Visite de Bruno Retailleau à Rennes. "Des voitures, des drones et des ordinateurs dignes de ce nom", les syndicats de police demandent des moyens humains et matériel

Bruno Retailleau sera de passage à Rennes ce vendredi 1ᵉʳ novembre. Cette visite fait suite à une fusillade en lien avec le trafic de drogue, qui a grièvement blessé un enfant de cinq ans. Les syndicats de police réclament entre 114 et 150 postes supplémentaires.

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Encore un fait de violence dans le quartier de Maurepas. Ce mercredi 30 octobre vers 19h, deux hommes ont été passés à tabac par une dizaine de personnes. Selon les premières informations, il s'agirait de deux Nantais qui ont été pris à partie par un groupe de dix personnes du quartier. Une violente altercation a éclaté.

Un des deux Nantais réussit à prendre la fuite, l'autre blessé au visage et à l'épaule est emmené au CHU par un habitant. Le procureur de la République de Rennes confirme ces faits, mais précise qu'aucune plainte n'a été déposée.

S'il n'est pas possible, à ce stade, de faire le lien direct entre cette histoire et le trafic de drogue, les syndicats de police, eux, n'ont pas beaucoup de doutes.

Maurepas, un quartier devenu emblématique

Cet événement intervient, alors que depuis dimanche 27 octobre, la CRS 82 patrouille dans le quartier chaque nuit. Cette compagnie, créée fin 2023, est spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines et le trafic de stupéfiants. Elle a été déployée à Maurepas après qu'un enfant de 5 ans a été blessé par balle.

À LIRE : Enfant de 5 ans blessé par balles. Le trafic de drogue peut-il se calmer avec le déploiement de la CRS 82 ?

Cet événement dramatique, très médiatisé, avait déclenché une réaction martiale du ministre de l'Intérieur sur les réseaux sociaux.

Le trafic de stupéfiants gangrène ce quartier de Rennes depuis des années, et les faits, d'une violence extrême, se sont multipliés ces derniers mois.

À LIRE :Fusillade à Rennes. Le procureur détaille le double-meurtre dans le quartier de Maurepas

Pour les représentants syndicaux de la Police Nationale, la venue du ministre de l'Intérieur, est une nouvelle occasion de réclamer des moyens à la hauteur de leurs missions.

115 à 150 fonctionnaires de police supplémentaires nécessaires

Tous les syndicats de police sont unanimes : il faut des moyens supplémentaires. Des moyens humains mais aussi des moyens matériels. Cependant, tous les syndicats n'avancent pas les mêmes chiffres.

Pour David Leveau, de SGP-Police FO, il faudrait renforcer les effectifs des policiers sur la voie publique de 85 personnes, auxquels il convient d'ajouter une trentaine d'enquêteurs pour traiter les affaires. "Il faut davantage de policiers pour assurer une présence 24 heures sur 24. Mais il faut aussi plus d'enquêteurs pour traiter les affaires qui sont remontées du terrain, sinon ça ne sert à rien" explique le secrétaire régional SGP Police FO.

Le syndicat Alliance, qui précise avoir actualisé les besoins service par service, estime que ce sont plutôt 150 postes supplémentaires qui sont nécessaires au bon fonctionnement de la police nationale à Rennes, et 176 sur le département d'Ille-et-Vilaine.

"Le SISTC (service interdépartemental de sécurisation des transports en commun) devait être dotée de 54 policiers. Actuellement, en octobre 2024, ce service ne compte en réalité que 22 personnes"

Frédéric Gallet, secrétaire régional du syndicat Alliance

Les chiffres paraissent très importants mais le syndicat Alliance assure qu'ils ne sont pas gonflés arbitrairement. "La SISTC (service interdépartemental de sécurisation des transports en commun) devait être dotée de 54 policiers. Actuellement, en octobre 2024, ce service ne compte en réalité que 22 personnes" détaille Frédéric Gallet, secrétaire régional du syndicat Alliance. La création à Rennes d'un SISTC avait été annoncé en novembre 2022 par Gérald Darmanin.

À Cesson-Sévigné, une direction des services de police a été annoncée, qui regrouperait la police nationale et la police municipale. "Pour la DSP de Cesson il faudrait 15 personnes minimum" compte David Leveau.

Frédéric Gallet poursuit : "le directeur veut créer une compagnie d'intervention en soirée. Pour cela, il faut 15 personnes en plus. Aussi, le gouvernement annonce un durcissement des mesures envers les migrants, donc il va falloir renforcer les effectifs des centres de rétention administrative".

À tout cela, les deux représentants syndicaux n'oublient pas d'ajouter les renforts d'investigation indispensables, estimés entre 24 et 30 personnes.

À LIRE AUSSI : Fusillade à Rennes. Face aux narcotrafiquants, la police réclame "plus de moyens". "Il faut s'attaquer aux têtes de réseaux"

Des voitures et des ordinateurs qui fonctionnent

Outre les moyens humains, les policiers réclament, depuis des années, du matériel qui fonctionne. "Des voitures, des drones et des ordinateurs dignes de ce nom... pas de 10 ans d'âge !", dit Frédéric Gallet à titre d'exemple.

Une cagnotte leetchi a été ouverte pour une cour de détente pour les chiens de la canine car l'administration ne veut pas payer

Frédéric Gallet, secrétaire régional Alliance Police 35

Les locaux devraient aussi être rafraîchis et sécurisés. "Les salles de gardes à vue nécessiteraient d'être refaites à neuf pour des bonnes conditions de retenues et de bonnes conditions de travail pour les collègues" estime le représentant Alliance. Il évoque aussi la nécessité de créer une cour, un lieu de détente, pour les chiens de la canine. "Une cagnotte leetchi a été ouverte car l'administration ne veut pas payer..." conclut Frédéric Gallet.

Classement de Rennes en secteur difficile

Les syndicats et de nombreux élus plaident pour le classement de Rennes en secteur difficile. Cette classification serait "une reconnaissance du climat de violence et du trafic de drogue" explique Frédéric Gallet. Ce serait aussi et surtout un moyen d'obtenir un renforcement des effectifs et des moyens matériels supplémentaires. Pour les policiers, cela s'accompagnerait d'une revalorisation des salaires, "ce qui permettrait d'améliorer l'attractivité des postes" argumente le représentant du personnel. En métropole, 15 secteurs sont classés en secteur difficile.

Les représentants syndicaux de la police nationale devraient rencontrer les conseillers du ministre de l'Intérieur ce vendredi 1ᵉʳ novembre dans l'après-midi.

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