En cette fin octobre 2022, les apiculteurs alsaciens, adhérents au label d'Indication géographique protégée, font le point sur les dix dernières années de production de miel. Leur bilan est mitigé.
Dans une miellerie de Truchtersheim, dans le Bas-Rhin, c'était l'heure du bilan, ce vendredi 21 octobre 2022. Pas de quoi se réjouir. "C'est un bilan en demi-teinte" explique Alexis Ballis, animateur à l'association Miel d'Alsace (composée d'apiculteurs professionnels) et technicien apicole dans l'association ADA Grand Est, association de développement de l'apiculture (pour professionnels, semi-professionnels et apiculteurs amateurs avertis.)
Les changements climatique, qui impactent négativement de nombreux secteurs, frappent aussi la production de miel. Depuis 2012, les années apportent chacune leur lot de bonnes et mauvaises surprises. Parfois le printemps s'annonce favorablement, avec une belle floraison des arbres et des fleurs, comme ce fut le cas début 2022, puis arrivent les chaleurs de l'été et le manque d'eau. Les abeilles ne trouvent plus le pollen et le nectar dont elles ont besoin pour faire du miel.
Certaines années sont trop pluvieuses ou froides au printemps, ou alors c'est un coup de gel tardif qui détruit les fleurs et anéantit tout espoir de récolte satisfaisante. "Les dernières années ont des étés de plus en plus chauds, mais surtout trop chauds" souligne le conseillé spécialisé en apiculture. "Il y a avait des fleurs, mais elles ne secrétaient pas de nectar."
En Alsace, la récolte s'est révélée particulièrement mauvaise cette année, tandis qu'en Lorraine elle était bonne et plutôt bonne aussi en Champagne-Ardenne. La différence vient de ce que nos voisin du Grand Est cultivent davantage de colza, de luzerne et de tournesol. En Alsace, les abeilles butinent les fleurs des prairies, des forêts et d'arbres comme les acacias, châtaigniers ou tilleuls. Il n'y a pas de grandes cultures qui leur sont propices.
Avec seulement 10 kilos de miel par ruche, on parle de mauvaise année
L'Alsace compte 2700 apiculteurs, dont une quarantaine de professionnels. Ils possèdent entre 200 et 2000 ruches, avec lesquelles ils peuvent produire entre 5 tonnes et 30 tonnes environ, par an. C'est pour eux que la baisse de production a des conséquences économiques difficiles. 70 sont pluriactifs avec 50 à 200 ruches, tous les autres ont des amateurs qui ont des ruches pour leur plaisir.
"Pour faire une bonne année, un professionnel doit récolter plusieurs dizaines de kilos par ruche"
Alexis Ballis, Conseiller spécialisé Apiculture
"Pour faire une bonne année, un professionnel doit récolter plusieurs dizaines de kilos par ruche" indique Alexis Ballis, "quand on est à 10 kilos, ça devient mauvais comme cette année." Pas facile à comprendre pour le grand public. "Les gens nous disent qu'il a fait beau, qu'il y a eu du soleil cet été et qu'ils ont vu des abeilles, mais cela ne suffit pas."
Pour produire le miel, les abeilles ont besoin de nectar mais aussi du pollen, qui leur sert de nourriture et de source de protéines. Si les abeilles ne trouvent pas de quoi se nourrir, elles meurent et les populations des ruchers diminuent, sans parler des maladies comme le varois, auxquelles les butineuses sont confrontées.
Encore "du bon miel d'Alsace" à proposer
Les producteurs de l'Association miel d'Alsace estampillent leurs pots d'un logo IGP. Une indication géographique protégée pour garantir la qualité du miel vendu. Le logo bleu Miel d'Alsace certifie un contrôle régulier du producteur par un organisme indépendant, un contenu dont l'origine et la composition sont certifiés par une analyse des pollens et des composants (sucres, pH, acidités, matières insolubles) et une "conformité gustative" validée par une dégustation systématique d’experts.
"Même si le bilan 2022 est en demi-teinte, on a encore du bon miel d'Alsace à proposer lors de nos journées de fête de l'apiculture de cet automne." La fête des miels d'Alsace 2022 se déroulera à Colmar, place Jeanne d'Arc, les 28 et 29 octobre et à Strasbourg, place Gutenberg, les 12 et 13 novembre, de 10 à 18 heures.