Dans les domaines de Corse, c’est l’heure du premier bilan des vendanges. Il est bon, les 357.000 hectolitres de l’an dernier sont dépassés. La récompense d'un long travail des viticulteurs, qui ont su replanter les vieux cépages insulaires, et qui sur certains terroirs ont privilégié le vin bio.
Pour certains, la chaleur mettrait à rude épreuve les vignobles de Corse. Il n’en est rien. L’île a produit cette année 400.000 hectolitres de vin, soit 10 % de plus que l’année dernière.
Le vice-président de la coopérative des vignerons d’Aghione sur la plaine orientale se garde néanmoins de tout triomphalisme. « La production est supérieure aux années précédentes, c’est une bonne récolte, mais de là à parler de record, c’est vraiment exagéré. Dans la vigne, il y a des périodes d’alternance. Cette année, on a une bonne récolte qui comble largement des récoltes qui ont été moins importantes les années précédentes. Les viticulteurs ont insisté sur les cépages insulaires, identitaires et rares, qui étaient plus ou moins laissés pour compte ces dernières années et qui, là, ont été remis au goût du jour », explique Jean-François Fazi.
« Nous avons refusé l’irrigation »
Mais la qualité sera-t-elle au rendez-vous pour ce millésime 2023 ? Oui, affirme le président de la coopérative des vignerons d’Aghione. « On fait essentiellement des vins rosés. Pour le rosé, il n’y avait plus de stock au mois de septembre. Donc cette bonne récolte pourrait nous permettre de remettre nos stocks à niveau et en même temps pour les vins blancs et rouges, on va pouvoir prendre plus de temps dont on va vraiment vers un millésime de qualité. »
Dans la région de Patrimonio, la charte de l’AOP exclut le glyphosate, les fongicides systémiques, et même l’arrosage des vignes. Un pari payant, même les années chaudes comme celle-ci. « Sur le terrain du grand Patrimonio nous avons constaté, par rapport à l’an dernier, une forte augmentation des rendements qui est en partie due à la pluviométrie que nous avons reçue au printemps. Nous sommes la dernière AOC de Corse à avoir refusé l’irrigation dans notre appellation. Je pense qu’on a fait le bon choix, malgré ces fortes années de sécheresse, nous avons des productions beaucoup plus que raisonnables, voire de très belles productions, selon les années », défend Jean-Baptiste Arena, viticulteur à Patrimonio.
Forts de ce bon millésime, les viticulteurs corses devraient repartir à l’assaut des marchés extérieurs notamment les États-Unis et la Chine. Quant à Jean-Baptiste Arena, il milite avec d’autres pour que de jeunes viticulteurs repartent conquérir les versants ouest du Cap-Corse.