Le grand hamster d’Alsace fait partie des espèces menacées d’extinction. Chaque année, un comptage des terriers est réalisé durant les mois d’avril et mai. En 2022, ils sont en augmentation, mais encore insuffisants pour assurer la survie de l’espèce.
Au printemps 2022, comme chaque année, sauf pendant la crise sanitaire du covid, l'Office français de la biodiversité, a fait effectuer le comptage des terriers présents en Alsace, de hamsters communs, appelés aussi grand hamster d'Alsace. Sur le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, les zones de sa présence s'étendent sur près de 2800 hectares, répartis sur 39 communes des deux départements.
Les résultats 2022 contrastent avec ceux de l'année précédente, où ils avaient été en baisse avec 488 terriers recensés. Cette année 960 terriers ont été recensés. Une bonne nouvelle a priori pour cette espèce présente sur la liste rouge des espèces menacées, mais « Le résultat des comptages des terriers en sortie d’hibernation des animaux ne correspond pas directement au nombre de hamsters, mais constitue un indice de l’abondance de l’espèce.» précise la préfecture dans son communiqué rendant compte de ce recensement.
L'Alsace est la seule région en France où l'on trouve le grand hamster, d'où l'effort soutenu des associations de défense de la nature locales et de l'OFB. Elles entendent l'augmentation du nombre de terriers, mais posent la question de la stratégie globale. Maurice Wintz, qui a suivi le dossier des espèces menacées pendant des décennies, et donc celui du grand hamster :"Est-ce qu'on fait en sorte que les hamsters soient en mesure de se reproduire naturellement ou est-ce qu'on se limite aux lâchers ?"
Une bonne partie de la population est liée aux lâchers
Actuellement quelques individus se reproduisent, mais une bonne partie de la population est liée aux lâchers de hamsters. "Leur survie dépend du biotope" explique Maurice Wintz, "on sait que plus les parcelles sont petites, avec des cultures variées, mieux ils arrivent à se reproduire. Mais quand les parcelles agricoles sont grandes et couvertes de monocultures, ils n'arrivent pas à se maintenir tous seuls. Et quand le système agricole et les politiques d'urbanisme défavorables se conjuguent, en grignotant des terres qui constituent l'habitat des hamsters, les populations sont en régression.
"Ces populations sont en régression incroyables par rapport aux années soixante", constate Maurice Wintz, administrateur d'Alsace nature, en charge du dossier des espèces menacées pendant des décennies. Il avait participé aux négociations avec l'Etat lors des premiers plans d'action, dans le cadre du plan national hamster.
Depuis qu'il est protégé par une directive européenne, la directive Habitats-Faune-Flore de 1992, l'Etat français est responsable devant l'Union européenne de la préservation de cette espèce.
On attend de voir comment cette espèce va évoluer
"Cette espèce vit naturellement dans les steppes, mais chez nous elle est inféodée à l'activité humaine et agricole en particulier. Si on veut préserver l'espèce, il faut planter de la luzerne, du blé, de l'orge, des oignons, de la betterave (les agriculteurs sont soutenus financièrement pour cela) dans des zones où les terres sont en loess, soit idéales pour creuser des terriers."
En Alsace, les naturalistes regrettent que l'Etat n'ouvre pas la protection du grand hamster à tout le territoire. A leur avis, il faudrait qu'il soit toléré au-delà des communes actuelles.
Atteindre les 1500 individus permettrait à la France de répondre à l'objectif imposé par l'Europe. 1500 étant le nombre estimé nécessaire à la survie de l'espèce. "Mais" précise le directeur d'Alsace Nature, Stéphane Giraud, "il faudrait que les 1500 individus vivent dans une même zone, en interaction entre eux, et non pas séparés comme actuellement en trois sous-populations, qui ne sont pas connectées entre elles. Cela montre toute l'ampleur du travail qui reste à mener."
Les naturalistes voudraient que l'existence du grand hamster ne soit pas limitée à des "réserves à ciel ouvert", mais qu'ils puissent vivre sur tout leur territoire historique et s'approcher au maximum de leur fonctionnement naturel. Il faudrait en fait que l'on revienne à la préservation ou réinstallation d'une vraie biodiversité, ce qui serait aussi favorable à de nombreuses autres espèces, en plus du grand hamster d'Alsace.