Alors que Rennes accueille la marche des fiertés ce samedi 17 juin, une banderole homophobe a été découverte flottant au sommet d'une grue de chantier ce matin. Une banderole, signée par une croix celtique et rapidement décrochée par les pompiers.
"Fuck LGBT", c'est le message homophobe que les passants médusés ont découvert ce matin, hissé en haut d'une grue, à 60 m de hauteur, sur le chantier d'un immeuble d'habitations rue de Nantes à Rennes.
"Je trouve ça ridicule, assène Chloé 21 ans, employée aux galeries la Fayette à Rennes. C'est vraiment une perte de temps. Pourquoi s'embêter à monter pour afficher ça ? Les gens font ce qu'ils veulent de leur corps. "
"La liberté c'est pour tout le monde", complète Jocelyne, 83 ans qui découvre le message battant au vent.
Une banderole rapidement décrochée
Arrivés sur place vers 9h, les policiers du commissariat de Rennes constatent que la trappe d'accès à la flèche de la grue est verrouillée. Ils doivent faire appel au groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux (GRIMP). Une heure plus tard, quatre d'entre eux parviennent en haut de la grue et décrochent la banderole de 11m sur 5m.
Deux enquêtes sont en cours : l'une concernant le caractère homophobe du message, l'autre la violation de l'accès au chantier.
Le message est signé par ce qui semble être une croix celtique, symbole souvent repris par les groupes identitaires d'extrême droite. Et le jour ne semble pas avoir été choisi au hasard. La marche des fiertés doit s'élancer dans quelques heures dans le centre-ville de Rennes.
"On n'est pas surpris", assure Emma Guiguen, présidente de l'association Iskis centre LGBTI + Rennes, l'une des organisatrices de la marche. "Cela fait plusieurs mois que la fachosphère s'agite à Rennes", ajoute la jeune femme en énumérant les derniers faits d'armes attribués aux groupes identitaires : étudiants colleurs d'affiches passés à tabac, atelier sur l'égalité des genres à Saint Senoux animé par des artistes drag-queens et perturbé par des militants d'extrême droite.
Un constat partagé par Nathalie Appéré, la maire de Rennes, outrée par le message :
"Cette idéologie n'est pas une simple opinion intolérante, elle est un délit. Nous n'oublions jamais la visée politique qui sous-tend ces actions : en stigmatisant des catégories de population, l'extrême droite s'attaque à la cohésion sociale, pour provoquer la peur et en tirer un bénéfice électoral."
Nathalie Appéré, maire de Rennes
"C'est un jour de célébration, on ne va pas faire de psychose."
"Les agressions homophobes, ce n'est pas nouveau mais on voit que là, c'est plus organisé", analyse la jeune militante. "Et puis quand on normalise le discours décomplexé de l'extrême droite sur l'immigration via les médias ou les politiques, ça l'enhardit aussi sur d'autres thématiques."
À quelques heures du début de la marche des fiertés, les organisateurs assurent avoir été vigilants quant au dispositif de sécurité, imaginé en concertation avec la ville, la préfecture, les renseignements généraux et la police. "C'est un jour de célébration, on ne va pas faire de psychose."
Une marche des fiertés que "Rennes [...] a été la première à organiser après Paris en 1994", rappelle Nathalie Appéré.