Trois édifices de Rennes viennent d’être labellisés "architecture contemporaine remarquable" : l’église avant-gardiste Saint-Yves tout juste rénovée, les foyers rennais, et le couvent des filles de Jésus en plein centre-ville. Tous portent la signature "Perrin". Une même famille et trois générations d'architectes rennais. Visite guidée.
Un béton brut et une géométrie audacieuse, depuis une trentaine d’années, c'est un bâtiment qui participe de l’identité d’un coin de centre-ville, près des Champs Libres à Rennes. Il est l’œuvre de l’architecte Hervé Perrin : "Je sortais de l'école quand j'ai eu cette commande et il y a une grande part d'inconscience de ma part. C'est le projet qui a marqué vraiment mon parcours en fait", explique-t-il devant le béton gris d'une facade.
La supérieure qui était là a eu l'audace d'accepter le plan de cette construction mais ça répondait un peu à ce qu'on est, au milieu du peuple, mais au calme à l'intérieur, un peu comme dans les couvents, les ordres contemplatifs.
Soeur SuzanneCommunauté "Les Filles de Jésus" - Rennes
Rien ne l’indique au premier coup d’œil, mais la bâtisse appartient aux filles de Jésus. Lieu de vie de ces religieuses, mais également centre administratif d’une congrégation fondée dans le Morbihan. C’était en 1834 pour apporter soins infirmiers et enseignement au plus près des populations.
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Près de deux siècles plus tard, les sœurs ont souhaité rester en phase avec l’époque : "La supérieure qui était là a eu l'audace d'accepter le plan de cette construction mais ça répondait un peu à ce qu'on est, au milieu du peuple, mais au calme à l'intérieur, un peu comme dans les couvents, les ordres contemplatifs", raconte sœur Suzanne de la communauté les filles de Jésus.
De l’intérieur, le regard se porte sur les demeures anciennes ou l’activité de la rue mais les ouvertures restent discrètes pour servir ce calme voire ce recueillement, dans la chapelle par exemple : "On avait calculé la largeur de la faille parce que quelques centimètres de plus, ça peut être une fenêtre, et ce n'était pas le but", précise l'architecte Hervé Perrin.
"Il y a une signature"
C’est à un autre bout de la ville que les cloches résonnent. C'est l'église Saint-Yves, réalisation Perrin elle aussi, mais Yves Perrin, le père d’Hervé. "Il y a une signature : le clocher toujours dissocié du reste de l'église et les cloches complètement découvertes".
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Yves Perrin a réalisé une dizaine d’églises dont plusieurs sur ce principe. Une particularité que l’on retrouve à Saint-Laurent ou Saint-Clément à Rennes par exemple : "Quand les gens viennent pour les célébrations, ils sont vraiment émerveillés par l'architecture et le bois qui se marie avec les bancs. Tous ceux qui viennent pour la première fois ressentent comme une symbiose entre l'art et le sacré", résume le Père Euloge Abré, de la paroisse Bienheureux Marcel Callo.
Une connexion déjà recherchée par Hyacinthe Perrin, le grand-père d’Hervé qui a réalisé hôtels particuliers ou bâtiments d’entreprises, est surtout connu pour être l’architecte de l’église Sainte-Thérèse à Rennes dès 1934. Trois générations de Perrin, voilà qui peut rassurer avant de commander une église ou un couvent. Même si Hervé précise qu’il n’en a jamais fait une vocation.
(Avec Eric Pinault)