Neuf mois après l’ouverture des discussions entre les élus de la Corse et Paris, le processus de négociation est au point mort. Après deux annulations de dernière minute en fin d'année dernière, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin se rendra-t-il en Corse en 2023 ?
Le président de l’Exécutif Gilles Simeoni l’a annoncé dans ses vœux : "Nous relevons les défis découlant de l'agenda politique de la scène internationale, européenne et française. Mais nous aurons aussi, dans les semaines à venir, des échéances importantes qui concernent au premier chef la Corse."
Ces défis et le cap fixé dans trois domaines - les transports, la santé et l'énergie - ne sont pas partagés par tous. Et en premier lieu, par son ex allié, Jean-Christophe Angelini.
Inquiet, le président du groupe Avanzemu regrette le manque d'opérationnalité du président de l'Exécutif. “Ce qui a été dit et développé ne me paraît pas du tout de nature à indiquer un cap et une direction claire opérationnelle, phasée, financée. On est davantage, me semble-t-il, dans le domaine des incantations, que dans le domaine des directions et je crois que les slogans, les propos de circonstances ne peuvent plus suffire à indiquer la bonne stratégie pour l’île”, estime t-il.
Une visite de Gérald Darmanin en janvier ?
Selon nos informations, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin devrait se rendre en Corse dans le courant du mois de janvier. Une potentielle venue qui intervient après deux annulations de dernière minute, en octobre et en décembre dernier, et alors que la question des prisonniers dits politiques demeure toujours aussi centrale pour les nationalistes et surtout sans aucune avancée.
Un dossier sur lequel Paul-Félix Benedetti veut espérer des annonces fortes en cas de venue du ministre de l'Intérieur. “On attend des mesures de justice pour les prisonniers politiques corses qui aujourd'hui sont victimes d'une justice inquisitrice et discriminatoire. Donc on est dans l'attente et lorsqu'il y aura la levée de ces obstacles, nous prendrons part, non pas à des discussions, nous ne sommes pas là pour des palabres, mais pour acter une avancée politique qui peut sortir la Corse de 50 ans d’impasse”, indique le chef de file de Core in Fronte.
"Il faut reprendre ce dialogue”
Cette reprise des discussions entre les élus Corses et Paris, le groupe de droite à l'Assemblée de Corse ne cesse de la réclamer. Selon Jean-Martin Mondoloni, co-président du groupe Un Soffiu Novu, rien ne peut justifier que les échanges ne reprennent pas.
“On ne peut pas rater ce rendez-vous historique, puisque ce rendez-vous se présente une fois dans les dix ans. Et la majorité crée les conditions aujourd'hui, non pas artificielles, qui reposent sur des motifs qu'on peut considérer comme légitimes, de non reprise du dialogue. Moi, je pense que tous les problèmes qui se posent à la Corse, y compris la problématique des prisonniers, ne peut aboutir que dans une discussion fertile avec Paris. Il faut donc reprendre ce dialogue.”
Ce dialogue, s'il venait à reprendre avec cette visite, devrait permettre à chacun de préciser ses positions, plus de trois mois après la suspension des discussions.
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