"Aucun grand projet du Maire d'Orléans Serge Grouard ne verra le jour dans ce mandat" raille l'opposition, France 3 a vérifié

La rénovation des Halles-Châtelet s'ajoute à la liste des chantiers, voulus par le maire Serge Grouard, repoussés ou retardés ces dernières semaines. France 3 vous propose un tour d'horizon de ces projets, et de leurs états d'avancement respectifs.

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Trois ans de retard, rien que ça. L'énorme chantier de rénovation des Halles, en plein centre-ville d'Orléans, ne se terminera pas, comme prévu au départ en 2026. Nouveau calendrier : la fin des travaux ne se fera qu'en 2029, a appris La République du Centre auprès de Luc Nantier, adjoint au commerce à la mairie.

Serge Grouard, maire ex-LR d'Orléans, aurait-il la poisse ? Car, de ses grands projets urbains annoncés ou promis lors de la campagne pour les municipales de 2020, aucun n'a encore vu le jour. Pire : aucun ne devrait voir le jour avant la fin de la mandature, en 2026. Une situation raillée par Ludovic Bourreau, conseiller municipal dans l'opposition, sur X (ex-Twitter).

La "coulée verte" à la place des mails ? Repoussée après les élections. Le campus de la Porte Madeleine ? Fin des travaux retardée de plusieurs années. D'autres projets, moins symboliques, ont été timidement évoqués en réunion publique. Voire, ont purement et simplement disparu des radars. La ville indique à France 3 que le Covid a pesé sur certains de ces projets, que ce soit par son impact sur les finances que par l'accumulation de retard. Voici un petit tour d'horizon de ce qui s'est fait et se fera (ou pas) à Orléans.

Les Halles-Châtelet, le retard attendu

La rénovation des Halles-Châtelet doit redonner un nouveau souffle au bâtiment sombre et vieillot qui les accueille aujourd'hui. Les ambitieux travaux, chiffrés à environ 30 millions d'euros, devaient commencer à la fin de cette année. Finalement, le chantier ne se mettra en branle qu'en 2026.

La faute, à en croire la mairie, à la longueur des démarches d'acquisition du foncier, chacune se faisant au cas par cas au sein du bâtiment. Plus de la moitié reste encore à acheter. Mais "les acquisitions se poursuivent", assure la ville auprès de France 3. Le projet n'est donc en rien stoppé. La collectivité dit préférer "prendre le temps et faire les choses bien, plutôt qu'aller vite pour être dans les temps et avoir des malfaçons, et devoir redépenser plus derrière".

Pendant la durée des longs travaux, les commerçants se verront proposer un nouveau stand de vente dans une halle temporaire, construite place de Loire, face au cinéma. Les nouvelles Halles-Châtelet devraient ouvrir, aux dernières nouvelles, en 2029.

Le nouveau campus Madeleine, à nouveau en retard

Fin janvier 2024, le couperet est tombé : le nouveau campus Madeleine de l'université d'Orléans n'ouvrira pas ses portes aux étudiants à la rentrée 2025. Le projet prend alors un an de retard, à cause d'appels d'offres infructueux selon la municipalité.

Ouverture reportée à septembre 2026, dernier carat, indique-t-on à l'université. Car le nouveau campus doit accueillir de nombreux étudiants en droit, économie et gestion, la place laissée par ces derniers sur le campus de la Source devant être prochainement récupérée par la fac de médecine, en pleine montée en puissance.

Mais le dernier carat ne sera finalement que l'avant-dernier. Car l'université a annoncé, en cette rentrée 2024, que l'ouverture ne se ferait probablement qu'en 2027. Sur le site internet de l'université, c'est même certain : "le futur campus Madeleine ouvrira ses portes pour la rentrée 2027", est-il écrit. Soit après la fin du mandat de l'actuelle équipe municipale. "L'implantation de l'université en centre-ville sur le site Porte-Madeleine va constituer un atout majeur du prochain mandat", était-il écrit dans le programme de campagne du maire en 2020.

À terme, le site hébergera les parties administration et recherche dans l'ancien hôpital de la Porte Madeleine, rénové. 4 000 étudiants recevront leurs cours dans un bâtiment neuf, construit à deux pas.

Les nouveaux mails, reportés en attendant mieux

Il est peut-être là, le grand dessein de Serge Grouard, chiffré à 76 millions d'euros. Avec ce projet d'urbanisme, les mails devaient changer. Les mails, ces grands boulevards aux airs, parfois, d'autoroute urbaine et entourant le centre-ville, deviendront une "ceinture verte", espère le maire. Les travaux devaient commencer dès cette année, et une première phase (une réfection de la gare jusqu'à la Loire côté pont Joffre) devait s'achever en 2026.

