Assemblée de Corse : une session largement consacrée aux annonces d'Emmanuel Macron sur l'autonomie

L'Assemblée de Corse se réunit ces 5 et 6 octobre pour la première fois depuis le déplacement d'Emmanuel Macron sur l'île, et la tenue de son discours au sein de l'hémycicle, le 28 septembre. Une venue et des annonces sur lesquels sont largement revenus les élus insulaires ce jeudi.

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L'Assemblée de Corse tient ces 5 et 6 octobre sa première séance depuis la venue du président de la République, la semaine passée. Ce jeudi a ainsi été, pour l'ensemble des groupes politiques, l'occasion de revenir sur les annonces d'Emmanuel Macron et leurs attentes. Retour - en citations - sur les prises de parole des élus.

  •  Gilles Simeoni :

Sur la forme, estime le président du conseil exécutif, Emmanuel Macron "a accepté de répondre favorablement à l’invitation que nous lui avions faite unanimement, c’est-à-dire venir devant l‘Assemblée de Corse pour répondre à la délibération votée [par les élus insulaires]."

Gilles Simeoni s'en félicite à cet égard : "Nous avons collectivement donné de la Corse et de ses institutions une image extrêmement positive."

Concernant l'idée d'une autonomie "à la Corse", avancée, lors de son discours, par le chef de l'Etat, "la formule reste à préciser", glisse le président de l'exécutif, qui précise préférer "une autonomie à la Corse qu'une autonomie à la française."

Une autonomie qui reste dans tous les cas "à construire", "le principe étant acté, reste désormais à lui donner un contenu". Ceci, dans un premier temps, "en nous tournant dans notre famille, vers ceux qui n'ont pas voulu le voter [le texte présenté par la majorité le 5 juillet], puis vers ceux qui ont présenté un autre texte", indique Gilles Simeoni. "Nous allons aller vers la discussion en essayant de convaincre et de trouver des points d’équilibre."

"J’ai conscience de ce que le chemin est étroit, j’ai conscience de la difficulté de l’exercice, insiste-t-il. C’est une course d’obstacles, il faut prendre les haies les unes après les autres. C'est difficile, mais c’est faisable, il faut réussir et il n’y a pas d’autre option."

"Personne ne veut laisser passer le train de l'Histoire", a conclu Gilles Simeoni.

  •  Jean-Martin Mondoloni :

Pour le co-président du groupe de droite Un Soffiu novu, "c’est comme en physique quantique, le phénomène observé dépend beaucoup de celui qui l’observe."

Le président de la République "a su à la fois donner de la respiration à ceux qui en avaient besoin et rassurer les craintifs", estime-t-il, regrettant que le PTIC soit passé "à la trappe, nous n'avons retenu que l'institutionnel".

Pour autant, assure Jean-Martin Mondoloni, "on ne va pas s’enfermer dans des postures et dire que nous n’allons pas jouer le jeu." Ce fameux point d'équilibre recherché, "nous avons conscience de l’effort qui reste à faire si nous en choisissons la voie".

En juillet - au moment du vote de la délibération pour une autonomie de la Corse -, "vous avez fait l’exercice de dire ce que vous vouliez. Nous [l'opposition Un Soffiu Novu] ne nous sommes pas livrés à cet exercice-là", renchérit-il. Avec une image pour illustrer son propos : "Nous nous mettons en début de course, nous sommes dans la posture du coureur qui regarde la ligne d’arrivée et qui voit toutes les haies, certaines plus hautes que d'autres."

"On peut se faire plaisir en demandant un statut de coofficialité, reprend Jean-Martin Mondoloni. Mais vous allez prononcer le mot de coofficialité dans certains cercles, et c’est mort. Il faut apprendre à se décharger de la charge symbolique de certaines formules."

  •  Romain Colonna :

"On ne peut pas laisser croire aux Corses que nous repartirions de 0 aujourd’hui", insiste Romain Colonna, rapporteur de la délibération "Vers un statut d'autonomie pour la Corse" du 5 juillet dernier. Revenant sur le discours du président de la République, l'élu Fà Populu Inseme regrette "des mots qui manquent incontestablement dans le discours". 

Pour autant, espère-t-il, "les conditions, aujourd’hui, sont réunies pour un dialogue fécond dans la mutualité et le respect". Le résultat final ne pouvant pas, tranche-t-il, être "une négociation entre deux délibérations, 50/50".

