de vignes.
Enthousiaste et expérimentée, Laura a fédéré beaucoup de monde autours d'elle. Des habitants séduits par sa démarche qu'elle présentait à l'occasion des jours éco découverte de Querrien. "Je suis surpris qu'on vienne de loin comme ça pour faire du vin à Querrien, vu le climat, ce n'est pas évident, souligne un habitant. Quand je suis arrivé il y a plus de 45 ans à Querrien, je venais d'un pays de vignes, j'avais ramené des boutures, mais moi, je n'ai pas persisté."
Objectif pour Laura : produire 8 000 bouteilles en 2028, les premières viendront remercier les donateurs de la cagnotte mise en ligne pour l'achat de matériel sur la plateforme brestoise Kengo.
(Avec Claire Louet)