Présidentielle 2022. "On a été au bar, il y avait une ambiance révolutionnaire". Avec Mélenchon, le grand soir des petites communes du centre-Bretagne

Jean-Luc Mélenchon a remporté 20, 65 % des suffrages en Bretagne. Ce qui le place en deuxième position. Si la France avait voté comme les bretons, il serait qualifié pour le second tour. Au lendemain du vote, les militants de la France Insoumise oscillent entre déception, d’être passé si près; rage de retrouver encore l’extrême droite présente au second tour et espoirs pour les scrutins à venir.

"Les bretons ont choisi un autre second tour" résume Pierre-Yves Cadalen. "C’est sans doute dans notre histoire, ici, on parle souvent de Brest la Rouge… Le reste du pays n’a pas suivi, regrette -t-il, mais on va continuer à se battre."

Au soir du premier tour des élections présidentielles 2022, Jean-Luc Mélenchon a remporté 20,65 % des suffrages en Bretagne. Il est en seconde position dans le Finistère (avec 21,48 % des voix) et en Ille et Vilaine (22,20%). Le candidat de la France insoumise termine à la troisième place dans le Morbihan (18,02%) et dans les Côtes d’Armor (20,26%).

En 2017, déjà, le candidat de la France Insoumise était arrivé en deuxième position dans trois des quatre départements bretons. 

De bons scores dans les villes

 A Rennes, Jean-Luc Mélenchon arrive en tête devant Emmanuel Macron avec 36,31 % des voix. Dans les autres grandes villes bretonnes, il est au coude à coude avec le président sortant : à Brest, 28,17% (contre 28,76 au président sortant), à Saint-Brieuc, 27,49% (30,22% à Emmanuel Macron) ou à Quimper, 24,52% (33% pour Emmanuel Macron). Jean-Luc Mélenchon vire en tête à Douarnenez, arrive en seconde position à Saint-Malo, Fougères, Vitré et Redon.

"On gagne 10 points par rapport à la dernière fois se réjouit Gwénolé Bourrée, militant à Rennes. On a sillonné le terrain, on a été voir les gens pour les inviter à s’inscrire sur les listes électorales. Sur le bureau de Villejean, il y a eu 500 inscrits supplémentaires. On y fait plus de 50%. Cela montre qu’il y a un vrai engouement pour l’écologie et la justice sociale" analyse-t-il.

Comme à la campagne

Un engouement partagé dans un certain nombre de communes rurales. Jean-Luc Mélenchon aurait même été élu Président de la République dès le Premier tour à Trémargat, dans les Côtes d’Armor, où il a conquis 64,4% des électeurs. Mais aussi à Saint Rivoal, dans le Finistère,  où il a réuni 54,4 % des suffrages ou à Mellionnec  (53,9 %) et 52,9 Saint Nicodème (52,9 %).

François Salliou le maire de Trémargat n’est pas surpris, c’est le vote utile écolo qui a fonctionné dans cette petite commune se bat depuis des années pour le partage et une agriculture responsable. "Les électeurs ont voulu essayer d’éviter un second tour Macron- Le Pen. Personne ne s’est donné le mot, mais tout le monde a senti la même chose. Au moment du dépouillement, les gens étaient très contents, après on a été au bar, il y avait une ambiance révolutionnaire. Il est urgent que ça change, il y les préconisations du GIEC sur le climat. Il faut que l’écologie soit prise en compte." 


Mickaël Toullec, le maire de Saint Rivoal dans le Finistère n’est pas plus étonné. "On a toujours voté à gauche,  explique-t-il,  et ses dernières années, il y a beaucoup de jeunes qui sont venus s’installer dans la commune."

La population a augmenté de 24%. "Ceux qui viennent vivre à Saint-Rivoal, ce sont des gens qui ont envie de vivre différemment.  nous avons une école bilingue, une cantine bio, un tissu associatif qui bouge pas mal. On essaye de faire des chantiers collectifs pour nettoyer les chemins de randonnée ou le cimetière. Nous sommes une commune qui ne cherche pas à produire à tout va, mais à respecter la nature et l’environnement. En fait, c’est un vote cohérent." 

A deux doigts

Pour les militants de la France Insoumise, le réveil, ce matin, est un peu étrange. "On a tous vibré hier soir, témoigne aussi Laure Kergren., 22,2 % des voix au plan national, on était à la porte du second tour".

" A deux doigts d’un autre monde possible", Tao Cheret a du mal à cacher sa déception et sa colère. Colère face à ce second tour. Macron -Le Pen.

Hier soir, Jean-Luc Mélenchon a dit et répété que pas une voix ne devait aller à Marine Le Pen, mais il n’a pas appelé à voter Emmanuel Macron. "Pour les gens se serait inaudible, analyse Tao, pour eux, macron, c’est aussi pire que Le Pen. Ils se souviennent des APL, 5 euros de moins par mois, c’était autant de moins pour manger. "

"Le temps des consignes de vote est terminé, précise Marie-Madeleine Doré –Lucas, élue la France Insoumise à Pontivy. L’électeur est mature. Il sait ce qu’il a à faire. Si Emmanuel Macron avait mis en œuvre une politique un peu sociale, un peu de gauche… mais ce n’est pas le cas. On ne peut pas demander à avoir les voix de gauche quand on mène une politique de droite. "

 Une consultation en ligne des soutiens de Jean-Luc va se dérouler dans les jours qui viennent pour prendre une position sur la question.

Un bon signe pour les législatives ? 

"Nos idées progressent, se console Tao Cheret. On a fait trois points de plus qu’en 2017. Il y a maintenant en France clairement trois blocs, le bloc populaire que l’on incarne qui propose une autre société qui prend en compte les enjeux écologiques, sociaux et démocratiques. Le bloc de l’extrême droite qui ne propose que de diviser les français et le bloc néo-libéral qui nous offre que la même chose que ces dernières années, la destruction du service public et l’enrichissement des plus riches. "

"Cette nuit, on a eu des messages, des gens qui voulaient nous rejoindre pour continuer le combat," se félicité Laure Kergren.

"Il ne faut pas désespérer, on ne va pas baisser les bras, ajoute Marie-Madeleine Doré –Lucas, au contraire, cette soirée nous donne beaucoup d’espoirs. A Pontivy, on progresse de trois points. Nous sommes une force qui compte et qui dure, le combat n’est pas fini. Il faut que l’on se fasse entendre. Aujourd’hui, dans le pays, beaucoup de souffrance. La pauvreté grandit.

En 2017, Marie-Madeleine Doré –Lucas était candidate pour les législatives dans le Morbihan. Elle était arrivée au second tour et s’était inclinée devant la candidate de la REM.  "Oui, oui, oui, oui, je repars parce qu’on a des choses à dire. On va se battre pour qu’il y ait des députés la France Insoumise.

La campagne pour les législatives est déjà lancée. 

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