L’Alsace et particulièrement Strasbourg ont largement contribué à l'histoire de l'illustration jeunesse, à partir du XIXe siècle. Une création foisonnante, racontée dans l'exposition "Enfantillages".
Il y a eu récemment Tomi Ungerer ou encore Claude Lapointe, mais bien avant eux, des illustrateurs, éditeurs et imprimeurs alsaciens avaient déjà mis en image des histoires pour les jeunes lecteurs. Il faut même remonter 200 ans en arrière, au début du XIXe siècle, pour retourner aux prémices de l'illustration jeunesse dans la région.
Dès les années 1820, les albums édités pour ce public donnent progressivement la primauté à l’image par rapport au texte, ouvrant la voie à un âge d’or des albums jeunesse. Et l'Alsace est une véritable plaque tournante en la matière : les plus grands illustrateurs sont des artistes nés dans la région, installés dans la capitale et qui travaillent avec des éditeurs parisiens. Charles-Émile Matthis, Théophile Schuler ou encore le célèbre Gustave Doré.
Une riche contribution présentée dans l'exposition "Enfantillages" au Palais Rohan à Strasbourg, du 8 novembre au 17 février. Les deux commissaires, Christine Esch, responsable de la Bibliothèque alsatique du Crédit Mutuel, et Florian Siffer, responsable du cabinet des Estampes et des Dessins des Musées de Strasbourg, ont déniché 180 ouvrages, affiches, manuscrits et dessins.
Apprendre et s'amuser grâce à l'image
On y découvre qu'au fil du XIXe siècle, l’image revêt un rôle pédagogique. Via différents types d'ouvrages, les sciences naturelles ou la vie quotidienne sont abordées.
"On trouve ici principalement des abécédaires et des syllabaires, indique Christine Esch. Nous en présentons un très spécial, peint en 1868 par Théophile Schuler, un de nos plus grands illustrateurs alsaciens. C'est un abécédaire d'un nouveau genre. En observant l'image, les enfants doivent deviner quelle lettre y est représentée". Des ouvrages moralisateurs sont également publiés par des éditeurs alsaciens.
Apprendre, oui, tout en se distrayant. La démocratisation de l’image permet à la jeunesse d’accéder à de nouveaux loisirs édités, publiés par des imagiers inventifs comme l’imagerie de Wissembourg. La publicité et ses produits dérivés attisent le désir de consommer en offrant des images à voir et à collectionner.
Contes, légendes et propagande
En Alsace, certains éditeurs suivent le mouvement parisien et font du conte une priorité éditoriale. Ils adaptent par exemple les gros succès des frères Grimm ou mettent en image des légendes locales, entre fantaisie et histoire : la Géante du Nideck côtoie ainsi sainte Odile.
Lors des nombreux conflits de la fin du XIXe puis du XXe siècle, l’image destinée à la jeunesse est également utilisée à des fins de propagande.
Une exposition avec un point de vue unique et nouveau qui s’inscrit dans la programmation de "Strasbourg, Capitale mondiale du livre – Unesco 2024". Elle est ouverte tous les jours.