Annonces de Gabriel Attal : "La question du revenu n'est jamais traitée", les agriculteurs toujours en colère

À trois jours de l'ouverture du salon de l'Agriculture le Premier ministre a annoncé de nouvelles mesures pour faire face à la colère des agriculteurs. En Centre-Val de Loire, les syndicats agricoles restent sur leur faim.

"Le projet de loi va placer l'agriculture parmi les intérêts fondamentaux de notre nation". C'est la phrase choc, prononcée ce 21 février par le Premier ministre Gabriel Attal, lors d'une conférence de presse organisée à Paris, pour détailler les orientations du projet de loi agricole.

Une déclaration censée illustrer le soutien sans faille du gouvernement au monde agricole en réponse aux fortes mobilisations qui ont secoué le pays le mois dernier. Après une première salve d'annonces, le 27 janvier, le chef du gouvernement s'était engagé à revenir "avec des mesures supplémentaires". C'est désormais chose faite.

Fidèles à la ligne gouvernementale depuis le début de la crise, les annonces se concentrent sur le "choc de simplification", promis par le chef de gouvernement, en allégeant un certain sens nombre de procédures.

Parmi les solutions apportées ce mercredi, l'abandon de l'indicateur pour mesurer la réduction de l'usage des pesticides, l'allégement des charges patronales pour favoriser le recrutement de saisonniers ou encore l'accélération du versement des aides de la PAC.

Mesures "décevantes" pour la Confédération paysanne

"La question du revenu n'est jamais traitée", souffle Gilles Meno, le porte-parole de la Confédération paysanne d'Eure-et-Loir, le syndicat agricole minoritaire. "Ces annonces sont décevantes. Le problème numéro 1, c'est que beaucoup de paysans n'arrivent pas à vivre de leur métier".

Le gouvernement a cédé à la pression du syndicat majoritaire qui réclame un abaissement des normes. Or, ce sont ces normes qui protègent la santé des consommateurs et l'environnement.

Gilles Meno, porte-parole de la Confédération paysanne d'Eure-et-Loir.

Pour le syndicaliste, c'est un changement de politique en profondeur qui est nécessaire : "Ce que nous réclamons, c'est la remise en cause des accords de libres-échanges" et "la mise en place d'un prix minimum sur le marché pour entrer en territoire français". Une manière, selon la Confédération paysanne, de se protéger de la concurrence à bas prix des autres pays européens.

Sur ce point, Gabriel Attal a réaffirmé que la France ne soutiendrait pas l'accord du Mercosur, censé faciliter l'exportation de produits, notamment agricoles, entre l'Europe et une partie des pays d'Amérique Latin. "Je refuse de voir sur nos étals des aliments qui viennent d'exploitations, à l'étranger, qui ne respectent pas nos normes et les contraintes qui pèsent sur nos agriculteurs", a écrit Gabriel Attal sur le réseau social X.

Une position jugée incohérente par certains spécialistes qui rappellent que la France s'est déjà positionnée en faveur d'autres accords de libres-échanges sous le mandat d'Emmanuel Macron.

Politique des petits pas

Du côté d'Étienne Gagneron, éleveur à Bourges et vice-président de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, on estime que ces mesures vont dans le bon sens sans pour autant sauter au plafond : "C'est sûr que ce n'est pas le Grand Soir, mais ce sont les petites actions misent bout à bout qui font avancer les choses".

Lui et son syndicat se félicitent de voir un allégement des normes sur l'utilisation des pesticides, estimant qu'il faut "une réflexion intelligente et pragmatique sur ces questions" tout en faisant "confiance aux scientifiques" qui alertent sur les dangers pour la santé de ces produits

Enfin, le vice-président félicite la promesse de Gabriel Attal de renforcer la loi Egalim. Ce texte qui vise à garantir une rémunération plus juste aux agriculteurs tout en renforçant la qualité sanitaire, environnementale et nutritionnelle des produits alimentaires est vivement critiqué car il ne prévoit aucune mesure coercitive.

Ce mercredi, Gabriel Attal a promis "un renforcement" du texte de loi pour assurer le respect de la réglementation par les acteurs de l'agro-industrie. "On attend maintenant les mesures du texte soit appliqué", affirme Étienne Gagneron, assurant rester "vigilant" en attendant "la mise en place concrète" de l'ensemble des nouvelles mesures.

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