Dans le nord du Bas-Rhin, un artisan s'est fait voler 18 stères de bois de chauffage en deux nuits, en pleine forêt, au cours du week-end du 8/9 octobre 2022. Dans le contexte de crise énergétique et de pression sur le bois, le risque de voir ce type de méfaits se répéter est à craindre. Mais les voleurs encourent jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.
Raphaël Fischer n'en revient pas. Dimanche 9 octobre au matin, il a découvert qu'il s'était fait voler 10 stères de bois dans la nuit, en pleine forêt de Steinseltz. Ce lundi matin, rebelote, 8 stères supplémentaires ont disparu.
"J'ai une quarantaine de stères entreposées, que j'ai acquis aux enchères pour mon chauffage personnel et celui de mon atelier, explique ce menuisier de métier. Quelqu'un a repéré le secteur et risque bien de vider mon stock... J'ai déjà perdu 2.500 euros, et il me reste encore 20 stères sur place!"
L'artisan a porté plainte auprès de la gendarmerie de Wissembourg. Et a décidé d'installer des caméras infrarouges pour tenter de prendre les malfrats sur le fait. "Il n'y a que le flagrant délit qui peut faire avancer cette affaire, car ni les gendarmes, ni l'ONF ne peuvent patrouiller en permanence dans les forêts", soupire la victime.
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"Nous assurons des patrouilles de surveillance partout, sur tous terrains. C'est le propre de la gendarmerie. Mais c'est sûr que dans les bois, ce n'est pas facile... confirme le capitaine Würtz, à la tête de la gendarmerie de Wissembourg. Mettre en place des caméras peut aider bien sûr... Nous, nous n'avons évidemment pas les moyens d'en installer partout."
Vigilance de chacun donc dans les forêts, où sont entreposés de nombreux lots, en attente d'être débités en bois de chauffage. "Lorsque quelqu'un achète des lots de bois, il en devient le seul responsable, explique-t-on à l'office national des forêts, qui gère le domaine public, et notamment la vente de bois.
La seule solution, lorsque l'on est victime de vol, est de porter plainte. Mais il est vrai que concernant le bois de chauffage, il est quasiment impossible de remettre la main sur un lot... Le bois de chauffage est ce qu'il reste toute à la fin de l'exploitation des fonds de coupe, il n'a rien de reconnaissable."
Sans aller jusqu'à parler d'un fléau, le risque de voir ces faits se multiplier existe face à l'augmentation du prix de l'énergie et les inquiétudes liées au risque de manque de bois de chauffage. La gendarmerie de Wissembourg a enquêté le mois dernier sur la disparition d'une douzaine de stères dans le secteur de Woerth. "Là, nous avons pu interpeler l'auteur d'un vol d'une stère et demi, car il y avait des témoins... Il sera entendu", précise le capitaine.
45.000 euros d'amende et 3 ans d'emprisonnement
En France, le bois issu des forêts du domaine public - 75% de la surface forestière en Alsace - est vendu par lots, lors de ventes populaires, aux enchères. Les communes peuvent également allouer des lots. Il faut ensuite les débiter, ce sont donc principalement des professionnels qui les acquièrent, avant de les vendre, en bûches, aux particuliers.
"Nous n'avons pas de remontées de nos adhérents sur des cas de vols pour le moment, relate Claire Juncker, de la Fibois Alsace, la structure réunissant les professionnels du secteur. Nous avons eu cette année un cas vol de grumes en forêt, nous avons donc lancé un appel à la vigilance à nos partenaires cet. Pour le moment, aucun retour, et c'est tant mieux. Mais nous sommes dans une période où tout ce qui vaut cher attire... Ça ne serait pas surprenant que des vols arrivent..."
Des traceurs GPS dans le bois?
Parmi les pistes avancées pour prévenir ce type de délits, l'installation de traceurs GPS directement dans bois, pour retrouver éventuellement les lots volés. "Cela se fait dans d'autres pays, explique Claire Juncker. Je n'ai encore jamais entendu qu'un professionnel l'ait fait en France... Et cela resterait compliqué à mettre en oeuvre, surtout sur du bois destiné au chauffage : on ne va pas installer une puce sur chaque bûche!"
Organiser un vol de bois, en quantité, n'est donc pas si simple. Et il s'agit d'un délit passible de 45.000 euros d'amende et 3 ans d'emprisonnement. A rappeler que le ramassage de bois mort, à terre, est lui aussi interdit.
