Quatre faucheurs volontaires ont comparu ce mardi 17 janvier 2023 devant la Cour d'appel de Rennes. La justice leur reproche de s'être attaqué à la peinture à des bidons de glyphosate dans des jardineries du pays de Quimperlé et de Lorient en 2016. Les militants plaident l'état de nécessité et continuent d'alerter sur les risques de l'herbicide.
Ils ne regrettent rien. Ce jour de mars 2016, ils sont une trentaine à participer à des opérations simultanées dans des jardineries du Finistère et du Morbihan. Objectif : couvrir de peinture des bidons de glyphosate pour les rendre impropres à la vente.
On a fait cette opération en 2016, parce qu'à ce moment là le glyphosate était soi-disant interdit de vente et ça n’était toujours pas appliqué. Dans les semaines suivantes, l’interdiction de vendre du glyphosate aux particuliers a été mise en oeuvre.
Claude Bonnin, membre du Collectif des Faucheurs volontaires d'OGM
Quatre d'entre eux, appartenant au Collectif des Faucheurs volontaires ont écopé d'une amende de 200 euros. Ils ont fait appel. Et se retrouvent de nouveau devant la justice. L'occasion de remettre au coeur du débat public une question de société qui ne trouve pas de solution politique.
Remettre le glyphosate au cœur du débat public
"Nous, on est condamnés pour avoir mis de la peinture sur des bidons mais pendant ce temps-là d’autres ne sont pas condamnés alors qu’ils polluent les terres, tuent des gens. Y’a des cancers, ces produits sont vraiment terribles et ils étaient accessibles à n’importe qui" s'emporte Marie-Lise Rondeau,
Faucheuse volontaire.
En contact avec les collectifs de victimes des pesticides, les militants constatent les dégâts sur la santé de ceux et celles qui utilisent ces produits. Ils profitent de ce nouveau procès pour alerter.
2019, le glyphosate est enfin interdit à la vente aux particuliers. Là on se dit, ils se rendent compte qu’il se passe quelque chose. Et en 2023, le produit n'est toujours pas interdit aux agriculteurs qui sont les principaux utilisateurs. Moi ça me révolte. Comment on peut nous prendre pour des imbéciles à ce point-là ?
Marie-Lise Rondeau, faucheuse volontaire
Pour leur avocat Jérôme Bouquet-Elkaïm, la démarche relève de la désobéissance civile. Ce spécialiste en droit de l'environnement plaide l’état de nécessité, une excuse pénale qui permet d'éviter une condamnation. "Une personne qui commet une infraction peut être excusée pénalement si elle a commis cette infraction pour mettre fin à un danger imminent qui menacerait des personnes ou des biens" explique l'avocat.
C’est illégal de saccager des bidons de glyphosate mais pour nous, c’est légitime, c’est une alerte
Claude Bonnin, faucheur volontaire
En 2021, en France, 7 800 tonnes de glyphosate ont été vendues.
"Aujourd’hui c’est l’anniversaire de ma petite fille qui va avoir dix ans, je ne sais pas dans quel monde elle vivra dans vingt ou trente ans. Ce dont je suis sûr c’est que les produits chimiques que l’on utilise depuis quarante ans, il va falloir que ça s’arrête urgemment" conclut Claude Bonnin.
La décision du tribunal a été mise en délibéré au 28 février.