Le conseil de l'ordre des médecins du Grand Est a décidé ce vendredi 25 novembre de suspendre Martine Wonner de son activité de médecin pendant un an pour ses propos controversés pendant la pandémie de covid-19. La psychiatre a annoncé son intention d'interjeter appel.
La chambre disciplinaire de l'ordre des médecins du Grand Est a rendu vendredi 25 novembre sa décision : elle suspend l'activité de médecin de Martine Wonner pendant un an. La psychiatre alsacienne a déjà annoncé qu'elle interjettera appel de la décision.
L'audience avait eu lieu le 4 novembre 2002 à Nancy, suite au dépôt de deux plaintes en 2021 concernant ses propos controversés concernant le port du masque et les vaccins, pendant la pandémie de covid-19. L'association de médecins No FakeMed et le conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) ont porté plainte contre la psychiatre.
Dans un communiqué de presse envoyé par son avocat Maître Carlo Alberto Brusa, Martine Wonner explique qu'elle "ignore les motivations de la décision, mais elle informe dès à présent qu'elle conteste cette décision et que, de fait, elle interjettera appel".
Une décision politique totalement scandaleuse.
Martine Wonner, psychiatre et ancienne députée
Jointe par téléphone, Martine Wonner déclare que la décision du conseil de l'ordre est "une décision politique totalement scandaleuse. Ça renforce ce que je pense et vit depuis quelques mois. Il n'y a pas de liberté d'opinion, je pensais que nous étions dans une démocratie."
L'appel est suspensif, donc il suspend la décision du conseil de l'ordre, le temps d'examiner le recours. Mais Martine Wonner n'exerce plus la médecine depuis la loi du 5 août 2021 qui interdit aux professionnels de santé non-vaccinés contre le covid-19 d'exercer leur métier. Elle se consacre maintenant à son parti "Ensemble pour les libertés".
Martine Wonner a été députée de 2017 à 2022. Elle avait défendu s'exprimer en tant que médecin pendant la crise sanitaire, mais en tant que députée uniquement.
Les plaignants lui reprochent la promotion d'informations erronées et la diffusion de protocoles de soins contre le covid "sans fondement scientifiques", notamment l'ivermectine ou l'hydroxychloroquine, sur son compte Twitter où elle se présente comme psychiatre.
Le président du collectif de médecins No FakeMed a également réagi à l’annonce de la décision. Le Dr Pierre de Bremond d’Ars se dit satisfait de cette décision. "Cela montre une chose, quand on monte des dossiers solides et qu’on prend à cœur la défense de nos concitoyens et de nos patients, on obtient gain de cause, c’est ça le plus important".
Il s'agit d'une sanction assez lourde donc ça montre qu’une justice ordinale peut jouer son rôle.
Dr Pierre de Bremond d’Ars, président du collectif No FakeMed
Le collectif souhaiterait que le conseil national de l’ordre des médecins "prenne ses responsabilités et lutte activement contre les fausses informations. Dans le cas de Martine Wonner, c’est notre collectif qui a fait tout le travail de recherche bénévolement pour déconstruire les fake news avancées par la psychiatre. Mais on peut se demander si ce travail a été fait contre le Pr Péronne qui a été relaxé fin octobre".
Le Pr Christian Péronne a été relaxé par le conseil de l'ordre des médecins de l'Ile-de-France le 21 octobre 2022. Il était poursuivi par le conseil national de l'ordre des médecins pour ses positions très critiques envers la politique vaccinale du gouvernement. Le conseil national et le Dr Nathan Peiffer-Smadja qui ont porté plainte contre lui ont annoncé qu'ils allaient interjeter appel de la décision.
Dans le cas de Martine Wonner, "ce n'est ni la relaxe, ni la radiation, mais la suspension pendant un an. Il s'agit d'une sanction assez lourde donc ça montre qu’une justice ordinale [la justice du conseil de l'ordre, ndlr] peut jouer son rôle. On attend que le conseil de l’ordre confirme ce travail."