Les viticulteurs et vignerons alsaciens s'inquiètent du développement de l'oïdium, une maladie provenant d'un champignon, qui s'attaquent aux vignes depuis le mois de juin.
Une poussière blanche sur les feuilles, des raisins qui éclatent, des taches noires sur les branches. Ce sont des signes qui ne trompent pas : l'oïdium frappe à nouveau le vignoble alsacien depuis juin 2023. C'est une maladie cryptogamique ; comme pour le mildiou, c'est un champignon qui s'attaque aux plantes.
L'assaut de l'oïdium est moins intense qu'en 2021, mais il est généralisé. "On l'observe dans presque toutes les vignes, et il atteint tous les cépages, ce qui est particulier cette année", explique Frédéric Schwaerzler, conseiller viticole à la chambre d'agriculture d'Alsace. Le Bas-Rhin est davantage touché que le Haut-Rhin, notamment dans le secteur de Molsheim.
Le champignon responsable, Erysiphe necator, est présent dans le vignoble "depuis un siècle. Il est latent, présent tout le temps sur le bois ou sous l'écorce", précise Frédéric Schwaerzler. Contrairement au mildiou qui se développe sous l'action de la chaleur et de l'humidité, l'oïdium a seulement besoin d'un taux d'humidité dans l'air compris entre 40 et 100%. Sous les feuilles de vigne, parfois denses, un microclimat propice au champignon peut se créer, même en l'absence de pluie, comme cela a été le cas entre mi-mai et mi-juin 2023.
Risque pour les récoltes
"L'oïdium apparait si on ne maintient pas les cadences de traitement au soufre", assure Frédéric Schwaerzler. Et c'est là que le bât blesse. Les conditions météorologiques du début du mois de mai 2023 n'auraient pas permis d'intervenir correctement. "Il y avait beaucoup de vent et plusieurs jours de pluie, et finalement peu de moments adéquats pour traiter".
Certains utilisent d'autres méthodes pour lutter contre l'oïdium. À Dambach-la-Ville (Bas-Rhin), Florian Beck-Hartweg utilise les plantes depuis 15 ans comme traitement des vignes. "On cueille l'achillée, que l'on fait macérer 24h dans de l'eau froide. On l'utilise pour pulvériser nos vignes, et ça stimule les défenses de la plante", explique le vigneron.
Les risques d'un développement massif de l'oïdium sont multiples. Il peut apporter des odeurs de champignon peu intéressantes dans le vin. Et le viticulteur ou le vigneron risque de perdre tout ou partie de sa récolte. Une grappe touchée aujourd'hui est condamnée pour les vendanges. "On arrive encore à contrôler l'évolution de la maladie aujourd'hui", prévient Frédéric Schwaerzler.
D'ici à trois semaines, le raisin va commencer à produire du sucre et mûrir, ce sera alors la fin des attaques d’oïdium.