"De qui se moque-t-on ?": l’augmentation des trains de fret sur la ligne Strasbourg-Lauterbourg suscite la colère des usagers

Du 9 au 30 août 2024, une quarantaine de trains de fret supplémentaire devrait circuler sur la ligne ferroviaire Strasbourg-Lauterbourg. Une augmentation temporaire contre laquelle les usagers du rail s’insurgent, tout comme certains élus locaux. Explications.

Elle fait partie des points noirs du réseau ferroviaire en Alsace. La ligne Strasbourg-Lauterbourg, régulièrement décriée pour ses retards et annulations ainsi que pour son manque de cadencement va accueillir le passage d'une quarantaine de trains de fret supplémentaires quotidien dès le 9 août 2024 et jusqu'au 30 août.

Une augmentation de circulation temporaire, décidée par SNCF Réseau en accord avec DB InfraGo, son homologue allemand, qui réalise actuellement des travaux d’élargissement de l’axe Karlsruhe-Bâle."Ces travaux vont entraîner une interruption des circulations ferroviaires sur le réseau allemand. 50% des trains de marchandises seront supprimés, 25% emprunteront un itinéraire via Stuttgart et 25% l'itinéraire Worth/Lauterbourg/STrasbourg/Kehl/Offenbourg, précise la SNCF dans un communiqué en date du 7 août. Les circulations TER ne seront pas modifiées et - pour rappel - cela n'engage pas la ligne Strasbourg/Lauterbourg à devenir un axe de circulation pour le fret ferroviaire international au-delà de cette période."

Dès l’annonce de ce report de trafic, plusieurs associations d’usagers dont la FNAUT Grand Est, Astus ou encore Transpamina, sont montées au créneau. "De qui se moque-t-on ?", peut-on lire sur un communiqué commun daté du 30 mai 2024.

Une ligne en mauvais état

"C'est quand même un comble que, d'une part, il soit argumenté qu’il est inconcevable de faire circuler des trains de voyageurs supplémentaires sur cet axe et que, d'autre part, cette infrastructure puisse supporter, sans délai, un nombre important de trains de fret supplémentaires", s’insurgent les signataires.

Dans leur viseur, la vétusté de la ligne, centenaire par endroits, qui doit justement faire l’objet de rénovations dans les prochaines années à travers un investissement massif de la part de la région Grand Est. Un état jugé "mauvais" qui a d’ailleurs empêché le tronçon de rentrer dans les objectifs du REME, réseau express métropolitain européen mis en service en décembre 2022.

"Ça fait deux ans qu’on nous dit qu’on ne peut pas mettre plus de trains de voyageurs alors qu’on demandait 5 dessertes en plus et là, on nous dit qu’il va y avoir plus de trains de fret sur cette même ligne. Durant l’année, les trains sont bondés, certains voyageurs ne peuvent pas voyager, et là on fait circuler des engins lourds qui risquent de porter atteinte à la voie, de la dégrader encore plus", constate François Giordani, président de l’Association des usagers des Transports Urbains de l'agglomération Strasbourgeoise. Et d’ajouter, "si ça se passe bien, si les marchandises passent, il n’y aura plus d’excuse pour ne pas rajouter des trains de voyageurs."

"Si les marchandises passent, il n’y aura plus d’excuse pour ne pas rajouter des trains de voyageurs"

François Giordani, président de l'association Astus

Dans le détail, 18 trains supplémentaires circuleront jour et nuit dans le sens Nord-Sud et 19 dans le sens Sud-Nord. Une cadence qui rajoute encore un peu plus de friture sur une ligne également pointée du doigt par les élus locaux. Une majorité des maires des communes desservies, déjà soucieux de la faiblesse du service, auraient exprimé leurs inquiétudes quant à l’arrivée de ce fret "dont on ne sait rien" souffle Michèle Kannengieser, maire de La Wantzenau. "Ces trains vont traverser un tissu dense, avec pas mal d'habitations. Et quand on ne connaît pas la nature des produits transportés, ça inquiète", développe-t-elle.

En juillet dernier, l’édile est allée jusqu’à déposer une requête devant le tribunal judiciaire en charge des référés à l’encontre de SNCF Réseau pour "faire obstacle au passage des trains de la D-Bahn visant à délester les voies d’outre Rhin." Déboutée, cette dernière continue de s’interroger. "Quelles seront les mesures de compensation concernant la vétusté qui risque de s’accroître ? Comment l’impact va-t-il être contrôlé ?"

Perte de confiance

Pour l’heure, aucune réponse concrète ne lui aurait été formulée par la société ferroviaire, également sollicitée par nos soins. Même son de cloche réprobateur du côté du maire de Roeschwoog, Michel Lorentz. "Les trains de fret de 630 m de long vont créer encore plus de bouchons, explique-t-il. Nous avons été écœurés d’apprendre la nouvelle de ce passage de 40 trains en plus sur notre ligne dont 16 trains, deux fois par heure, durant la nuit car jusqu’à présent la SNCF expliquait que la ligne ne pouvait accueillir plus de trains vu son état. Seules deux lignes n’ont pas eu de trains supplémentaires avec le REMe: bizarrement les lignes transfrontalieres vers Lauterbourg et Offenbourg. Ce mensonge de la SNCF qui double maintenant le nombre de passage de trains (il y a 34 trains de voyageurs par jours de semaine) ne nous permet plus d’avoir confiance dans cette entreprise …"

La SNCF quant à elle précise, sans plus de détails, que "le 19 janvier, SNCF Réseau avait invité les maires des communes concernés à participer à une réunion à Drusenheim pour les informer de cette situation exceptionnelle et limitée dans le temps."

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