INFOGRAPHIE. Réchauffement climatique. Quelles températures en 2050 dans les villes bretonnes et comment vont-elles devoir s'adapter

Nous vous proposons de découvrir à quelles températures, à quelles précipitations et à quelles vagues de canicule vont être confrontées les villes en Bretagne. Le constat est imparable : il va faire de plus en plus chaud. Il existe heureusement des solutions pour limiter les effets d'îlots de chaleurs dans les villes. Mais pour cela, il faut repenser l’urbanisme et l’architecture, végétaliser les espaces, etc.

En période de canicule, que ce soit dans le sud de la France ou même dans le nord, il y a des territoires qui sont plus durement touchés que d’autres : les villes. Les citadins le savent bien et essayent de s'échapper des villes bétonnées où la chaleur s'accumule au fil des heures en journée et où la fraicheur a plus de mal à s'installer la nuit venue.

La nuit, des différences de température peuvent aller jusqu’à 6 degrés entre les milieux urbains et la campagne.

Vincent Dubreuil,

géographe, climatologue et enseignant à l’université Rennes 2

Une situation amenée à s'aggraver

Force est de constater que toutes les projections des scientifiques en matière de climat sont alarmantes et font état d'un changement climatique inéluctable dans les décennies à venir. 

Toutes les études, dont le rapport 2023 du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) des Nations unies, font état de l'urgence de la situation et du réchauffement de la planète.

France Télévisions vient de compulser de multiples données de plusieurs portails, développés par le gouvernement français et par Météo France, comme, depuis 2009, le DRIAS, ou encore le site Climadiag Commune, de Météo France. Des sites qui s’appuient sur l'ensemble de l'historique des relevés de Météo France (plus de 110 ans de données), sur le travail des scientifiques du GIEC et divers laboratoires français (CERFACS, CNRM-GAME, IPSL).

Des données qui permettent de réaliser des projections climatiques pour le futur. Parmi ces projections, nous vous présentons ici celles qui concernent les 15 principales villes de Bretagne. Elles donnent une évaluation par ville de la situation en 2050. Cela concerne les températures par saison, le nombre de jours de gel, le cumul de précipitations par saison, le nombre de jours très chauds, de nuits chaudes, le nombre de vagues de chaleur, ...

Force est de constater que l'on va sur une augmentation de la température entre 1 et 2 degrés en moyenne dans les villes bretonnes en 2050. Attention, c’est une augmentation moyenne par rapport à une période de référence, calculée entre 1976 et 2005. Il existe des estimations plus basses, mais également plus hautes.

À noter que dans le tableau ci-dessous, après avoir choisi votre ville et obtenu ses résultats, vous pouvez avoir pour chaque valeur affichée des projections à plus long terme. Pour cela, cliquer sur "Détails" sous la valeur.

Ilots de chaleur et ilots de fraicheur dans les villes

À Rennes, les chiffres de l'étude de France Télévisions montrent que l'on va, par rapport à la période de référence 1976-2005, vers une augmentation moyenne de température en 2050 de 1,1 °C l'hiver, 1,4 °C au printemps, 1,6 °C en été et 1,7 °C en automne.

Des résultats qui démontrent que la chaleur des villes est une des principales problématiques à combattre. Vincent Dubreuil, enseignant-chercheur en géographie à l'université de Rennes 2 et co-président du Haut conseil pour le Climat en Bretagne, étudie depuis 20 ans le cas de Rennes avec son équipe. Ils ont mis en place des mesures de suivi des différents îlots de chaleur de la métropole rennaise. Avec 30 stations et une centaine de capteurs connectés, ils ont cartographié la ville et repéré des îlots de chaleur dans les différents quartiers.

Ces îlots "dépendent essentiellement de la densité des bâtiments dans ces quartiers". Il y a un "effet Canyon" avec des rues étroites et encaissées qui empêchent la circulation des vents et favorisent la stagnation des masses d’air. Autre élément essentiel : la présence ou plutôt l’absence de végétation. Ces cartes révèlent des " ilots de fraicheurs à Rennes, notamment dans des endroits avec plus de végétation comme autour du parc des Gayeulles ou des prairies Saint-Martin". 

Ces zones végétalisées, nous assure le climatologue, aident à faire diminuer la température d’un ou deux degrés. Un atout précieux quand on sait que les phénomènes caniculaires ont vocations à se multiplier dans les prochaines années. " Il y a le seuil de la nuit tropicale qui se situe à 20 degrés, explique-t-il. Si la température ne descend pas en dessous, nous avons une nuit tropicale. Pendant les vagues de canicules, la température est la même entre la ville et la campagne. La nuit en revanche, la température baisse autour de 17 degrés à la campagne mais reste à 22, 23, voire 25 degrés en villes. Si notre organisme est capable de supporter 40 degrés pendant la journée, il a besoin d'une phase nocturne de récupération autour de 18 degrés."  

