Bastia est au centre de toutes les convoitises. Pierre Savelli, le maire sortant, fait face à 7 candidats. Les listes témoignent d'une redistribution politique des cartes, où les ennemis d'hier se rapprochent, et les alliés d'hier se déchirent. Demain à 21h05, ils débattront sur notre antenne.
Asseoir sa légitimité.
C'est le challenge que doit relever Pierre Savelli les 15 et 22 mars prochain.
Un maire en quête de légitimité
L'actuel maire de Bastia n'a pas été élu en 2014.Il a succédé à Gilles Simeoni, après que ce dernier a démissionné en janvier 2016, pour prendre les rênes du conseil exécutif.
Pour vraiment être considéré comme le maire de Bastia par ses détracteurs, Pierre Savelli sait qu'il devra s'imposer dans les urnes.
Depuis quelques semaines, il mène campagne avec les alliés de 2014, la droite de Jean-Louis Milani, et la gauche d'Emmanuelle de Gentili.
Mais un nom manque à l'appel, parmi le quatuor qui s'était entendu pour faire tomber la citadelle Zuccarelli, il y a six ans.
Celui de François Tatti.
En cours de mandature, l'alliance entre l'ancien bras droit d'Emile Zuccarelli et Gilles Simeoni, qui avait étonné beaucoup de monde, a volé en éclats.
Durant les dernières année le président de la CAB a mené, sabre au clair, l'opposition bastiaise.
Une gauche désunie
François Tatti a été, durant 4 ans, l'opposant le plus actif de la mandature.Et pourtant, il est absent de la liste des candidats de ces municipales.
L'été dernier, plusieurs réunions se sont tenues, entre lui, Jean Zuccarelli, et Julien Morganti. L'opposition de gauche, qui caressait l'espoir de faire front commun contre le maire sortant.
En vain.
En septembre, Julien Morganti a pris tout le monde de court, en dévoilant ses ambitions, au grand dam de ses interlocuteurs.
J-200 de l’élection municipale de Bastia.
— Julien Morganti (@Morgantij) August 29, 2019
Un Futur Pour Bastia
Cette élection est une chance pour notre ville !
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✅ Un projet partagé, dynamique et positif
✅ + d’info au 0617173534 & unfuturpourbastia@gmail.com pic.twitter.com/8vOmegsjbI
Impossibilité de se retrouver sur un programme commun, ou clash des ambitions personnelles, le mystère reste entier.
Une chose est sûre, cette candidature de Julien Morganti a obligé François Tatti et Jean Zuccarelli à se positionner.
Le premier a fait le choix de soutenir, activement, Jean-Sébastien de Casalta.
L'avocat bastiais s'est décidé à franchir le Rubicon, et à se frotter aux campagnes électorales.
Dans son équipe, pour défendre un programme qu'il qualifie de "gauche humaniste", on retrouve plusieurs autres anciennes figures de l'entourage d'Emile Zuccarelli, telles que Dominique Rossi et Jean-Jacques Vendasi.
Jean Zuccarelli a été le dernier du trio à dévoiler ses ambitions.
Les tentatives d'union, auxquelles il était favorable, ayant avorté, le candidat s'est entouré des fidèles de la première heure, anciens lieutenants de son père, et de ses alliés historiques, les communistes.
Emile Zuccarelli, qui a quitté sa retraite politique pour soutenir son fils, et qui apparaît sur la liste.
La droite veut croire à un retour au premier plan
Si le courant politique est présent aux affaires, au côté de Pierre Savelli, avec Jean-Louis Milani et quelques autres, la droite bastiaise n'est plus aux avant-postes du combat politique à Bastia depuis de longues années.Jean-Martin Mondoloni entend faire changer les choses.
Le proviseur du lycée du Fango le martèle. Il est le candidat de la droite.
De prime abord, c'est incontestable.
Soutenu par Jean Baggioni, baron de la droite insulaire depuis des décennies, il a reçu la bénédiction des instances nationales, par l'intermédiaire de François-Xavier Ceccoli, président des Républicains en Haute-Corse.
Jean-Martin Mondoloni est donc le seul candidat de la droite "traditionnelle" dans ces élections.
Mais pour autant, les rêves d'une droite enfin rassemblée pour prendre la mairie de Bastia sont loins.
On ne risque pas vraiment de croiser, par exemple, Stéphanie Grimaldi à l'un des meetings de Bastia Altrimente, la liste de Jean-Martin Mondoloni.
La conseillère territoriale LR, maire de La Porta pendant 18 ans, n'a pas vraiment apprécié que les instances du parti lui préfèrent un candidat qui n'est pas encarté.
Elle avait annoncé sa candidature en septembre, avant de devoir faire marche arrière...
"Un autre candidat, que j'avais auparavant consulté, annonce sa candidature, et (surprise !) obtient le soutien de ceux que j'ai aidé, par le passé, à accéder aux responsabilités..."
On le voit, l'ambiance est plutôt frileuse...
Et le chantier de la droite bastiaise semble loin d'être terminé.
Un autre candidat se revendique de droite, mais, selon lui, "la vraie droite".
C'est Filippo de Carlo, ancien gilet jaune et nouveau venu dans l'arène politique.
A la tête d'une liste où se croisent des gilets jaunes et des militants d'extrême droite, il entend "donner la parole au peuple".
Les nationalistes, combien de divisions ?
Pour les nationalistes, Bastia est un symbole.C'est la ville qui a marqué l'accession au pouvoir du courant politique, et qui a pavé la voie vers les victoires aux législatives, et les territoriales.
La perdre serait un très mauvais signal envoyé aux électeurs, et aux adversaires.
Pour autant, chacun, ou presque, devra jouer sa carte au premier tour.
Et trois listes sont en lice.
La première, celle de Pierre Savelli, et de Femu a Corsica.
C'est le mouvement de Gilles Simeoni qui est à l'origine de cette absence d'union de la majorité territoriale.
En juin dernier, il clamait que l'union Pè a Corsica ne signifiait en rien qu'elle devait être reconduite à toutes les échéances.
Et Femu a Corsica s'est employé à mettre la profession de foi de son leader en pratique.
A Bastia et ailleurs.
Alors les alliés à la collectivité, Corsica Libera et le PNC, ont été contraints de mener leur propre liste, avec Eric Simoni à sa tête.
Malgré d'innombrables appels du pied à la municipalité sortante...
De leur côté, c'est moins étonnant, Core in Fronte continue de faire cavalier seul.
Paul-Felix Benedetti et les siens, pour leur part, n'ont pas de bilan à défendre.
Et le mouvement indépendantiste, qui a le vent en poupe depuis quelques mois, compte bien capitaliser sur la déception de certains nationalistes, et récupérer leurs voix.
Demain soir, à 21h05, les 8 candidats ont rendez-vous sur le plateau de France3 Corse Viastella pour débattre, à un peu plus d'une semaine du premier tour.
Le premier tour se déroulera le 15 mars prochain.