Ce mercredi 24 août, le président Emmanuel Macron a acté "la fin de l'abondance" pour la rentrée politique du gouvernement. Un message mi-écologique, mi-économique, diversement reçu par la classe politique.
Le ton était solennel, les mots graves. Le président de la République Emmanuel Macron a pris la parole ce mercredi 24 août, devant le conseil des ministres qui se réunissait pour la première fois en cette rentrée politique. Un discours exceptionnellement télévisé en direct, comme une allocution aux Français.
"Je crois [...] que ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l'ordre d'une grande bascule ou d'un grand bouleversement", a-t-il déclaré devant la Première ministre Élisabeth Borne et les ministres. Citant les effets de la guerre en Ukraine et de la crise climatique, il a mis en avant "la fin de l'abondance", que ce soit "des liquidités", "des produits de technologie", des matières premières ou de l'eau. Comme si, face à la sécheresse et l'inflation galopante, les priorités d'Emmanuel Macron avaient changé. Ou étaient devenues encore plus prioritaires qu'avant.
Sincère or not sincère
Pour la députée du Loiret Caroline Janvier (Renaissance), le président a eu "un bon message de rentrée", l'occasion de "faire le point sur la situation de façon lucide". Elle estime que les mots présidentiels traduisent la nécessité "d'être à la hauteur des enjeux", et de trouver "des solutions conjoncturelles", en particulier face au réchauffement climatique.
Le député EELV de Tours Charles Fournier, lui, ironise sur les vacances d'Emmanuel Macron : "C'est assez étonnant cette intervention très solennelle après un été passé à faire du jet ski !" Avec ses collègues écologistes, il se dit "habitué" aux "grands discours du président sur l'écologie, on a eu Make Our Planet Great Again, les propositions de la convention citoyenne pour le climat", qu'Emmanuel Macron avait promis de reprendre telles quelles. Avant que la majorité ne leur apporte des modifications en profondeur à l'Assemblée. "Je me permets d'avoir des doutes sur la sincérité du propos", continue Charles Fournier.
"On a déjà fait beaucoup de choses, avec le plan de relance très axé développement durable", défend de son côté Caroline Janvier. Pour elle, la sécheresse record qui affecte la France cet été n'a pas forcément été un déclic pour Emmanuel Macron. Mais "ces images ont frappé tout le monde, le président comme les Français, on touche du doigt l'impact du changement climatique". Une "prise de conscience collective" qui, selon elle, peut permettre d'avancer sur le sujet dans les prochains mois. Notamment dans le cadre de plusieurs projets de loi promis par la majorité, à commencer par un texte de renforcement des énergies renouvelables.
Réaction d'urgence
Côté EELV, c'est justement Charles Fournier qui sera le chef de fil de ses collègues lors de l'examen du texte à l'Assemblée. Pour lui, cette "prise de conscience collective", et notamment politique, est "tardive" : "Ça fait des années que ça empire, qu'on voit les effets du changement climatique s'intensifier, et que les scientifiques décrivent avec précision ce qui va se passer." Il considère ainsi que la réponse de la majorité en cette rentrée politique est "une réaction d'urgence, ce qui inquiète un peu au vu de ce qu'on savait déjà et qu'on aurait pu faire avant".
Pour autant, il se veut optimiste, attendant "les actes après les discours". "On n'a plus le temps pour les querelles politicardes, il faut qu'on gagne ensemble, et nous ferons des propositions radicales pour aller le plus loin possible." Caroline Janvier aussi veut avancer, avec "des solutions très concrètes", "les mieux applicables". Croyant en "une transition concertée avec les acteurs, sans idéologie", elle écarte l'idée d'interdictions pures et simples sans penser à des alternatives plus vertueuses. "Quand on remplace les couverts en plastique par du bois importé de Chine, c'est contre-productif."
Ces questions seront débattues lors d'un séminaire gouvernemental largement consacré à l'écologie, prévu dès la semaine prochaine. Avant l'entrée à l'Assemblée du projet de loi sur les énergies renouvelables, que le gouvernement souhaite voir adopté cet automne.