Des solutions à la pelle

Côté solutions, "il faut déjà faire preuve de réalisme. Il faut loger les gens et prendre en compte les contraintes fortes de préservation des bâtiments historiques". Pas question pour lui de repeindre en blanc l’opéra de Rennes. Mais les solutions sont nombreuses et variées.

On peut jouer "sur la couleur des sols et sur la nature des matériaux", avance-t-il. Lors de la rénovation ou la construction de bâtiment " le choix des matériaux de façades est primordial, explique Marie Volodos, architecte. Il faut privilégier des matériaux avec un albédo élevé : le blanc, c'est mieux que le noir. Il conserve moins la chaleur, comme pour vos vêtements. L’inertie du matériau a aussi son importance, il faut une inertie faible. Le bois « stocke » moins la chaleur que du zinc ou du bitume." 

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Pour elle, il est primordial de privilégier "les architectures bioclimatiques : Il faut bien concevoir le logement (exposition, protection solaire, ventilation, organisation spatiale, isolation). Cela permet de limiter, voir supprimer, l’utilisation de la climatisation".  

"Il faut également privilégier le low-tech plutôt que le high-tech. Cela permet de limiter les énergies nécessaires à l’utilisation de matériel, ça limite la chaleur émise par les machines. C’est plus respectueux de l’environnement, moins coûteux et meilleur pour la planète."

La végétation et la perméabilité des sols ont un rôle essentiel pour les villes de demain.

Marie Volodos- architecte

Côté urbanisme, il y a aussi des choses à faire. Plus de parcs, plus de surfaces végétalisées.  En effet, "les sols perméables favorisent l’évaporation, détaille Marie Volodos. Et la transpiration des végétaux rafraîchit l’air. La végétation et la perméabilité des sols ont un rôle essentiel pour les villes de demain. Et ça se réfléchit aussi à l’échelle d’une parcelle. Chacun à un rôle à jouer : limiter la construction en surface au sol, privilégier la hauteur dans la mesure du possible. En privilégiant une végétation et la perméabilité de son jardin, on peut contribuer à limiter l'effet d'îlot de chaleur urbain." Attention à ne pas bétonner son jardin !

Mais attention à ne pas planter tout et n’importe quoi ! " Il faut prendre garde aux espèces introduites, prévient Vincent Dubreuil. Il faut des arbres tolérants au climat actuel et aux températures futures. Le climat sera plus sec et chaud. Il faudra gérer l’eau aussi. Sans eau, l’arbre ne transpire pas." Un peu de bon sens ne fait pas de mal non plus : " c’est bien de planter, mais c’est surtout essentiel de préserver quand c’est possible. Il faut faire attention ne pas enlever les arbres déjà présents."

L’exemple du sud de l’Europe

"On remarque bien que les villes sont pensées différemment entre le sud et le nord, s’enthousiasme Marie Volodos. Au sud, on privilégie des rues étroites pour limiter l’apport de soleil qui chauffe les rues et les façades. C’est bien sûr plus facile à appliquer pour un nouveau quartier ou un lotissement, mais cela n’empêche pas de s’en inspirer. Il existe aussi des systèmes de protection solaire avec parfois des installations plus ou moins éphémères dans les rues. Au Portugal ou en Italie, des communes installent des toiles de couleurs qui vont d’une façade à une autre." Les points d’eau aussi peuvent aider à rafraichir l’air : fontaine, mur d’eau, etc.

"Il y a beaucoup de choses à faire au niveau du réchauffement climatique, conclut Vincent Dubreuil. Mais pour cela, il faut un vrai engagement." À ce propos, les collectivités peuvent aller voir les notices de l’ADEME. Elles proposent de nombreuses solutions pour les élus. 

Les petites villes aussi devront s’y mettre 

Le littoral est plutôt épargné par le phénomène. "Dans ces villes côtières, le rafraîchissement est favorisé par l'effet tampon de la mer et l’océan, explique le géographe. Mais toutes les autres villes sont touchées par le phénomène d’îlot de chaleur, peu importe leur taille. Vitré est aussi touchée. Nous y avons observé des îlots de chaleur de 4 degrés. Dans des villes de 5000 habitants, c’est moins fréquent, moins fort, mais pas inexistant."  

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