Le maire de Châteauroux porte plainte contre des utilisateurs de Snapchat

Suite à des menaces diffusées par des utilisateurs de Snapchat envers la ville de Châteauroux, le maire Gil Avérous portera plainte ce lundi 3 juillet. Analyse de l'impact des réseaux sociaux face aux émeutes.

Messages de haines, appel à des rassemblements collectifs, volonté de casser et de détruire... Depuis la mort du jeune Nahel, les émeutiers font usage des réseaux sociaux afin de se retrouver et de communiquer, notamment à Châteauroux. "Ils se donnent rendez-vous à telle heure, tel endroit et se disent qu'ils vont aller casser.", confirme le maire de la ville. "Nous sommes en train de collecter l'ensemble des publications qui nous avaient été adressées, dont trois particulièrement qui sont explicites."

Un message qu'il a très clairement fait passer sur son compte twitter, ces actes ne doivent pas rester impunis selon Gil Avérous qui compte rapidement en découdre avec les émeutiers. "Ce sont des noms de comptes où le nom ne correspond pas à une identité. Ce sera à la police et aux gestionnaires de réseaux sociaux d'identifier les vrais auteurs, mais c'est assez facile pour la cellule Snapchat ou Instagram, ils trouveront facilement qui sont derrière ces comptes et justice sera faite."

"Toutes ces dégradations, tous ces incendies et ces vitres cassées dans notre ville ne ramèneront pas la vie du jeune Nahel. Ici il n'y a pas de violences policières, c'est incompréhensible."

Gil Avérous

Après avoir connu trois nuits de violences, dont une particulièrement intense dans la nuit de mercredi à jeudi, avec des intrusions dans la bibliothèque, l'édile de la ville tient à ce que les choses rentrent dans l'ordre. "Ce qui a été le plus choquant pour nous c'est qu'on s'attaque à un bâtiment public." 

Vers une censure des réseaux sociaux ?

Cinq nuits d'émeutes urbaines qui ont été relayées par les réseaux sociaux. TikTok, Snapchat et autres plateformes sont dans le collimateur du gouvernement, qui dénonce « une forme de mimétisme de la violence » et demande aux plateformes « d’organiser le retrait des contenus les plus sensibles ». Une manière pour les émeutiers de se donner des points de rendez-vous, mais selon Virginie Martin, politologue et sociologue, on assiste surtout à une certaine recherche de buzz. "Il y a aussi une excitation et une addiction aux like. Les réseaux sociaux marchent au renforcement de soi-même via les like, via l'étendue de la puissance d'une vidéo, d'un tweet ou d'un post."

Pour la sociologue "c'est excessivement troublant qu'un gouvernement veuille censurer des médias. C'est assez étonnant que l'État vienne se mettre au milieu d'une affaire médiatique. Le même État qui prône la liberté d'expression. Ce n'est pas parce qu'ils considèrent que le contenu n'est pas bon qu'ils doivent le censurer."

Le maire de Châteauroux, lui, ne s'empêchera pas de couper certaines libertés. "Vu la violence des faits qu'on peut constater, il n'y a pas à hésiter pour prendre des mesures de privation de liberté publique." La politologue s'interroge : "On sent un contrôle des médias qui pose question. On n'est pas en état d'urgence, la question c'est jusqu'à quel point l'État peut faire ça ?" La question de liberté d'expression est mise en cause si le gouvernement annonce un brouillage des réseaux sociaux. Gil Avérous n'en démord pas. "Vu l'expression qu'ils expriment, on peut s'en passer."

Des mesures paradoxales

Si ces contenus finissent par se répandre en ligne, c'est surtout grâce à l'algorithme. Mots-clés, #Nahel, #Nanterre, #Police... on peut facilement retrouver toutes sortes d'informations. Les forces de l'ordre se servent aussi beaucoup de ces vidéos sur les réseaux pour identifier les gens "Ça leur permet de reconnaître des personnes qui se sont livrées à des actes de violences. C'est une source d'information et une fenêtre sur le monde. C'est très paradoxal dans ce cas précis." affirme Virginie Martin.

Les deux dernières nuits ont été plus calmes dans la ville de Châteauroux. Mais le maire ne compte "pas lâcher la pression sur les casseurs. Il faut qu'on comprenne dans ce pays qu'il y a des règles et que quand on ne les respecte pas il faut des sanctions."

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