Actuellement dirigé par une majorité de centre-droit, le département d’Indre-et-Loire est en proie à plusieurs dossiers épineux tels que le financement des aides sociales ou la gestion des mineurs étrangers. Voici 4 choses à savoir sur les enjeux des élections dans votre département.
Avec ses fleuves, ses vignobles, ses châteaux... l’Indre-et-Loire est situé à l’ouest de la région Centre-Val de Loire. D'une superficie de 6 127 km², le département compte 272 communes. Sa population, en hausse depuis plusieurs années, est passée de 607 760 habitants en 2018 à 609 408 habitants en 2021 (Insee).
Des habitants qui éliront dans les 19 cantons du département, leurs 38 nouveaux conseillers départementaux (19 binômes mixtes) pour les six années à venir. Un Conseil départemental dirigé depuis 2015 par une majorité de centre-droit, avec à sa tête Jean-Gérard Paumier, ancien maire de Saint-Avertin issu du parti Les Républicains (LR). Sur 38 élus, seuls 8 d’entre eux font partie de l’opposition de centre-gauche.
Si le Conseil départemental d’Indre-et-Loire est particulièrement connu pour la gestion des collèges, l’entretien des routes ou encore l’accompagnement des personnes handicapées, il détient aussi d’autres compétences.
Le financement des aides sociales
C’est le gouffre financier du Département. L’allocation personnalisée d’autonomie (APA) et le revenu de solidarité active (RSA) coûtent à eux deux 340 millions d’euros par an au Conseil départemental d’Indre-et-Loire, soit la moitié de son budget, évalué à 608,9 millions d’euros. Une charge économique qui s’est accentuée avec la crise sanitaire, augmentant ainsi de 15 % le nombre de bénéficiaires du RSA du territoire sur toute l’année de 2020. La revalorisation de 0,1 % (565,34 euros au lieu de 564,78) de cette aide imposée par l’Etat au 1er avril 2021 n’a elle pas non plus arrangé les affaires du Département.
Pourtant bon élève concernant son taux de chômage (6,9 % en 2020 contre 7,1 % pour la région et 7,7 % au niveau national), l’Indre-et-Loire est le département du Centre-Val de Loire qui a connu la plus forte hausse du nombre de bénéficiaires du RSA entre mars et août 2020 : 10,5 % de plus, soit 1 385 allocataires supplémentaires depuis le premier confinement.
Une croissance "intenable" pour Jean-Gérard Paumier qui estimait à plus de 6,6 millions d’euros l’enveloppe additionnelle à débourser avant la fin de l’année 2020 (pour un budget RSA de 80 millions d’euros). Le président du Département avait d’ailleurs alerté le Premier ministre à ce propos en octobre, sommant l’Etat de prendre en charge ce surcoût à la place des collectivités locales.
Par ailleurs, le Secours populaire 37 a constaté une augmentation de 38 % des demandes d’aides (de loyers notamment) pendant le premier confinement par rapport à la même période en 2019. L’association aurait ainsi servi 1 600 familles entre mai et juin 2020, sans oublier les personnes âgées en grande difficulté et les jeunes privés d'emploi.
La question des mineurs étrangers
Parfois obligés de fuir une région en guerre ou encore la pauvreté, de nombreux mineurs étrangers non-accompagnés (MNA) se présentent chaque année en France aux services d’Aide sociale à l’enfance (ASE). En 2018, les départements du territoire dénombraient environ 40 000 jeunes, dont 5 % de filles.
Comme partout ailleurs, l’Indre-et-Loire a enregistré une hausse constante du nombre de MNA sur son sol ces dernières années. En 2015, l’ASE avait reçu 209 jeunes dans ses services. En 2019, ils étaient 952. Seule exception en 2020, où leur nombre a drastiquement chuté en raison des confinements et de la fermeture des frontières liés à la crise sanitaire mondiale.
La prise en charge des mineurs étrangers non-accompagnés suscite bien souvent les critiques, notamment en raison de son coût : 10 millions d’euros par an pour le Conseil départemental d'Indre-et-Loire. Un budget important mais insuffisant selon les associations telles que Utopia 56 Tours qui l'accuse de manquer à ses obligations concernant cette population.
