C’est le scénario du film « Il faut sauver le soldat Ryan » version 14-18. 5 frères du Territoire-de-Belfort sont morts au front en moins d’une année. Le sixième a eu la vie sauve grâce à la mobilisation de l’instituteur de son village. Il fallait sauver le soldat Jardot !
Nés à Evette, Aimé, Jules, Léon, Aristide, Eugène et Joseph sont tous paysans dans la ferme familiale ou alentour. Le 31 juillet 1914, ils sont appelés dans les casernes de Belfort en plein effervescence. Le père, perclus de rhumatismes, la mère, deux sœurs, deux épouses enceintes et un petit enfant restent au pays. Ils cultiveront le blé et le seigle, malgré le manque de bras et les réquisitions des bêtes par l’armée.
C’est le scénario du film « Il faut sauver le soldat Ryan » version 14-18. 5 frères du Territoire-de-Belfort sont morts au front en moins d’une année. Le sixième a eu la vie sauve grâce à la mobilisation de l’instituteur de son village. Il fallait sauver le soldat Jardot !
Images : Archives Départementales du Territoire de Belfort // Collection J-C Tamborini // Association "Il était autrefois" de Evette et Salbert
Commencent la campagne d’Alsace, les premiers combats. Léon meurt à Apremont dans la Meuse dès septembre. Son corps n’est pas retrouvé. Eugène le suit de quelques jours dans la même zone. Joseph est tué par un obus en janvier 1915, Aristide brûle dans l’incendie de son cantonnement en février et Jules disparaît en juin dans la Somme. Les cinq frères sont tués en moins d’une année ! Leur mère s’évanouit à chaque annonce faite par le maire. Le père encaisse en silence. L’instituteur, Joseph Mullet, n’y tient plus. Il écrit plusieurs lettres au ministre de la guerre qu’il supplie d’épargner l’aîné, le dernier survivant de la fratrie.
Aimé Jardot, devenu Caporal, est ramené à l’arrière quelques jours avant l’attaque de Champagne à l’été 1915. Le 17 juillet, son grade de caporal au 152ème régiment d’infanterie de Belfort est cassé pour « faiblesse dégradante dans son commandement ». Qu’est-il arrivé à ce père de deux enfants ? S’est-il ému du sort de ses frères morts au combat ? S’est-il mal comporté ? Toujours est-il qu’en 1916, il est détaché dans une usine à Issy puis à Belfort comme ouvrier d’armement sous statut militaire. Il est ensuite affecté au 35ème RI au fort du Salbert à quelques centaines de mètres de son village, Evette. Il retrouve sa femme et ses enfants. Lui seul survivra au conflit.
En 1921, le père de la fratrie, Jules, est décoré de la croix de chevalier de la légion d’honneur… comme une reconnaissance du sacrifice des Jardot, l’un des plus lourds tributs jamais payés par une famille française.
Très peu de familles ont connu un sort semblable. On compte la famille Ruellan, près de Saint-Malo avec six tués et un gazé. Les De l'Estang du Rusquec de Treflevenez dans le Finistère ont perdu cinq fils. Les Falcon de Longevialle aux Côtes-d'Arey en Isère en ont perdu cinq également. Dix autres fratries ont perdu quatre membres, dont les fils de Paul Doumer qui fut président de la République.
Sources et remerciements « Il était autrefois…Evette Salbert »
On en parle aussi dans la presse régionale http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/11/11/il-faut-sauver-le-soldat-jardot
Et nationale http://www.lexpress.fr/actualite/societe/1914-1918-les-jardot-une-fratrie-decimee-au-combat_1563160.html