Drapeaux, chants et cheval en tête de cortège, un collectif de réfugiés Ukrainiens et de militants Bretons s’est opposé à la présence du Shtandart sur la semaine du Golfe ce jeudi 18 mai. La présence du pavillon russe, sur ce navire habitué de la fête maritime, ne passe pas. L’organisation défend la présence du voilier.
Le Shtandart, navire géant, réplique d’une frégate russe du 18e siècle suscite l’indignation d’un collectif sur les rives de la semaine du Golfe, ce jeudi 18 mai 2023. “Que ce navire soit présent, c’est inacceptable et c’est illégal” lâche Bernard Grua porte-parole du collectif No Sthandart in Europe.
Un pavillon russe en Bretagne, c'est inacceptable.
Bernard Grua porte-parole du collectif No Sthandart in Europe.
Ce Morbihannais est l’organisateur de la manifestation regroupant une quarantaine d’Ukrainiens et de Bretons venus de Rennes, Brest ou Nantes pour exprimer leur colère. “C’est un joli bateau mais ça place n’est pas ici” réagit Petro, Nantais venu en famille pour défendre les couleurs de l’Ukraine. “Ce navire affiche le pavillon russe, celui de Poutine. Le capitaine du Shtandart affiche sa position par cet acte” réagit le jeune père de famille. “Que la Bretagne et la semaine du Golfe soient associées à cette image me provoque un vif écœurement”.
Depuis des semaines, le collectif No Sthandart in Europe manifeste contre l’accueil de la frégate russe sur la semaine du Golfe. Des actions symboliques se répètent comme celle de ce jeudi midi, mise en place devant l’embarcadère de Port Blanc.
Drapeaux, chants et une manifestante sur son cheval
Des dizaines de drapeaux jaune et bleu sont brandies par la quarantaine de manifestants devant les passagers qui attendent leurs navettes pour la grande fête maritime.
En tête de cortège, une manifestante montée sur un cheval blanc, à la crinière tressée, porte une cape aux couleurs ukrainiennes. En amazone sur sa monture, elle se penche en arrière pour faire cabrer son cheval. Derrière elle, une chorale de femmes ukrainiennes chante l’hymne nationale de leur pays. Si la scène est impressionnante, elle ne bouscule pas l’organisation des visiteurs.
L’échange entre manifestants et promeneurs ne prend pas. Les futurs passagers ne semblent pas partager la lecture du collectif. Des critiques se murmurent. Les familles évitent le petit cortège.
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La présence de ce bateau ne changera rien.
Anastasia. Réfugiée Ukrainienne à Vannes
Au milieu, des allées une jeune ukrainienne de 15 ans ne prend pas part à la manifestation. “La présence de ce bateau ne change rien” souffle Anastasia, 15 ans dont le père est toujours dans leur ville de Dnipro à 200 kilomètres de Kharkiv. La jeune femme, réfugiée à Vannes s’investit comme bénévole auprès de la SNSM durant la semaine du Golfe.
Nous n'avons aucun droit d'interdire la présence du Shtandart.
Poulig Belenfant. Coordinateur général de la semaine du Golfe
“Nous n’avons aucun droit d’interdire à ce bateau de participer à la semaine du Golfe” affirme Poulig Belenfant, coordinateur général de la fête maritime. “Nous avons interrogé l’Etat dès le 23 janvier 2023, la réponse est claire. Le Shtandart ne fait pas partie des sanctions contre la Russie.” Dans sa réponse, la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières précise à l’organisation de la semaine du Golfe que “le navire russe Shtandart, connu de nos services n’appartient pas à une entité listée par les sanctions européennes”. Poulig Belenfant liste les services de l’Etat que l’organisation a sollicité : secrétariat à la mer, secrétariat aux affaires européennes, douanes. La réponse officielle est toujours la même : le Shtandart peut venir participer aux fêtes maritimes en France.
Un capitaine russe par sa mère et ukrainien par son père
Pour le collectif No Shtandart in Europe, le capitaine du navire est un proche de Vladimir Poutine. “Vladimir Martus, le capitaine du Shtandart est proche du pouvoir russe. Il a représenté le régime russe dans une mission officielle sous le patronage de Poutine” accuse Bernard Grua, organisateur de la manifestation. Pour lui, les positions anti-russe du capitaine du navire ne sont pas compatibles à son passé.
Un son de cloche que réfutent les organisateurs de la semaine du Golfe. “Le capitaine a affiché publiquement son opposition au régime et à la guerre en Ukraine. S’il rentre en Russie, il sera confisqué par l’Etat russe. Son port d'attache est d'ailleurs à La Rochelle”. Pour faire entendre sa parole le capitaine, russe par sa mère et ukrainien par son père, a accueilli à bord ce jeudi 18 mai une journaliste ukrainienne envoyée par la Maison de l’Europe du Morbihan.