"C'est un système à bout de souffle", les médecins hospitaliers en grève demandent une reprise des négociations avec le gouvernement

Le Samu-urgences de France a appelé à la grève des médecins hospitaliers ce 3 juillet 2023 afin d'alerter sur leurs conditions de travail. Le docteur Marc Noizet, président du syndicat et urgentiste à Mulhouse, réclame une revalorisation des salaires et de meilleures conditions d'exercices.

"Le sort de l'été 2023 est déjà gravé", et il n'annonce rien de bon. C'est en tout cas ce qu'affirme Marc Noizet, président du syndicat Samu-urgences de France, qui appelle à la grève de tous les médecins hospitaliers, ce lundi 3 juillet 2023. Le mouvement a pour objectif de réclamer de meilleures conditions de travail, une revalorisation de leurs salaires, mais aussi une reprise des négociations avec le ministère de la Santé sur l'attractivité du métier.

À Mulhouse, le mouvement de grève est suivi, mais n'a que très peu d'impact sur la prise en charge des patients. "La conjonction des astres doit être avec le patient, car on a une activité nettement en dessous de ce qu'on a l'habitude de voir dans nos urgences, sourit Marc Noizet, en somme l'objectif est atteint car tous les patients sont accueillis et pris en charge sans délai. C'est ce que nous voulons tous les jours".

La situation, calme en journée, s'est tendue en début de soirée comme en témoigne cette vidéo prise par Marc Noizet devant les urgences mulhousiennes et où l'ont peut voir une file d'attente d'ambulances.

durée de la vidéo : 00h00mn43s
File d'attente aux urgences de Mulhouse ©Marc Noizet

Le médecin urgentiste alsacien alerte sur le manque d'attractivité de la profession et déplore le silence du gouvernement. "Nous avions entamé un dialogue et une concertation avec le ministère de la Santé qui se sont brutalement interrompus au mois de mai, car nous n'avons pas d'arbitrage du ministre des Finances et de la Première ministre", regrette-t-il.

Une meilleure qualité de vie

Il est difficile, pour les hôpitaux publics, d'attirer les jeunes médecins qui se lancent. "Les attentes des nouveaux arrivants ont changé. C'est sociétal. Certains souhaitent, en premier lieu, avoir une bonne qualité de vie et avoir une famille. On ne s’acharne plus au travail", indique le professionnel de santé.

Les attentes plus fortes de ces nouveaux médecins ne sont pas la seule cause du manque d'attractivité. Depuis 20 ans, Marc Noizet constate que les gouvernements successifs sont passés à côté de la cible. "On a négligé la santé et personne n'a anticipé l'évolution sociétale. Des milliers de médecins, nés durant le baby-boom des années 1950-1960, partent à la retraite. Nous manquons de bras".

Dans le privé, on gagne beaucoup plus. Résultat, le choix est vite fait

Marc Noizet, président du syndicat Samu-urgences de France

Ces bras, ils ne les attirent plus. "Un débutant gagne en moyenne 4 000 euros, avec des nuits, des week-ends et des jours fériés travaillés toute l'année. Dans le privé, on gagne beaucoup plus et les médecins peuvent choisir d'avoir des repos ces jours-là. Résultat, le choix est vite fait", ajoute le médecin.

Un hôpital public en perdition

Avec la baisse des médecins en exercice et les difficultés à attirer de nouveaux talents, les gouvernements ont tenté, depuis 30 ans, de mener des réformes de l'hôpital public. "Cela n'a manifestement pas porté ses fruits. Depuis la mise en place de la tarification à l'activité en 2005, on est dans une logique de rentabilité de la santé. Ce n'est pas notre priorité", évoque Marc Noizet. 

Selon lui, plusieurs lits d'hospitalisation ont été fermés avec l'intention de "diminuer les coûts". "Cela a été trop loin. On est sous l'eau désormais, assure-t-il. C'est un système qui est à bout de souffle. Les urgences ne sont que le réceptacle de ce que de nombreux professionnels ne peuvent plus faire. Il faut près de six mois pour avoir un rendez-vous chez le cardiologue. Une personne qui a des palpitations ne va pas attendre tout ce temps".

À l'été 2022, une mission flash avait été mise en œuvre par le gouvernement pour faire face à la crise hospitalière. "Pour cette année, aucune mesure n'a été prise. Les services vont être torrides, les patients vont en subir les conséquences", alerte le praticien.

Suite à cette grève, les médecins hospitaliers espèrent pouvoir renouer le dialogue avec le gouvernement et appellent les autorités à ne pas attendre une crise de l'hôpital pour prendre des mesures et redonner une perspective aux professionnels de santé. 

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