JUSTICE. "J'ai cru mourir." Prison avec sursis pour les manifestants ayant attaqué un hôtel 4 étoiles de Rennes

Prison avec sursis, interdiction de manifester et interdiction de détenir une arme. Les trois manifestants qui avaient attaqué le 15 mars 2023 le nouvel hôtel quatre étoiles du centre-ville de Rennes, en marge d'une mobilisation contre la réforme des retraites, ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Rennes. Ils avaient commis des violences à l'encontre des deux vigiles de l'établissement.

"J'ai cru mourir ce jour-là." Le directeur de l'agence de sécurité intervenu le 15 mars 2023, lors des manifestations contre la réforme des retraites, pour protéger l'hôtel Mama Shelter, un établissement 4 étoiles du centre-ville de Rennes, n'avait pu "retenir ses larmes" en racontant les faits aux enquêteurs. Il voulait simplement remplir "sa mission de protection de l'établissement".

Avec un de ses collègues, ils avaient été attaqués par une centaine de militants d'ultragauche. L'un d'eux avait eu "l'oreille tranchée" par "une lame" - une "machette" dont il s'était emparé pour se défendre - tandis que son collègue avait reçu "des coups de marteau".

Les deux agents de sécurité avaient aussi été aspergés de gaz lacrymogène.

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"Violences aggravées et dégradations"

Revenant sur cet évènement tragique, le tribunal correctionnel de Rennes a condamné, ce jeudi 9 novembre 2023, les trois membres de l'ultragauche âgés de 23 ans pour les "violences" qu'ils avaient commises.

Les frères jumeaux ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel pour "violences aggravées". Le troisième était aussi jugé pour des "dégradations" commises dans deux hôtels et une agence immobilière de la place des Lices et pour avoir refusé de se soumettre aux relevés signalétiques au commissariat.

Dissimulés derrière des masques chirurgicaux et de plongée

Les manifestants étaient "dissimulés par des capuches, des masques chirurgicaux et de plongée" mais les enquêteurs sont parvenus à identifier l'un d'eux par le biais de son "gilet marron" et de sa "corpulence". Ils ont aussi reconnu "le regard" d'un des frères sur les multiples vidéos jointes à la procédure, tournées par des riverains et des journalistes.

Mais tous les trois nient avoir commis ces faits : les frères jumeaux n'étaient tout simplement "pas présents" à la manifestation tandis que le troisième - qui s'est reconnu sur certaines images - conteste en être l'auteur.

Note blanche des renseignements

Une "note blanche" des policiers des renseignements territoriaux a manifestement facilité leur identification : tous trois sont membres du groupe "Défense Collective", dit "DefCo" - dans le viseur du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qui avait annoncé en avril 2023 sa "dissolution" dans les colonnes du Journal du Dimanche (JDD).

"On s'en prend à des salariés qui viennent assurer la sécurité de l'établissement pour gagner leur vie, c'est ceux-là qu'on attaque à coups de marteau" a grincé Me Jérôme Stéphan, l'avocat de l'hôtelier, qui chiffrait les dégradations à 20.000 euros, les protections installées ensuite à 10.000 euros et enfin l'atteinte à l'image et la perte d'exploitation à 5.000 euros.

"Des limites infranchissables dépassées"

Le procureur de la République, a estimé que, dans cette affaire, "nous avons franchi des limites infranchissables dans une société démocratique avec des individus qui voulaient s'en prendre à cet 'hôtel de gros bourges' au mégaphone". Le représentant du parquet a réclamé des peines mixtes, comprenant un an de prison ferme pour chacun des trois prévenus.

Pour les avocats de la défense, Mes Delphine Caro et Olivier Pacheu, "dans ce dossier mal fichu, il n'y a absolument rien pour identifier les responsabilités individuelles" ont-ils affirmé. Ils ont donc réclamé des relaxes pour leurs clients. 

Selon les deux avocats rennais, une grande partie de ce dossier de 1.200 pages repose "sur le rapport du Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco) à partir duquel on a essayé de faire rentrer des ronds dans des carrés" et de retrouver, dans les vidéos, les individus désignés.

L'un des trois prévenus a été condamné à deux ans de prison avec sursis et à une interdiction de participer à une manifestation pendant trois ans. Il devra aussi rembourser les dégâts à hauteur de 21.000 euros.

Les frères jumeaux ont quant à eux été condamnés à dix-huit mois de prison avec sursis. Tous ont interdiction de détenir une arme pendant trois ans.

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