TEMOIGNAGES. Présidentielle 2022. "Macron sur Minecraft, c’est ridicule". Même sceptiques, ces jeunes iront voter

Le premier tour de l’élection présidentielle approche à grand pas. Dans ce lycée de Vannes, un groupe de jeunes a joué le jeu du tour de table. Que pensent-ils de la campagne. Iront-ils voter ? Pourquoi ? La parole de jeunes Morbihannais sur la politique.

C’est dans le lycée Notre Dame de Ménimur à Vannes que rendez-vous est pris. A 5 jours du premier tour de la présidentielle, les jeunes paraissent les plus résolus à aller voter. Un sondage commandé par l’association étudiante la FAGE démontre une intention de vote à 80% chez les jeunes. Bien loin des 66% prédits dans la population totale.

J'irai voter parce qu’ils vont dicter ma vie.

Lison

Dans cette salle de classe, dix élèves âgés de 18 à 21 ans ont accepté de jouer le jeu et de raconter leur vision sur cette élection. Il y a ceux qui portent un regard intéressé, et ceux qui se sentent perdus. Lison, en terminale ST2S (sciences et technologie de la santé et du social) et Karen en terminale générale en font partie.

Toutes deux sont âgées de 18 ans et voteront pour la première fois même si les batailles politiques leur semblent absconses. "Je n’y comprends rien, ça reste très politique et ça ne m’intéresse pas, sourit Lison. Je ne vais pas me renseigner, j’entends des trucs." Et pourtant Lison ira glisser un bulletin dans l'urne "parce qu’ils vont dicter [s]a vie."
A ces côtés, Karen partage cet avis. Tous ces programmes lui semblent flous. Le concret de l’action politique dans sa vie quotidienne ? "Parcoursup, avance-t-elle après un moment de réflexion. Peut-être qu’un des candidats le supprimera ?"

Pour moi, la présidentielle, c’est la chasse aux Arabes.

Romane

La résonnance d’une décision politique dans le quotidien n’apparaît pas tout de suite à leurs yeux. Mais en y réfléchissant, les idées commencent à fuser : "L’école gratuite, les hôpitaux. Aux Etats-Unis, ils n’ont pas ce système de santé", constate Clara.

A 20 ans, elle poursuit un BTS en économie sociale et familiale (ESF) et attache de l’importance à la manière dont les candidats parlent des migrants.
Assise près d’elle, Romane, 20 ans, suit le même cursus et affirme ses idées avec conviction :  "Pour moi, la présidentielle, c’est la chasse aux Arabes", s’insurge-t-elle.

Bien sûr, la tradition familiale intervient dans leur choix. Parfois pour s’en inspirer, parfois pour s’en détacher. Chez Emma, 18 ans, en terminale générale, on parle politique. Normal avec un père, maire de sa commune. Elle aussi ira voter pour "ne pas laisser aux autres la possibilité de décider pour nous." Et pourtant, si les débats d’idées sont légion dans sa famille, la jeune fille ne voit pas les retombées concrètes des décisions de ceux qui nous gouvernent.

Internet, source d'informations

Pour se forger une opinion, ils se tournent vers internet. Oscar, 18 ans en terminale STMG (sciences et technologies du management et de la gestion), féru de politique regarde les meetings sur Youtube, est abonné aux alertes du journal le Monde et surfe sur les réseaux sociaux.    

Quand Marius évoque l’influenceur HugoDécrypte, présent sur TikTok et YouTube, tous approuvent. Ils apprécient les vidéos concises d’une minute qui décryptent certains points des programmes des prétendants à l’Elysée.

L’application Elyze leur sert aussi à se forger une opinion. Basée sur le modèle de l’application de rencontre Tinder, elle a été conçue pour faire venir les jeunes à la politique. L’utilisateur approuve ou rejette les propositions qui lui sont présentées. S'appuyant sur ces choix, l’algorithme propose le candidat qui semble correspondre à l’internaute.  

Macron est un politique, pas un gamer !

Romane

Les prétendants à l’Elysée prennent en compte ces nouveaux vecteurs d’information. Eux aussi investissent la sphère numérique pour atteindre ce public qui s’est détourné des média traditionnels. Pour ces jeunes lycéens et étudiants, les "meilleurs" sur TikTok, sont Mélenchon et Zemmour.
En revanche, "Macron sur Minecraft, c’est ridicule", tance Romane. C’est un jeu, pas un réseau social. Il ne faut pas aller trop loin. Macron est un politique, pas un gamer !" 

Trop de candidats pour les uns, trop de distance avec le peuple pour d’autres. Les idées s’affrontent. "Peut-on se présenter à une élection si on a un casier judiciaire ?" La réponse : un non catégorique pour Karen et Romane. Plus nuancée pour Oscar : "Mais si la personne a été jugée… Après tout c’est au peuple de trancher, tempère-t-il. On est en démocratie."

Le débat aurait pu durer des heures, tant il était passionnant. Mais la cloche sonne, retour en cours. Il y a des obligations dans la vie !

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