Le département a d’ailleurs été condamné à plusieurs reprises par la justice pour absence de solution d’hébergement de jeunes MNA : par le Conseil d’Etat et le tribunal administratif en 2019 ainsi que par le tribunal administratif d’Orléans en octobre 2020.
Désertification rurale et médicale
Que ce soit au nord près de Neuillé-Pont-Pierre ou au sud dans le Richelais, les campagnes d’Indre-et-Loire sont les unes après les autres délaissées par la population au profit des villes. Nombreux sont les petits commerces ayant baissé le rideau ou les écoles ayant fermé des classes. Une désertification démographique qui s’accompagne bien souvent d’une désertification médicale.
Un problème bien connu en Centre-Val de Loire puisque c’est actuellement le plus grand désert médical de France. Si la densité nationale des médecins généralistes atteint 89,4 pour 100 000 habitants, elle tombe à 70,6 pour 100 000 habitants dans la région*. Entre 2017 et 2020, la région aurait en effet perdu une trentaine de médecins généralistes. Même tendance du côté des médecins spécialistes, leur densité étant de 64,9 au niveau national, contre 52,1 en Centre-Val de Loire.
Selon l’Agence régionale de santé (ARS), les départements les plus touchés par ce fléau dans la région sont l’Indre, l’Eure-et-Loir et le Cher. Bien que l’Indre-et-Loire soit le seul à avoir vu le nombre de médecins augmenter depuis trois ans, atteignant ainsi les 100 généralistes pour 100 000 habitants, la situation n’en demeure pas moins préoccupante. En effet dans la moitié de la surface du département, les médecins spécialistes sont quant à eux totalement absents.
Pour contrer ce phénomène dans les campagnes mais également dans les quartiers de certaines villes, le Conseil régional a récemment décidé de recruter 150 médecins généralistes. Des professionnels de santé qui seront salariés de la Région et installés dans des centres de santé. Neuf contrats ont été signés depuis le début des recrutements, début 2021.
Le poids du tourisme
Atout majeur de l’Indre-et-Loire, le tourisme génère plus de 800 millions d’euros par an et emploie près de 10 000 personnes en haute saison. Un succès dû à la richesse patrimoniale du département, qu’elle soit architecturale ou naturelle.
Propriétaire de huit monuments historiques, le Conseil départemental d’Indre-et-Loire est l’un des plus doté de France. Parmi ses sites patrimoniaux on retrouve notamment la forteresse royale de Chinon, la cité royale de Loches, le prieuré Saint-Cosme à La Riche et le musée Balzac à Saché.
Autres édifices mythiques de la Touraine : les châteaux de la Loire, héritage des rois de France. Près d’une cinquantaine d’imposants domaines et de demeures intimistes parmi lesquels le château royal et le Clos Lucé (dernière demeure de Léonard de Vinci) à Amboise, le château de Chenonceau ou encore le château de Villandry.
Le tourisme vert est lui aussi prégnant dans le département avec la Loire à vélo. D’une longueur totale de 900 kilomètres entre Nevers et Saint-Nazaire, ce célèbre itinéraire cyclo-touristique traverse durant 100 kilomètres la Touraine, reliant ainsi Mosnes à Candes-Saint-Martin en passant par Tours.
Grâce à son million de cyclistes annuel, la Loire à vélo engendre une économie importante pour les régions qu’elle traverse. En 2018, touristes et excursionnistes ont généré près de 34 millions d’euros de consommation sur les territoires concernés, 26 millions en Centre-Val de Loire. Si la fréquentation des chemins indroligériens était en baisse en début d’année 2020 à cause du premier confinement (- 6 % par rapport à 2019), elle a en revanche explosé en juillet (+ 31 %) et en août (+ 10 %) avec le déconfinement et les vacances scolaires.
Malgré ces très bons résultats, le Conseil départemental se voit parfois reprocher un manque de coordination dans la mise en valeur et la communication de ses trésors. La question d’une politique fédératrice des initiatives touristiques et patrimoniales entre le Département, la Région et les départements limitrophes est donc là aussi, un enjeu des élections départementales 2021.
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