Le quartier du Blosne, à Rennes, a été le théâtre d'une fusillade dans la nuit du 9 au 10 mars 2024. Un règlement de comptes entre trafiquants de drogue pour "le contrôle d'un point de deal" selon le parquet. Le syndicat Alliance-Police d'Ille-et-Vilaine demande "plus de moyens" pour lutter contre un "système très organisé".
Dans le quartier du Blosne, à Rennes, les échanges de tirs ont duré plus d'une heure. La fusillade a eu lieu dans la nuit du 9 au 10 mars 2024, entre 2h et 3h du matin. Sur la façade de deux appartements de la place du Banat, les impacts de balles sont visibles, "des gros calibres" selon la police. Cette dernière a fait appel au RAID pour sécuriser les lieux, ne parvenant pas à localiser les tireurs, "une dizaine d'individus" indique le procureur de la République.
Deux d'entre eux ont été blessés dans la fusillade. Il s'agit de deux hommes, nés en 1994 et 2000, déjà connus de la justice.
"On est face à du narcotrafic"
Sur cette place du Banat, deux immeubles sont identifiés comme abritant un trafic de drogue. Selon le parquet de Rennes, la fusillade "paraît s’inscrire dans la lutte pour le contrôle du point de revente de stupéfiants situé place de Banat qui avait connu un épisode similaire les 6 et 9 décembre 2023, faits pour lesquels les personnes ont été incarcérées".
"On est face à du narcotrafic, explique Lenaïc Briero, adjointe à la sécurité à la Ville de Rennes, avec des dealers qui sont très mobiles, qui viennent de Paris, de Marseille, du Havre et qui tournent de villes en villes. D'où la difficulté pour les interpeller".
Frédéric Gallet, le secrétaire départemental du syndicat Alliance-Police en Ille-et-Vilaine, rappelle que "de nombreux points de deal sont identifiés. Un rapport de la préfecture en mentionne 28 sur la circonscription police de Rennes et 32 sur le département. En fait, il y en a beaucoup plus, souligne-t-il. Il faut aussi y ajouter le deal d'appartement, la livraison à domicile".
Un gros point de vente, selon lui, génère "entre 50.000 et 70.000 euros par jour". Même si "le ménage" chez les vendeurs et les acheteurs est réalisé par les forces de l'ordre, "quelques heures après, d'autres équipes se remettent en place. Il n'y a pas d'arrêt" constate encore Frédéric Gallet qui estime que pour enrayer le trafic, "il faut s'attaquer aux têtes de réseaux et aux importations, avoir une politique plus globale, nationale et internationale, avec plus de temps pour les investigations et une politique pénale plus adaptée".
"Plus de moyens"
Le secrétaire départemental d'Alliance observe que "le dealer s'adapte à ce que la police et la gendarmerie font pour lutter contre le trafic de stupéfiants". Frédéric Gallet remarque que face à ces réseaux très organisés, il est nécessaire "d'avoir plus de monde sur le terrain pour travailler en sécurité, du matériel pour se protéger et des moyens juridiques pour éviter la récidive des dealers interpellés. C’est toujours les mêmes que l'on interpelle. On attend une réponse pénale ferme sinon on travaille pour rien".
Le préfet d'Ille-et-Vilaine, dans un entretien accordé à France Bleu Armorique ce lundi 11 mars, rappelle "qu'il ne s'agit plus de petits trafiquants gentils que l’on voit en bas de son immeuble, on a affaire à des narcotrafiquants. C'est un système", affirme Philippe Gustin.
(Avec Myriam Thiébaut)