"Nous sommes entrés dans la permacrise", en 2023, les défaillances d'entreprises bretonnes au plus haut

2.165 procédures de redressement ou liquidations judiciaires d'entreprises ont été enregistrées, en Bretagne, en 2023. Soit une augmentation de 34 % par rapport à 2022. Principales victimes : les très petites entreprises de moins de 10 salariés qui souffrent d'un manque de financement et se tournent vers le micro-crédit.

Depuis 4 ans, les entreprises ne cessent de ressentir les contrecoups de la crise du Covid. En 2023, la Bretagne connaît à nouveau une hausse des défaillances d'entreprises.

Le mauvais score de la Bretagne

En2023, 2.165 procédures de placement ou liquidation judiciaire ont été recensées soit une augmentation de 34 % par rapport à 2022. La région bretonne s'approche du mauvais score de la moyenne française. Selon Thierry Millon, directeur des études du groupe ALARES, spécialisé dans l'étude de la conjoncture des entreprises, "le seuil des défaillances, s'il est élevé, n'est pas une surprise." L'analyste y voit un "cocktail" composé d'activité en berne, de niveau d'inflation élevé mais aussi de taux d'intérêt importants et d'une consommation qui flanche.

C'est l'Ille-et-Viliane qui subit le plus intensément ces défaillances d'entreprises.718 défauts en 2023 soit + 46 %

Thierry Millon

Directeur des études, Groupe Antarès

En Bretagne, c'est l'Ille-et-Viliane qui subit le plus intensément ces défaillances d'entreprises. 718 défauts en 2023 soit + 46 %. Puis le Finistère avec 529 défaillances (+34 %) et les Côtes-d'Armor avec 377 défauts soit + 25 %. Le département du Morbihan est l'un des départements français qui vit la dégradation la moins rapide depuis 2019.

Le secteur de la construction, première victime

Parmi les secteurs les plus touchés par les défaillances en Bretagne en 2023, celui de la construction qui enregistre à lui seul près d'un quart des cas. 475 défauts en 2023 soit une hausse de 39 %. Le bâtiment est particulièrement touché avec 400 défaillances dues à la crise dans la construction de maisons individuelles. Concerné aussi, le secteur de l'immobilier avec une augmentation de 72 % des défaillances.

Enfin, le secteur industriel est lui aussi dans la tourmente, avec 190 interventions pour défauts. Le plus touché, l'agroalimentaire en hausse de 80% avec 110 défaillances

Les entreprises sont entrées dans une période de permacrise

Thierry Millon

Directeur des études, Groupe Antarès

En Bretagne comme partout en France, les entreprises sont "entrées dans une période de permacrise depuis 4 ans" observe Thierry Millon. Une crise qui trouve ses origines dans le choc lié à la période du Covid. Si les aides gouvernementales pour soutenir le monde économique ont permis d'aplanir les difficultés, elles n'ont pas permis d'éviter le pire pour certaines entreprises.

Le microcrédit pour aider les finances des TPE

Selon l'expert, les entreprises bretonnes vivent une nouvelle phase plus structurelle "davantage liée aux insuffisances financières dans un environnement économique extraordinairement tendu."

Pourtant, des solutions existent pour trouver des financements pour les TPE, les entreprises les plus fragiles face aux défaillances. C'est le cas du microcrédit qui connaît un véritable engouement. Parmi les acteurs bretons, l'ADIE, l'association pour le droit à l'initiative économique.

Une structure vers laquelle Tania Manokaka s'est tournée. Cette jeune femme, titulaire d'un master en marketing et commerce international, a monté son entreprise de services auprès des entreprises après avoir été salariée pendant quinze années.

Un microcrédit de 8000 euros pour financer du matériel professionnel

Tania Manokaka

Gérante société "LetPer"

Elle décide de reprendre une laverie en libre-service. Rapidement, elle développe des offres complémentaires et voit l'activité de sa TPE s'accroître. "On a commencé petit à petit avec les entreprises. Nous avons été contactés par des traiteurs, des restaurateurs, des médecins, des cabinets médicaux" indique la jeune entrepreneuse. Pour faire face à cette augmentation d'activité, elle embauche deux personnes en contrats aidés et, pour l'achat de matériel, sollicite sa banque pour un prêt. Une demande qui lui est refusée.

Finalement, c'est l'ADIE qui va faire confiance à la cheffe d'entreprise en lui octroyant un microcrédit de 8000 euros. "La banque ne nous a pas suivis car nous n'avions pas trois années de bilan. L'ADIE, avec ce microcrédit, nous a permis de financer une calandreuse (machine à repasser entre deux cylindres) et une table à repasser professionnelle rectangulaire" précise Tania Manokaka. Une aide financière qui a permis de sauver l'activité de la toute jeune entreprise.

De plus en plus de Bretons choisissent l'entrepreunariat

Fabienne Kerzhéro

Directrice ADIE Grand-Ouest

En 2023, l'ADIE Bretagne a permis d'accompagner 653 porteurs de projets grâce au microcrédit mais aussi en formant les dirigeants des TPE. Selon Fabienne Kerzhéro, directrice de l'ADIE Grand Ouest, "de plus en plus de Bretons choisissent la voie de l’entrepreneuriat. De jeunes, des séniors et aussi de plus en plus de femmes décident d’être indépendants et se développent dans le domaine de la proximité, des services aux personnes et aux entreprises."

Un dispositif anti-crise et anti-défaillances car, selon l'ADIE, "les personnes soutenues restent durablement insérées sur le marché du travail 2 à 3 ans après la création de leur entreprise."

Une solution qui permet de solidifier les finances des TPE et de lutter contre les défaillances précoces de ces entreprises.

(Avec Maylen Villaverde)

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