Séisme en Turquie : le retour du secouriste alsacien Eric Zipper, "on a travaillé dans l'urgence pure"

Spécialiste du secours aux personnes en milieu hostile, l'Alsacien Eric Zipper, président de l'ONG Corps mondial de secours, est de retour de Turquie où un violent tremblement de terre a fait de nombreuses victimes. Il revient sur son expérience après neuf jours d'intervention.

L'Alsacien, Eric Zipper, spéléologue, spécialiste du secours en montagne et dans les décombres, est revenu de Turquie ce jeudi 16 février. Lui et son équipe de l'ONG Corps mondial de secours qu'il préside, ont passé huit jours à tenter de sauver des vies dans la région de Marach (ou Kahrmanmaras). Le sud-est du pays et le nord de la Syrie, ont été frappés le 6 février par deux violentes secousses de magnitudes 7,8 puis 7,5 sur l'échelle de Richter, faisant de nombreuses victimes. Le bilan s'élève à 41.00 morts à ce jour.

Eric Zipper intervient là où se produisent toutes sortes de catastrophes, tremblements de terre, ouragans, tempêtes. Il est intervenu notamment en Haïti, au Népal ou aux Philippines. Pour cette mission en Turquie, il est parti avec une première équipe composée d'un chef de mission, un médecin, un infirmier anesthésiste et technicien, un logisticien et deux maîtres chiens (voir notre article du 06 février). Une seconde équipe de sauveteurs l'a rejoint le 8 février. 

Il revient pour nous sur son intervention où il s'est rendu quelques heures après le séisme.

Comment se sont passés les secours ?

On a vécu trois grosses périodes : la première à Malatya où on est arrivé au lendemain du séisme. On a travaillé dans l'urgence pure pendant deux jours, dans des conditions peu organisées. On a sauvé deux personnes : un jeune de 26 ans et une dame de 86 ans.

En deuxième période, on a été déplacés pour aller sur Marach, un peu plus loin. Ici on a travaillé, sur une plus longue durée, dans un quartier où cinq immeubles s’étaient effondrés (voir le post Facebook ci-dessous). C’était assez compliqué pour les autorités, submergées, de faire face à la désorganisation. On n'a sorti que des gens décédés. On travaillait en collaboration avec des équipes israéliennes qu’on connaissait bien et aussi avec des Allemands, des Suisses, des Autrichiens et des Anglais.

Les destructions massives de bâtiments étaient très impressionnantes. Ce sont des immeubles de 10 à 15 étages qui ressemblent à ce qui peut y avoir chez nous. Ceux qui ne sont pas par terre sont devenus inhabitables, craqués de partout. 

En troisième période, on a été confronté à la destruction des pelleteuses alors qu'on sait qu’il y a encore certainement des poches de survie. C’est une course contre la montre. Pour une équipe de secours ce n’est pas le moment plus agréable à vivre.

Vous avez récupéré ?

Physiquement, c’était difficile. Il fallait affronter le froid mais avec mon équipe on est entraîné pour ça. Pour le moral, l’effet de groupe, l’habitude d’être ensemble, joue favorablement. Cela nous aide à traverser ce genre d'épreuve. On ne se pose pas trop de questions, c’est notre job. C’est plutôt après, quand on est censé retrouver une vie plus normale. Il faut parfois se forcer pour que les choses aillent bien.

Que se passe t-il sur place après votre départ ?

Notre dernière intervention s'est achevée sur la fermeture du dispensaire. On l'avait ouvert pour les gens qui n’avaient plus d’habitation. Ça a bien fonctionné. On a trouvé des médecins pour prendre la relève à qui on peut laisser les caisses de médicaments qu’on avait amenées. Donc on sait que ça ne va pas s’arrêter derrière nous. 

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