  •  Pierre Ghionga :

Seul élu de droite à avoir voté la délibération de la majorité, Pierre Ghionga insiste : "Più grande sarà l’autonomia più u legame tra a Francia è a Corsica sarà forte."

"Ci dumandanu l'unanimità per sbuccà ma l'unanimità ùn esiste chè Ind'è e dittature. In u paese demucraticu, ghjè a magiurità. Allora femu vutà i Corsi è tandu videremu."

  •  Paul Quastana :

Doyen de l'Assemblée de Corse et élu de Core in Fronte, Paul Quastana le regrette : "On a 73% des voix sur une délibération adossée aux 70% des nationalistes, et on nous demande l’unanimité".

Jean-Martin Mondoloni "reste sur ses positions, nous restons sur les nôtres", continue-t-il. "Nous avons pris le temps de travailler un texte, mais s'il faut recommencer et arriver à l'unanimité, ce n'est pas possible."

  •  Jean Christophe Angelini :

"Le débat a déjà eu lieu et on le reprend ici", souligne le chef de file du groupe Avanzemu. Dans la suite des annonces d'Emmanuel Macron, "est-ce qu’au nom des 50 années passées on peut estimer que le compte y est ? Pas encore", tranche Jean-Christophe Angelini, qui estime que "parler de peuple corse comme François Hollande et François Mitterrand", terme qui n'a pas été utilisé par le chef de l'Etat le 29 septembre dernier, "n’eut pas été un recul".

"La question du pouvoir de produire des normes est centrale, mais rien de ce qui a été dit ne permet de fermer la porte à la perspective la plus ambitieuse que nous pourrions partager", glisse-t-il, appelant à ne "pas éluder des débats au profit d’une question exclusivement institutionnelle".

"Ce que je lis c’est moins la volonté de trouver une unanimité, que celle de dégager la voie vers une révision constitutionnelle réussie qui permette la reconnaissance de l’autonomie et l’instauration de droits nouveaux pour notre communauté, le peuple corse", conclut-il.

"On a furieusement envie de la saisir (l'opportunité) et je vous le dis avec beaucoup de clarté, sans compromission, sans renier ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes, des nationalistes corses, on ne fera rien pour que ça échoue et tout pour que ça réussisse."

  •  Paul Félix Benedetti :

"Il y a toujours eu des embûches et des problèmes. Nous avons peut-être inventé la roue carrée, mais nous avons avancé quand même. Je ne suis pas sûr que ce soit le point historique qu’on attend, mais c’est un point indéniable", déclare le chef du groupe Core in Fronte.

"Le problème corse ne se définit pas, ne se décline pas, il se subit", clame-t-il, s'arrêtant sur un mot qui lui fait "horreur" : celui de consensus, "un mot martyrisant pour la pensée humaine. Je préfère le pacte irénique."

"Il y a des efforts surhumains au-delà desquels on ne pourra pas aller, prévient Paul-Félix Benedetti. L’autonomie c’est l’autonomie, il n’y a pas de qualificatifs à ajouter."

"La logique politique s’est affirmée par les urnes, elle est forte, 73% d’une assemblée délibérante", a-t-il tranché. "Il est malvenu que le représentant de l’ancienne 5ème puissance mondiale [le président de la République, Emmanuel Macron, ndlr] vienne nous dire que cela ne suffit pas."

  •  Josepha Giacometti :

L'élu non-inscrite Corsica Libera déplore que lors de son discours, le chef de l'Etat ait écarté "des choses qui relèvent pour nous des fondamentaux", à savoir notamment "la notion de peuple ramenée à la notion de communauté", ou encore "la question du foncier ramenée au logement".

"L’autonomie c’est l’autonomie tout court, c’est le pouvoir législatif, clame-t-elle. Je continue de dire que ce n’est pas un processus. [...] Ce qu’on demande à la Corse avec beaucoup de cynisme l’unanimité, le consensus. Donc la délibération est peut-être la boussole ici mais pas là-bas… Sans surprise, nous sommes renvoyés au début d’un processus, on doit rendre un devoir."

"Où est la véritable reconnaissance du fait démocratique [par le vote d'une majorité, ndlr] ?", s'interroge-t-elle.

Retrouvez le sujet de Pierrick Nannini :

durée de la vidéo : 00h03mn29s
L'Assemblée de Corse est revenue sur les annonces d'Emmanuel Macron, le 29 septembre. ©Pierrick Nannini / FTV

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