"Il y aura des bouteilles de qualité mais elles seront rares" : les viticulteurs bretons vendangent après une année 2024 compliquée

"Il y aura très peu de bouteilles, mais du vin de qualité" : voilà comment on peut résumer le prochain millésime des vins bretons. Alors que les vendanges battent leur plein ce weekend autour du golfe du Morbihan, retour sur une année compliquée pour la vigne bretonne, mais aussi française.

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"Les Bretons l'ont peut-être remarqué mais on a eu un été pourri ! Il va falloir être vigilant dans les vignes," glisse Aurélien Berthou. L'ingénieur agronome et viticulteur basé à Auray (Morbihan) a planté ses vignes en agriculture biologique au printemps 2022 sur les terres du lycée agricole Kerplouz. À deux pas de la rivière et du port de Saint Goustan. Ce sont ses toutes premières vendanges.

Ce matin, amis et famille sont venus pour une récolte qui s'annonce un peu compliquée. 2024 est une année catastrophique pour la viticulture. "Ce qui est presque rassurant pour les vins bretons, c’est que ça a été comme ça partout en France. Tout le monde a galéré, dans le muscadet ou le Bordelais on parle des pires rendements depuis des décennies," confie le viticulteur.

"Compliqué moralement et physiquement"

Cette année a été particulièrement pluvieuse sur la façade atlantique, mais aussi en Bourgogne, dans le Jura ou encore en Alsace. "On a eu pas mal de mildious et de black-rot [un champignon, NDLR]", développe Aurélien. En volume, sur l'ensemble du territoire français, le nouveau millésime est attendu à 39,3 millions d’hectolitres, soit un net recul de 18% sur un an.

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"J’aurais préféré commencer sur un millésime plus facile, grimace le viticulteur. C’est compliqué moralement et physiquement, car on passe beaucoup plus de temps à travailler dans les vignes pour effeuiller et traiter. Tu travailles comme un malade pour essayer de sauver ce qui peut être sauvé."

Des bouteilles de qualité, mais rares

La parcelle qu'il vendange aujourd'hui court sur un hectare et demi. Aurélien espère tirer 15 hectolitres de jus de raisin "si ça se passe bien". C’est la parcelle qui a le plus souffert des maladies dans son vignoble. "On a quand même du raisin avec une maturité correcte, rassure-t-il. Il y aura du vin."

Même constat du côté de Theix-Navallo, à l'est de Vannes. Loïc Fourure et sa femme Marina vont vendanger 6 hectares dans les prochains jours. "Côté quantité, on a perdu la bataille mais il n’est pas exclu d’avoir de jolis raisins. On devrait pouvoir sortir un produit de qualité. Il y aura des bouteilles de qualité mais elles seront rares."

Ils ont planté leurs cinq cépages un an avant Aurélien, en 2021, et réalisent donc leur deuxième vendange. Comme l'immense majorité des viticulteurs bretons, ce sont des nouveaux. "Il y a 3 ans, la viticulture en Bretagne n’existait pas, explique Loic Fourure qui est aussi coprésident de l'Association pour la reconnaissance des vins bretons. Quand on entrait à la chambre d'agriculture, on ne savait pas où nous mettre."

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Premières vendanges dans les vignes d'Aurélien Berthou ©France 3 Bretagne

Il y a maintenant 43 vignobles dans la région, implantés sur 110 hectares. Côté vin, il n'y avait que cinq producteurs sur le marché en 2023. Cette année, ils sont huit. L’année prochaine, une quinzaine.

Le documentaire Vins bretons, la nouvelle conquête de l'Ouest, diffusé ce lundi 30 octobre sur France 3 Bretagne, revient sur cette aventure viticole.

"L'année 2023 a été froide, 2024 a été compliquée, mais ça ne remet pas en question ni le choix des projets viticoles bretons, ni le choix de la culture bio, précise Loïc Fourure. Cette année c'est le territoire français dans son ensemble qui a souffert. En bio comme en conventionnel."

Les pionniers bretons vont donc continuer sur cette voie. Les amateurs de vin attendent ces premiers millésimes avec impatience.

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