Procès du double assassinat de Bastia-Poretta : "on veut me faire passer pour le commanditaire", déplore Jacques Mariani

Les interrogatoires des accusés se poursuivent au procès du double assassinat de Bastia-Poretta qui est entré dans sa septième semaine d'audience. Mardi 18 juin, trois personnes renvoyées pour "association de malfaiteurs", parmi lesquelles Jacques Mariani, ont été auditionnées par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône.

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Trois accusés interrogés à la barre dans la même journée. L’image était devenue rare au procès du double assassinat de Bastia-Poretta où huit des quinze personnes jugées refusent toujours de comparaître depuis trois semaines.

Mardi 18 juin, au Palais Monclar d’Aix-en-Provence, les débats se sont terminés un peu avant la tombée de la nuit.

En fin de journée, Jacques Mariani a été interrogé par la cour sur les faits. Renvoyé pour "récidive de participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime", l’homme de 58 ans - dont 38 passés en prison - est désormais le seul des accusés détenus à se présenter à l’audience.

"J’ai essayé de faire revenir les frères Guazzelli dans le box, je n’ai pas réussi, regrette-t-il. J’ai toujours pris mes responsabilités, je ne parlerai pas de Richard et de Christophe (Guazzelli), ce n’est pas mon rôle ici. Sur certaines questions, je ne pourrai malheureusement pas répondre car ils ne sont pas là."

Selon l'accusation, Jacques Mariani, qui possédait un téléphone crypté PGP, aurait endossé un "rôle de conseiller" dans le projet criminel du double assassinat de Tony Quilichini et Jean-Luc Codaccioni.

"On veut me faire passer pour le commanditaire, je n’ai jamais instrumentalisé personne", clame celui qui est présenté par les services d’enquête comme "un héritier" de la bande criminelle de la "Brise de mer". Ce qu’il a de nouveau balayé d'un revers de main ce mardi à l'audience.

D'après les investigations, le double homicide de Poretta aurait pour mobile la vengeance des proches de Francis Guazzelli. Assassiné en novembre 2009, il était présenté par les autorités policières comme un membre de la "Brise de mer", comme Francis Mariani, père de Jacques, tué dans l'explosion d'un hangar en janvier 2009.

La vengeance des fils comme mobile, Jacques Mariani la réfute également. Il explique avoir la preuve que le décès de son père était un accident. Il affirme détenir "un papier" qui le prouve. "Si vous me titillez, je le sors", lance-t-il aux deux avocats généraux dans un sourire.

Téléphones PGP

À l’époque du double assassinat de Poretta, Jacques Mariani n’était pas en Corse. Sous contrôle judiciaire et porteur d’un bracelet électronique, il travaille alors comme veilleur de nuit dans un hôtel de La Baule. C’est là, dans la station balnéaire de la Loire-Atlantique qu’il avait notamment rencontré l’ex-repenti qui l’avait mis en cause dans ce dossier.

"Je me retrouve aux assises à cause de ce PGP de merde, lâche-t-il, en regardant la salle derrière ses éternelles lunettes de vue. Je ne suis responsable de rien, je suis là que parce qu’il y a un PGP, c'est tout, comme tous les autres là devant moi", ajoute-t-il en désignant les cinq accusés qui comparaissent libres.

Le président de la cour d’assises, Jean-Yves Martorano, projette sur les écrans de la salle les échanges de messages écrits entre "Katana 44" et "Mat'", soit les pseudonymes identifiés par les enquêteurs comme étant ceux rattachés aux téléphones cryptés PGP de Christophe Guazzelli et Jacques Mariani. Concernant certains textos, il fait remarquer que Jacques Mariani "se réjouissait" après le double assassinat de l'aéroport.

"Je n’ai pas de souci avec ce que j’ai pu dire ou écrire, le plus important c’est de savoir si j’ai participé à quelque chose ou pas", répond l'accusé.

L’avocat général le relancera sur ces mêmes messages écrits. Réponse : "Je dis que ce sont des discussions et qu’il n’y a aucun acte matériel. Point barre. Une parole, ce n’est pas un acte matériel."

Au sujet de la fourniture d'équipements notamment militaires, qui lui est également reprochée, il affirme "n'avoir jamais donné ni d’armes ni de masques".

"Réveillez-vous !"

Derrière l'analyse des messages sur les PGP, se pose donc la question, pour la cour, de savoir si l’association de malfaiteurs le concernant est caractérisée.

Dans la salle, les trois défenseurs de Jacques Mariani écoutent le long échange entre leur client et les magistrats. Les questions sont nombreuses, les réponses souvent longues. "Vous me reprochez quoi ? Une non-dénonciation de crime ?", demande-t-il, sourire en coin, à la juge assesseure.

Au détour d’une phrase, il ne se souvient plus d’un nom. Il se tourne alors vers ses avocats pour qu'il lui souffle. "Réveillez-vous !", tonne-t-il, devant leur absence de réaction immédiate.

Visiblement agacé, le quinquagénaire ne souhaitera pas ensuite répondre à la toute première question de l’un de ses défenseurs. "Yassine (Maharsi), j’ai beaucoup de respect pour toi mais on va s’en aller, tout le monde est fatigué, ça ne sert à rien."

Ses avocats essaient alors de le faire changer d'avis, en vain. L'audition de Jacques Mariani s’arrêtera là, sans le contre-interrogatoire de la défense. "C'est avec l'accord de vos conseils que nous pouvons suspendre l'audience jusqu'à demain (mercredi)", conclut le président Martorano.

Les compagnes à la barre

Plus tôt dans la journée, Chloé Castellana et Gaëlle Sker ont été appelées à la barre.

Compagnes des frères Guazzelli au moment des faits, les deux trentenaires renvoyées pour "association de malfaiteurs" comparaissent libres. Elles sont notamment suspectées d’avoir fourni des lieux de repli à certains des principaux accusés : une maison à Tollare et à Porto-Vecchio pour Chloé Castellana (désormais séparée de Christophe Guazzelli) et un appartement à Bastia concernant Gaëlle Sker, en couple depuis 14 ans avec Richard Guazzelli.

Face à la cour, les deux femmes ont elles aussi regretté l’absence des deux frères dans le box.

Parfois en larmes, elles ont insisté sur deux points : elles n’ont jamais entendu leurs compagnons parler de vengeance et elles n’étaient pas au courant de la préparation du projet criminel ayant conduit au double assassinat du 5 décembre 2017 à l’aéroport de Bastia-Poretta.

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