Redressement judiciaire de Scarabée-Biocoop. Les fournisseurs dans l’attente

Le 26 octobre 2022, Scarabée Bioccop a été placée en redressement judiciaire. Une période délicate pour les 204 salariés des 13 magasins rennais. Un moment difficile aussi pour ses fournisseurs. Des fermes, des maraichers, des petites laiteries : 250 entreprises dont les trésoreries risquent de souffrir de la situation.

"Notre avocat nous a expliqué que quand une entreprise est placée en redressement, ses factures des deux mois précédents sont gelées, explique Arnaud Daligault, vice-président d’Agrobio 35 et lui-même fournisseur de la coopérative biologique. C’est une manière de l’aider à se sortir des difficultés. Mais pour les fournisseurs, deux mois de livraisons impayées, cela peut représenter des sommes importantes. Les ardoises vont de 500 à 40 000 euros ! "

Scarabée Biocoop a été placée en redressement judiciaire le 26 octobre. Trois magasins ont même fermé leurs portes début décembre. Dans un communiqué, la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine s’inquiète. "Ces créances impayées mettent les producteurs concernés dans des difficultés de trésorerie difficiles à surmonter."

"C’est la procédure, constate Arnaud Daligault. On ne peut pas faire autrement. C’est comme cela pour tous les fournisseurs/ Qu’il s’agisse de petites exploitations qui produisent des fruits et des légumes, du fromage ou que l’on ait affaire à des industriels qui fabriquent des produits secs ou des conserves. 
On a des factures qui n’ont pas été payées, alors parfois, on tarde un peu à régler les nôtres. "

Les agriculteurs d'Agribio 35 se sont réunis immédiatement et à plusieurs repises après l'annonce de cette mise en redressement pour un soutien organisationnel, juridique et moral. 

Effet domino

Le danger c’est qu’une entreprise en difficulté entraine les autres dans son sillage. Un impayé peut faire un gros trou et condamner une autre entreprise, puis une autre… et cætera.

"Quand on voit une facture non honorée de 40 000 euros, on se dit ouille… Mais cela peut être aussi difficile pour celui à qui il ne manque que 500 euros. Parce que c’est peut être une toute petite structure qui vient de se monter et pour qui ses 500 euros sont vitaux. Alors qu’une plus grosse somme peut faire moins souffrir une entreprise installée qui a les reins solides", indique le producteur.

Loïc Guines, président de la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine et producteur de lait biologique invite donc les agriculteurs "à faire valoir leurs droits" et à se tourner si besoin vers la structure de la Chambre d’agriculture, la cellule REAGIR *, qui peut leur venir en aide. "Si besoin, on est là pour vous accompagner", insiste Loïc Guines. 

Le bio en crise ?

"Car cette situation qui touche plusieurs enseignes de la distribution en produits bio constitue une alerte et invite à une analyse sur les évolutions et attentes des consommateurs, dans une période économique et sociale caractérisée par de nombreuses incertitudes", écrit la Chambre d’agriculture.  

"En 2020, on a encensé la bio jusqu’au ciel et aujourd’hui, parce qu’il y a une petite baisse, on veut tout stopper au risque de laisser les producteurs le bec dans l’eau. On les laisse tomber alors qu’on a besoin d’eux ? ", s’indigne Loïc Guines. 

"La part des dépenses d’alimentation est passée de 29 % du budget des ménages en 1960 à 17 % en 2019 ", rappelle le président de la Chambre d’agriculture. "Sur 100 euros de produits achetés, seuls 6 à 8 euros reviennent à l’agriculteur, c’était 10 ou 15 il y a 15 ans."

Arnaud Daligault refuse de céder au catastrophisme ambiant autour de l’agriculture biologique. "Pendant des années, on avait une progression à deux chiffres. Ça ralentit, mais l’agriculture biologique n’est pas finie, au contraire, on prouve qu’elle répond à des enjeux sociaux, climatiques, environnementaux. Ce que nous faisons est bon pour la planète, bon pour le sol, pour l’air et l’eau. Il doit y avoir un rééquilibrage des aides. "

Les agriculteurs espèrent que Scarabée remontera rapidement la pente. "Nous avons besoin de la coopérative, comme elle a besoin de nos produits", résume Arnaud Daligault. Il rassure : "La plupart des fermes ont continué à produire et à livrer leurs légumes, leurs yaourts ou leur viande à Scarabée et ces marchandises leur sont payées dans la semaine. "

Quant aux factures gelées des mois de septembre et d'octobre, la loi donne 10 ans à l'entreprise en redressement pour les honorer. 

  *Contact cellule REAGIR 35. Reagir35@bretagne.chambagri.fr. 06 22 53 20 53. 

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