Mais le chantier inquiète l'opposition, tant au centre-droit qu'à gauche. Tous dénoncent un budget largement sous-estimé. Et si presque tous s'accordent à demander une refonte des mails, la manière promise par la majorité fait plus que débat. Les écologistes fustigent "un projet inadapté aux mobilités actives et aux impératifs de transition écologique", le projet prévoyant notamment le maintient de quatre voies de circulation automobile.

Légende de la carte : en vert, les projets livrés ; en jaune, les projets retardés ; en rouge, les projets annulés ; en gris, les projets incertains ou en étude.

Pour répondre à ces inquiétudes, Serge Grouard a annoncé un report du chantier, qui ne devrait pas commencer avant 2026 et les prochaines élections municipales. Le temps, notamment, de boucler le financement des opérations.

Les parkings souterrains au niveau de la trémie Jaurès et du théâtre, promis par le candidat en 2020 dans son programme, et dont les réalisations devaient être concomitantes aux travaux des mails, sont également repoussés. Même chose, enfin, pour la rénovation du centre commercial Place d'Arc.

"Création (enfin !) d'un VRAI réseau, continu et sécurisé de pistes cyclables"

Telle était, là encore, la promesse du candidat Serge Grouard en 2020, dans une ville dont il avait déjà eu les manettes entre 2001 et 2015. Quatre ans plus tard, le constat est amer pour les associations. "D'ici la fin de la mandature, sur 19 lignes envisagées, une seule bénéficiera d'une étude qui débouchera, dans le meilleur des cas, sur la réalisation d'aménagements sur une petite partie de la ligne", déploraient en décembre 2023 le collectif Vélorution Orléans et l'association Dammo.

De manière générale, est dénoncée l'utilisation des 50 millions d'euros du plan Vélo, voté par la métropole en 2019 : "Au lieu de faire des pistes cyclables, Orléans Métropole utilise son budget vélo pour rénover des rues et créer des places de stationnement."

Des économies de faites et des projets modifiés

La ville insiste : les hausses des prix de l'énergie et du point d'indice des fonctionnaires, non compensée par l'État, ont fragilisé les finances orléanaises. "On peut toujours dépenser et faire n'importe quoi... Il faut faire des choix."

Résultat, la municipalité a tranché, repoussé, renvoyé à plus tard des projets plus ou moins importants. Voire, a évacué purement et simplement des idées aux allures coûteuses. Notamment deux projets ambitieux, portés par Olivier Carré, maire de 2015 à 2020 : la Cité musicale, et une énième mouture d'une rénovation des vinaigreries Dessaux, relancée en 2016. Les deux projets ont été purement et simplement annulés en 2020 et 2021, au retour de Serge Grouard aux affaires.

Le changement d'envergure du futur conservatoire, en revanche, n'est pas lié aux finances, assure la ville. Dans le programme de 2020, Serge Grouard promet la construction d'un conservatoire flambant neuf à la Porte Madeleine. Finalement, le site historique sera rénové et agrandi, la ville avançant des raisons de conservation du lieu.

Des projets qui ont vu le jour

Plus gros projet urbain ayant vu le jour au cours du dernier mandat : l'ensemble CO'Met, inauguré en 2023. Lancé et poussé pendant des années par Olivier Carré et non par le maire actuel, l'ensemble est aussi l'héritier du projet Arena, porté par Serge Grouard, jusqu'à l'échec du projet initial en 2013.

Promesse du maire actuel dans son programme de 2020 : la réalisation d'un parc unique sur le Sanitas et le terrain Peteau, en prolongement du parc Anjorrant. Ce projet a bien vu le jour en 2023 entre le faubourg Madeleine et les bords de Loire, sous le nom de parc Berthe-Morisot.

Des projets en cours d'étude, ou un peu oubliés

Du programme du candidat Grouard de 2020, restent aussi quelques projets moins massifs que les halles ou les mails. Et dont l'état d'avancement reste aujourd'hui difficile à bien identifier. C'est le cas notamment pour plusieurs ouvrages de voirie, comme le souterrain promis aux véhicules légers pour désengorger le carrefour du Zénith, sur la D2020. Ou encore pour le franchissement de la Loire par une passerelle destinée aux vélos, projet évoqué depuis 1997 mais jamais concrétisé.

Restent deux gros chantiers de rénovation, toujours promis par le programme de 2020 : celle, "de fond en comble", du Palais des Sports, et celle de la chapelle de l'ancien hôpital Porte Madeleine. Dans les deux cas, "les études sont en cours", indique la ville.

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